LE DAHLIA NOIR, de Brian DePalma (USA-2006) : Le Vice de Brian

Publié le par Dr Devo


(Photo : "Vous Êtes Tous Morts" par Dr Devo d'après une photo du film LE DAHLIA NOIR)



Chers Focaliens,


Chaque semaine, je me dis : "c'est bon, la pression se relâche, tu vas avoir plus de temps et tu vas pouvoir enfin voir des films et faire des articles", et à chaque fois, l'imprévu professionnel arrive et bloque tout. Cette fois-ci, j'ai pris le taureau par les cornes et suis quand même allé au cinéma de nombreuses fois, en deux jours, afin de pouvoir vous rapporter des nouvelles fraîches du pays. La première journée a été assez difficile, avec un film très mauvais encensé par la critique comme jamais (devinez...), un film de retraité plutôt sympathique mais ne cassant aucune patte à aucun canard, et donc ce DAHLIA NOIR que j'attendais comme le loup blanc. D'autant plus qu'il y a à peine trois semaines, je voyais FEMME FATALE, chose sublimissime du même Brian DePalma, probablement son meilleur film (et pourtant, il y a du bon chez le père Brian). Là aussi, faute de temps, je n'ai pas pu faire d'article, et c'est bien dommage. C'est un des films les plus audacieux qu'on puisse faire, et c'est d'une poésie sans fin. Bah, on en reparlera dans deux ans, sans aucun doute...
[Il annonça par cette petite phrase que, très bientôt, dans un mois ou presque, le site fêterait ses 2 ans... Il en profite aussi pour vous dire que très bientôt, demain peut-être, il y aura un grand concours organisé sur le site... On en reparle...]

Los Angeles dans les années 40... Afin de faire monter sa côte de popularité juste avant les élections, le Chef de la Police, candidat à sa réélection, organise un match de boxe dont les recettes seront intégralement reversées à des œuvres de charité... (Décidément, les choses ne changent pas avec le temps !) Il propose également d'augmenter les fonctionnaires de police de 8% ! Les policiers sont contents, les habitants de la ville vont se délecter du match d'autant plus que le chef de la police a bien monté sa petite affaire. Il a choisi de faire s'affronter deux de ses hommes : Bleichert (Josh Hartnett), flic imperturbable et laconique, et Blanchard (Aaron Eckhart) beau gosse, beau parleur qui adore les flashs et les bravos. Le titre du match est tout trouvé : Mister Ice Vs Mister Fire !
Le match est un succès. Le chef de la Police, grâce à cette manœuvre médiatico-politique, se fait réélire les doigts dans le nez, les policiers sont augmentés, et Josh Hartnett et Aaron Eckhart sont promus et mutés aux Affaires Criminelles, le rêve de tout flic... Les deux boxeurs seront partenaires quasiment dans tous les sens du terme, puisque Josh Hartnett élira presque domicile chez Eckhart et Scarlett Johansson, sa petite amie, quasiment sa femme...
Josh Hartnett comprend que Scarlett a un passé très douloureux et louche. Eckhart l'aurait sortie du caniveau. Ce dernier est d'ailleurs ultra-nerveux depuis qu'il sait qu'un gros mafieux qu'il a fait coffrer s'apprête à sortir de prison. Lors d'une planque, Eckhart sauve la vie de Hartnett de justesse. Derrière le bâtiment où a eu lieu cette fusillade, on découvre le corps d’Elizabeth Short (Mia Kirshner), jeune femme très jolie, atrocement mutilée, éviscérée et coupée en deux ! C'est le début d'une enquête très longue pour la police de Los Angeles. Une des plus grandes affaires criminelles des États-Unis vient d'éclater !

Ah
, l'affaire du Dahlia Noir, surnom d'Elizabeth Short, quelle histoire ! Si ici on associe cette affaire célébrissime aux États-Unis avec le livre de James Ellroy (dont le film de DePalma est une adaptation), chez nous, là-bas en Amérique, c'est une des affaires du siècle, d'autant plus mystérieuse qu'elle n'a jamais été complètement résolue. C'est leur petit Grégory à eux, c'est leur affaire Dominici. Des centaines de livres ont été écrits, des dizaines de foufous ont essayé de refaire l'enquête à travers les âges, et on m'a dit qu'aux USA, plus de 400 personnes s'étaient dénoncées comme étant le meurtrier du Dahlia et des autres jeunes femmes qui ont suivi ! Voilà qui nous donne une sacrée idée de l'ampleur du mythe. Alors, pour un américain, qu'un grand studio fasse un gros film sur l'affaire, c'est comme si ici, on annonçait que Gérard Lanvin allait jouer le rôle de Marie Besnard ou de Bernard Laroche : ça excite ! C'est de fait le film le plus attendu de l'année ou presque (j'exagère, mais moi, je verrais bien Cécile De France dans le rôle du Juge Lambert, et Mimi Mathy dans celui de Marguerite Duras ! Forcément sublime...).

Alors, si vous découvrez ce film en salles, attention les yeux, et accrochez les ceintures. Si on râle assez volontiers dans ces pages contre l'immense impression de déjà-vu ou d'attendu qui nous envahit lorsqu'on va, neuf fois sur dix, au cinéma, dans ce contexte, donc, LE DAHLIA NOIR fait office de grand shoot foufou, de mise en scène dingo, et on ressort de là en se disant que ce mec est toc-toc, complètement maboule, et qu'il est temps de le remettre sous surveillance médicale d'urgence. DePalma est un sacré loulou, un kamikaze, et de plus en plus, ai-je l'impression, il n'en fait qu'à sa tête, refuse de livrer les films promis, pour au contraire se rapprocher de formes qui deviennent de plus en plus expérimentales, ou du moins abstraites. Je croisais à la sortie de la salle un gars que je connaissais de vue, et qui disait en substance : "[Après FEMME FATALE], ça ressemble au moins à du cinéma ! Ça ressemble !" Ben moi, je ne pense pas. Et c'est pour ça que c'est bon.
Malgré les longs soupirs des fans d’Ellroy, il faut bien dire pour commencer que c'est une adaptation formidable, c'est-à-dire basée sous le double signe de la trahison et de la fidélité absolue. DePalma a retenu l'essentiel du livre, c'est-à-dire qu’il ne raconte pas une enquête ! Et donc, il faut attendre 40 bonnes minutes avant qu'on nous parle du Dahlia, et le film se concentre complètement sur tous les à-côtés. Pas les à-côtés de l'enquête, enfin pas forcément, mais sur les à-côtés de la vie de Josh Hartnett, qui semble presque, quand ça lui arrive, creuser l'affaire du Dahlia Noir par accident, en faisant autre chose. Donc, en conclusion, LE DAHLIA NOIR ne raconte pas, ou disons très peu, l'enquête sur le meurtre d'Elizabeth Short. Et puis, on ne la sent pas du tout, l'obsession des flics pour cette enquête qui faisait perdre la tête à tous. Évidemment les gens sont déçus. C'est un scandale, Papa. On n'est pas venu pour voir des tergiversations, et du coup, pour beaucoup, la conclusion est sans appel : il a complètement foiré l'adaptation, le père Brian, il a tout bousillé cette enquête, il nous a ruiné notre Mystère. Mouais.

En exclusivité mondiale, voici le véritable sujet du DAHLIA NOIR, le film. Josh Hartnett est un flic droit, un type laconique mais qui fait son travail le plus proprement possible. Il est le bénéficiaire involontaire d'une manœuvre politique de ses supérieurs. C'est le fameux match de boxe. À cette occasion, il accepte une toute petite compromission, qui ne sera rien, qui ne sera qu'une microscopique goutte d'eau dans l'océan d'horreurs et de corruption qu'on va découvrir par la suite. [Ça, je vous le laisse découvrir en salles...] Hartnett sait qu'en acceptant un peu la combine, il a commis une erreur, il le sait tout de suite (scène de la maison de retraire). La moralité est vite enregistrée : même quand les raisons sont bonnes, la compromission est toujours le mauvais choix. En fait, le film raconte comment ce flic vertueux, au sens noble et large du terme, va à travers son parcours pénétrer l'enfer de la Cité, va en découvrir chaque rouage et constater qu’à tous les étages, dans tous les détails, grands ou petits, la ville est l'incarnation même de l'Enfer, et que tout le monde, absolument tout le monde, a bafoué la morale élémentaire, a volé de l'argent, ou a joué des influences, ou a du sang sur les mains. Tout le monde ! Pas d'exception. Pour un vertueux comme Hartnett, c'est une véritable visite touristique de l'Enfer le plus dantesque. À chaque étape, le vertueux découvre une situation plus horrible encore sur le plan moral. Chaque pas le fait souffrir. La Vertu est douloureuse dans le contexte, tant personne ne joue le jeu. Mais Hartnett s'accroche et veut savoir comment les choses se passent. Trahi moult fois, manipulé, déçu à en crever, Hartnett sait aussi inconsciemment, à chaque pas, que sa faute originelle le conduit un peu plus dans un enfermement inéluctable. Ce qui, bien entendu, finit par arriver... Le début était la fin. [Vous qui avez vu le film, y aviez-vous pensé en voyant la dernière scène ?]
Voilà. C'est un très beau personnage que ce type qui n'a commis qu'une seule et minuscule erreur, et qui est tellement "juste", tellement sincère dans la façon de faire coïncider idée et action que la visite de Hollywood va être un déchirement de chaque instant. En tout cas, on l'aura compris, le film est bien une histoire de morale, et il montre un monde, une société en train d'exploser de sa propre corruption et plus encore de sa propre violence. Il n'y a rien à sauver. Rien. Hartnett va donc souffrir encore et encore.

Côté spectateur, ça n'est pas triste non plus, car DePalma ne nous ménage pas et applique à son histoire un dispositif sublime mais malpoli comme l'enfer, qui va bien souligner comme il faut le joli sentiment (qui fait mal, qui fait mal) de dévolution qui innerve le film. Tout d'abord, il fera une "reconstitution" (je mets ça entre guillemets car c'est exactement le contraire) la plus coûteuse possible du Los Angeles de l'époque, mais disons plutôt le Los Angeles de l'Époque que Brian a dans la tête, et qui est le plus artificiel et le moins documentaire possible. Au final on se retrouve avec une direction artistique et une mise en scène complètement fabriquées. Surabondance de costumes (c'est un film à costumes pour le coup !), décors "inspirés par" mais fantasques (l'intérieur splendouillet du couple Eckhart-Johansson), et surtout des filtres et des effets de lumières orangées-blanches partout partout partout, jusqu'à ce que le film en dégueule littéralement. On est dans la splendouille la plus complète, dans le tout-studio, dans l'artificialité ultime et dans le décorum beaucoup trop construit pour être honnête. Du coup, quand j'entends le gars, de Télérama je crois, dire que c'est une reconstitution précise et impressionnante du Hollywood des années 40, je ris et je pleure, tellement c'est drôle et stupide ! Cet Hollywood-là ressemble autant à un portrait réaliste de la ville que moi je ressemble à Claudia Schiffer (mange Google, mange !), c'est-à-dire assez peu. [Ceci dit, j’ai les yeux bleux ! ]
DePalma ne s'arrête pas là. Pendant qu'il fait le zazou avec sa caméra et te découpe ça entre baroque et statique/frontal (ce qui ne devrait pas coexister et s'oppose, et qui rappelle non pas le théâtre comme j'ai entendu ici et là, mais le cinéma muet industriel, ce qui est dit dans le film du reste; également d'ailleurs dans l'opposition de ces plans frontaux à ceux, très nombreux, qui sont en caméra subjective et en général baroque jusqu'à l'absurde, comme dans le plan de sur-cadrage avec le journal dans le parc), Brian fait calculer son cervelet qu'il a beau et immense. Et il se dit que le film sera d'autant plus proche de l'artificialité ou plutôt de la construction qu'il recherche si le casting est impeccable. Et là, attention les soukouss', comme disait le poète. Là où beaucoup ont vu un casting faible et/ou une direction d'acteurs sans saveur, il faut voir exactement le contraire : DePalma a choisi tous ses acteurs avec un soin maniaque et une science fabuleuse, taillant la chair au micron près. Le coup de génie du siècle (plus subtil, plus troublant pour le grand public cinéphile, et donc peut-être encore plus fort que FEMME FATALE sur ce plan précis), c'est d'avoir choisi Aaron Eckhart et Scarlett Johansson. Monsieur et Madame Fadasse ! Quasiment aucun charisme, une belle gueule, et terminé. Quand j'ai commencé à comprendre ce qu'il était en train de faire, l'ami brillant, j'ai failli pleurer dans la salle désertée. Il a choisi deux stars montantes du moment, les plus chics et les plus hollywoodiennes, avec le jeu figé qui va avec. Ça, c'est déjà sublime, comme on le verra. Mais en plus, il les a encouragés à jouer à fond de l'imitationnisme du jeu et des personnages de cinéma de l'époque. Le résultat est édifiant, quasiment hystérique; le couple Johansson/Eckhart imite les années 40 comme des tractopelles détruisent des vases en cristal, ils y vont à fond, persuadés d'être au top de la crédibilité, Brian les pousse encore et encore, jusqu'au quasi-zulaswkisme (Scarlett qui met les bougies phalliques dans le chandelier ! Il fallait oser; imaginez quelqu'un qui rentre dans la salle à ce moment-là, il se dit "mais c'est qui, ces zinzins ???"). On est presque dans le grotesque, mais à travers un jeu hollywoodien moderne exagéré, à peine, et surtout dirigé dans le sens d'une perception fausse du jeu des années 40 ou du muet, dans leurs clichés les plus caricaturaux. Les deux stars pensent faire du précis et de l'intégré, mais Brian les utilise exactement dans le sens contraire, dans l'exagération, l'artificialité, le décalage assez drôle mais surtout grotesque, grotesque comme un cauchemar. Ce qui est bien normal. Et qui colle parfaitement avec le sujet. Josh Hartnett semble emprunter la même voie [très beau plan double, et en reprise, sur lui en train de conduire la voiture sous la pluie en plan rapproché, singeant le film noir dans le premier (sur l'invective d'un des personnages d'ailleurs, comme nous le montre le montage !), et froid et sobre comme la mort trente minute plus tard dans le second], mais en fait impose un jeu sobre, froid, sans énormément d'intention. Humain quoi, pas hystérique. C'est l'histoire du film : un être humain, le dernier, peut-être pas pour longtemps d'ailleurs, dans un monde de pantins et de marionnettes désarticulées jusqu'au grotesque ! Brian a eu un double coup de génie (ou de réalisateur tout simplement) : utiliser les acteurs (enfin, tous sauf un) comme des objets, comme des accessoires, et les intégrer comme des éléments de mise en scène de plus, aussi artificiels que les autres, aussi artificiels qu'un filtre sur l'objectif. Les acteurs participent sans le savoir à cette déconstruction d'un Hollywood de théâtre de (sunset !) boulevard (référence clairement annoncée in fine qui, là aussi, contredit complètement l'analyse téléramienne). Le sujet s'incarne donc dans le film : décadence, corruption, grotesque. CQFD.

Alors oui, Brian DePalma laisse l'enquête en toile de fond. Bien sûr. Il préfère construire un univers de sensations subjectives, dresser la nomenclature de l'Enfer à travers un regard particulier, en faisant exploser toute notion objective et finalement en déconstruisant une narration qui avance plus par l'évolution du sentiment que par l'enchaînement des événements, parfois nuls, parfois trop denses (à l'image de cette dernière bobine délicieusement surchargée en informations). Dans ce voyage, dans ce regard, souvent drôle en plus, on découvre un monde infect, ultra-violent, où tout le monde a renoncé et où tout le monde regrette la déchéance (paradoxe de lâches !). De Palma fait donc là un film ultra-contemporain, bien entendu. Les intrigues étant reléguées au sous-sol, le film se charge de double-sens nombreux et toujours évoqués sans être expliqués ou presque : autoportrait du metteur en scène en salaud (encore plus dans la mise en scène que je viens de décrire que dans la liaison plus grossière entre Hollywood, l'industrie du film, et le Dahlia) ou du moins en homme perdu d'avance de la compromission, film sur la perte de la Morale ou sur la Morale et l'Action, film sur l'impossibilité de faire un film décent dans le contexte industriel, film sur la société de consommation et le petit bourgeoisisme (Salut Terry !) dont le terminus serait le couple dans sa maison (le plan sur la porte et les lèvres de Scarlett n'est pas un plan glamour mais un plan de film de prison), etc. Film sur une société de chaos et de technique... Le contenu reste suffisamment évoqué et donc abstrait pour ne pas justement le placer dans l'ornière du "film à message". DePalma finit par faire rejoindre de belle manière le personnel et le public, la société et/contre l'individu, dans un portrait surréaliste et tentaculaire d'un Empire du Mal. Ce en quoi il rejoint complètement, parfois par la petite bande, James Ellroy, qui doit sûrement être très content de l'adaptation. Un cadavre découpé, où il manque des morceaux (l'intérieur en plus !), défiguré jusqu'à l'absurde dans un maquillage grotesque, et qu'on essaie de rassembler pour former, ce qui est sans espoir, le corps humain originel. Le Dahlia Noir c'est le film lui-même.

Fabuleusement Vôtre,

Dr Devo.

PS : C'est également assez beau, ce qu'il fait avec le décorum lesbien du film. Notamment la chorégraphie et la chanson qu'il passe quasiment en entier, et qui empêche Hartnett de faire son enquête (que c'est drôle). Il s'agit de LOVE FOR SALE, chanson d'amour et de prostitution, et en plus, c'est chanté (assez joliment d'ailleurs, j’aime bien l'enregistrement de la voix), tant qu'à faire, par kd Lang ! Faut oser ! Là, DePalma fait la même chose qu'avec Johansson et Eckhart, en essayant de faire quelque chose de ridicule et de beau. C'est rigolo. Une façon de charger la mule, quoi ! Ce à quoi kd Lang répond en y allant à fond les ballons !
DePalma ne choisit pas que des acteurs cruches. La gestion de certains seconds rôles est sublime. Il convoque certains acteurs pour faire ce qu'ils font toujours au cinéma. Il les enferme dans leur propre cliché, à l'instar de Mike Starr et Mia Kirshner, tous deux très précis, mais utilisés dans leur rôles respectifs pour lesquels ils sont connus : le gros mafieux/flic de seconds plans, et la strip-teaseuse !
Josh Hartnett me semble bien comme il faut. Précis et direct, un peu de sur-jeu mais à des endroits très précis. Un bon gars !
Hilary Swank est bien utilisée aussi, entre hollywoodisme johanssonien et scènes plus sobres, et très glauques. Elle est entre les deux, ce qui sert complètement son personnage. Fiona Shaw et John Kavanagh dans le rôle des parents sont sublimes, grands personnages depalmesques ! C’est d'ailleurs avec eux qu'on a quasiment les meilleures scènes du film (notamment la parodie de SUNSET BOULEVARD et le cassage des objets d'art).
Au total, le film est nettement moins beau que FEMME FATALE, mais c'est quand même une chose sublime !
J’ai beaucoup aimé le bisou homosexuel du nouvel an entre Heckel et Jeckel ! On a l’air de dire un truc, et en fait on en dit un autre, un coup je te vois, un coup je ne te vois pas ! C’est bien.
 
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Publié dans Corpus Filmi

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M
Cher Dr Deo,<br /> hier était pour moi noël, puisque j'ai eu l'occasion de voir un Brian de Palma raté en salle (en revanche la veille était le jour du père fouettard : jugez en plutôt, nous allons au vidèo-club avec mon époux, je lui montre plusieurs films intéressants en insistant sur le De Palma, il sait que je suis presque amoureuse de ce cinéaste, mais il choisit le Diable s'habille en Prada ! J'hésite à aller voir un conseillé conjugal rien que pour cette insulte au cinéma.)<br /> Bref le De Palma... ce ne fut pas aussi diabolique que Femme fatale (le seul film ou à la fin de la projection je jubilais tant et était si admirative que je me suis levée pour applaudir), mais oui j'ai aimé. J'avais lu le livre, je suis ravie d'en avoir fait abstraction et je plains celui qui cherche à comprendre l'intrigue : c'est presque impossible à suivre, on remerciera les producteurs de De Palma d'avoir coupé 30 minutes de film.<br /> Toutefois, quel beau film au sens esthétique du terme ! Votre adjectif de splandouillet au sujet de la lumière et des décors est bien choisi, j'ai eu l'impression que de Palma ne s'intéressait pas vraiment à son sujet auparavant : on attend de lui une reconstitution qui fera plaisir à l'académie des oscars, ce n'est pas ce qui l'intéresse il nous le montre avec ses filtres. Le héros vit dans un univers de toc, tout est trop exagéré, c'est volontaire, mais au lieu de nous assommer avec ça en passant par des dialogues le cinéaste le fait par des éléments visuels, quelle classe !<br /> J'aime l'ironie que ce soit la voix de Depalma qu'on entende dirigeant Elisabeth Short. Elle est la seule qui a l'air de montrer des émotions sincères alors que c'est une actrice et qu'on nous dit qu'il s'agit d'une menteuse. Tous les autres jouent soit des rôles (la femme fatale, le flic sauveur pour Mr Ice la femme au foyer pour Jonhansen. Le détail du porte cigarette est incongru et brillant : De Palma met dans la bouche de la femme au foyer habillée souvent de gris un porte-cigarette comme si c'était une femme fatale, alors que le personnage de Shwank n'en a pas !) soit ne doivent pas laisser voir leurs émotions. L'autre exception, le personnage qui envoie valser les conventions sociales c'est la mère dans cette séquence formidable du repas de famille précédé de ce passage formidable ou le héros découvre la maison et ses hôtes.<br /> Merci pour votre article en tous cas.
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D
Moi je perçois le DAHLIA... ou souvent (pas toujours) les films de DePalma comme des histoires de Vertues ou de Vertueux, qui crévent de la corruption du Monde... Voilà qui est intéressant...<br /> <br /> Dr devo
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L
C'est la même chose, nonobstant le léger point de détail suivant : ce qui intéresse De Palma c'est le mensonge, ce qui intéresse Egoyan, c'est la vérité!<br /> De Palma a toujours déployé des univers où la question des rapports de la morale et de la vérité n'est pas la plus importante, ou du moins elle se réduit au fur et à mesure du film, la morale devenant impossible à tenir, pour ainsi dire une notion totalement obsolète dans l'univers tel que ses règles se dévoile au fur et mesure de l'avancement du film. Egoyan construit des films où c'est précisément l'inverse, ses personnages essayent coute que coute de maintenir une morale de la vérité fut elle le mensonge - voir la fin d'Alice ou le sang des innocents.<br />  
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D
Ilm ya quelque chose de familier dans la ressemblance des thèmes mais les traiterments et le ton me paraissent bien différents, non?<br /> <br /> Dr Devo.
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L
Oui, mais que penses-tu du rapprochement à Atom Egoyan ?
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