SAN KU KAI, épisode 12, "Le Grand Combat" : c'est la mort qui a assassiné Ryu... et la Structure !

Publié le par Dr Devo

(Photo : "Quand on aura 83 ans en l'an 2055" par Dr Devo)

Chers Focaliens,
 
C'est toujours comme ça, et c'est pas la première fois que je vous le dis : ça va mal dans le XVème système solaire, comme d'habitude, mais cette fois, les faits sont d'une extraordinaire gravité, et je pèse mes mots.
SAN KU KAÏ, épisode 12. Tu n'as pas suivi notre longue série d'articles consacrés à cette série expérimentale, tu n'as jamais vu une image de ces aventures tragiques rappelant l'éternité du Totalitarisme, tu n'as jamais goûté aux joies et surtout aux peines de cette tragique série d'avant-garde parmi les plus expérimentales? Ce n'est pas grave : prends un drink, assieds-toi et lis quand même. Car SAN KU KAÏ est tellement riche que dans un seul épisode, il y a de quoi rassasier son homme, autant que L'ODYSSEE de Homère en son entier.
 
Nous faisons donc des analyses et des reports précis, avec le Marquis, sur cette belle série. Vous lisez déjà le douzième épisode. Nous nous sommes scrupuleusement réparti les tâches. Les épisodes pairs sont pour moi, les impairs pour le Marquis. Répartition structurelle pour une série qui ne l'est pas moins, et il faut bien le dire, l'épisode 11 dont nous parla le Marquis est le plus structurel de tous. L'épisode se terminait en effet sur quelque chose de sidérant, je répète sidérant. Ryu, le grand héros de la série, le père de tous les personnages, a passé tout l'épisode 11 à grimper une montagne à l'aide d'une petite corde rouge. Dans les dernières secondes de l'épisode, il était sur le point d'arriver au sommet, quand, dans le dernier mètre, il aperçoit au dessus de lui les infâmes stressos, qui comme de bien entendu font méthodiquement leur job et coupent la corde ! Ryu, le héros galactique, est précipité dans le vide. Générique ! Pas d'explication, rien, l'épisode se termine sur la chute, et donc sur la mort de Ryu. Le procédé est génial à deux titres. D’abord, Ryu a mis un épisode entier à grimper la montagne, et à quelques centimètres du sommet, il échoue, et brutalement en plus. Quelques secondes bien courtes avant l'explosion de son petit corps d'athlète, se broyant sans délicatesse sur un beau rocher très coupant et très dur, surtout à cette vitesse. Quelle ironie, et quelle violence structurelle ! Quelle brutalité dans cette conclusion ! Deuxièmement, on notera ici dans ce procédé tout le génie de la série. En fait, cette chute brusque est complètement une chute de structure (encore). L'effet narratif est complètement confondu avec l'action, le signifiant et le signifié, et on sait tous ce que cela signifie : la mort. En effet, que représente cet événement mythique ? C’est un "cliffhanger", comme les anglo-saxons en raffolent, certes. Mais là où les Yankees sont battus (je sais que sans eux, on parlerait tous stressos, mais bon, faut dire ce qui est...), c'est que cette chute et cette mort de Ryu est un cliffhanger dans l'écriture, et un cliff-hanger dans les faits, puisque c'est ce qu'était en train de faire notre héros : grimper une montagne ! C’est bien foutu, non ? Chapeau les gars, c'est du grand art. [J’ajouterai même que le générique interrompait  la chute de Ryu, ainsi suspendu dans les airs pour l'éternité, c'est-à-dire jusqu'à la "semaine prochaine". Le simple fait de le laisser flotter dans les airs entre deux épisodes marque le caractère inéluctable de la mort du héros, suspendu à son funeste destin. Sa vie défilera devant lui pendant une semaine : c'est vraiment l'enfer. Un mythe auquel aucune civilisation n'avait pensé avant SAN KU KAÏ : le mythe de la structure. L’épure est reine dans SAN KU KAÏ. La structure tue. Un abysse d'horreur s'ouvre devant nous, malgré le fait que nous nous soyons tapés dix épisodes de forfaits et d'exactions stressos, et des plus cruels en plus.
 
C'était l'épisode 11. Passons maintenant à l'épisode 12.
 
D'entrée de jeu, c'est du sublime côté mise en scène. La voix-off nous résume toute la complexité de l'intrigue de l'épisode 11 en vingt ou trente secondes, avec quelle précision, et avec un montage image taillé à la serpe. C’est brillant.
Nous sommes encore dans le résumé de l'épisode précédent quand le réalisateur nous surprend complètement : il introduit dans le rapport des faits antérieurs une image que nous n'avions jamais vue : celle de la chute de Ryu. Il crie, les bras en l'air, tombant à une vitesse folle, mais en gardant (c'est fantastique, pas réaliste du tout mais poétique) un œil sur le sommet de la montagne. Effet spécial sublimissime : un écran derrière l'acteur projette l'image d'un travelling descendant tellement rapide que les couleurs se fondent. Surimpression sublime. Cut.
Deuxième plan : gros plan (contrariant le plan moyen précédent) sur Siman qui regarde son ami tomber vers la mort. Cut.
Troisième plan : retour sur Ryu, qui regarde toujours vers le haut de la montagne, et maintenant on le sait, qui regarde Siman, son fidèle ami qui sera sa dernière image avant de mourir. Le plan 1 et 3 sont les mêmes, mais ils n'ont pas tout à fait le même statut à cause de l'image 2, qui établit un bien émouvant champ / contrechamp. La classe. La grande classe même. Une série pour enfants (politique et d'une violence sans pitié, c'est certain) plus inventive en trente secondes que dix ans de cinéma art et essai ! C'est ça, San Ku Kaï !
 
Le plan trois ne coupe pas, l'acteur lève les bras et semble s'accrocher à quelque chose hors champ. Le préposé à la projection sur écran réagit avec un peu de retard au jeu de l'acteur qui incarne Ryu. Et donc, l'image de la chute continue une bonne seconde après que l'on ait compris que ce geste de Ryu vers le hors champs signifiait qu'il s'était accroché à quelque chose. Avec retard donc, surréaliste par essence, la projection de la chute s'arrête derrière Ryu, pour laisser place à un plan fixe sur la paroi rocailleuse de la montagne. Zoom arrière, sans un heurt, Ryu s'est accroché à une corniche ! C'est beau, c'est "comme au cinéma", comme disait le poète français multi-supports. Ryu en réchappe donc, mais bon dieu, bon dieu de bon dieu, on l'a bien cru mort pendant une semaine et trente secondes. Je mets l'épisode sur "pause" et vais pleurer quelques instants dans la solitude calme de ma salle de bain. Ryu grimpe péniblement la proéminence rocheuse à laquelle il s'est rattrapé, il faut bien le dire et dans tous les sens du terme, de justesse (!), et enfin sauvé, à genoux sur le roc ferme, il dit quoi, l'animal, il dit : "Oh, ça a été juste !..." Fabuleux, non ? Ça a été juste ! Et il rajoute un bizarre : "J'ai cru que ça ne s'arrêterait jamais !" Génial !!!! Le personnage parle de la fiction elle-même et de sa structure hebdomadaire, et autant le dire : le personnage de Ryu sait qu'il fait partie d'une fiction, sait qu'il est en fait le maillon d'une histoire. C’est beau. On est déjà ébloui par tant d'idées au mètre carré, et pourtant l'épisode est commencé depuis moins d'une minute et trente secondes ! C'est du dense !
Et comme un miracle n'arrive jamais seul, Ryu trouve un passage secret sur la corniche qui va le mener sous la Montagne, là où vit le Peuple des Racines.
 
Pendant ce temps-là, Ayato, pris pour un traître, à tort, se bat avec la garde royale des Mongosses (alias le Peuple des Racines). Vénor, le vil, grand chambellan du roi des Mongosses, donne l'ordre à la garde prétorienne d'achever sans sommation notre ami Ayato, et pour cause : c'est lui, Vénor, qui a trahi son peuple en donnant la Princesse mongosse aux stressos ! Alors vous pensez bien, si les apparences désignent Ayato, un étranger à la tribu, comme sale donneuse, ça arrange bien ses affaires, à Venor. Héhé.
Là, il se passe un truc très marrant. Ayato est acculé, je répète acculé, contre la paroi rocheuse des couloirs du palais, les gardes l'ont piégé. Et à ce moment là, la paroi pivote : c'est un passage secret ! Et qui est derrière ? Ryu ! Quiproquo en hommage aux meilleurs Laurel et Hardy. Après quelques retournements, Ayato et Ryu se retrouvent face aux soldats mongosses, bien contents de s'apercevoir que l'un et l'autre sont vivants. Vénor le félon donne l'ordre de tuer les deux complices, et c'est moins une : le roi des Mongosses et le prince héritier (un gamin de dix ans, je vous le rappelle), arrivent et disculpent Ayato, ouf. Normalement, si le roi ou l’un de nos amis réfléchissent, ils peuvent déduire à ce moment précis qu'il y a un traître dans le palais, et que fort logiquement ça ne peut être que Vénor. Mais à ce moment là, ça ne choque bizarrement personne. Passons.
 
Bon, d’accord la mise en scène, OK, la structure, mais les Stressos, bras armés du pouvoir totalitaire de Golem XIII, ils font quoi en attendant ? Allons jeter un œil du côté du Kosmosaur, le vaisseau-commandeur de l’Armée du Mal Technicien (sur ces questions, lire Hannah Arendt).
 
[PUB : le saviez-vous ? Demain, on fête le premier anniversaire de notre site. Comme disait Laurie, la poète (non, non pas celle-là, l’autre) : « Je voulais seulement vous dire : merci. Alors, merci ! Merci pour ton couteau suisse. »]
 
Kosmausor. Intérieur nuit et brouillard éternels. Un joli éclairage rouge sang cependant. C’est le traditionnel champ / contrechamp entre Komenor et Golem XIII qui, rappelons-le pour ceux qui n’ont pas lu les épisodes précédents, s’exprime à travers le Micrâne, interface audio de surveillance et interface de service avec moult boutons clignotants, et en forme de tête de mort cuivro-laitonné assez impressionnante. Sont présents pour le débriefing : Komenor, chef suprême des armées, Volcor, second de Komenor, l’homme souvent chargé d’aller au charbon sur le terrain et de démêler les situations les plus difficiles, Furya, bombe incarnée, maléfique et cruelle, espionne et commando dans la même guêpière, intelligente, redoutable, d’une puissance phénoménale et à l’impact sexuello-sensuel hors catégorie. Présente aussi la princesse Aurora  (la fiérote et maline, un peu façon princesse Leïa, on le sait puisque Lucas a tout copié ici), princesse du Peuple des Racines, présentement otage. Komenor montre sa capture, mission accomplie, ce n’est pas tous les jours.
Oui, oui, c’est vrai, je pensais qu’ils allaient tous ouvrir un bon champomy pour fêter tout ça, mais non, la scène va prendre des directions phénoménales et surprenantes.
Déjà, Golem lui souhaite la bienvenue. Etonnant, non ? Imaginez dans un film historique (ils devraient tous être complètement inexacts du point de vue chronologique, ce qui permettrait de faire cohabiter des situations et des personnages de façon beaucoup plus pertinente que l’Histoire elle-même) : "Chère Sissi, soyez la bienvenue à bord. Je m’appelle Adolf Hitler. Et j’adooore les bains de minuit". [C’est moi qui rajoute cette dernière phrase, parce que je sais que ça va vous faire un choc pour Sissi, donc un peu d‘humour, inattendu et pertinent de surcroît, est de fort bon aloi.]
Sissi répondrait comme répond ici Aurora : "Ah oui ? C’est toi, Golem XIII ? Je dois te signaler que j’ai été emmenée ici contre mon gré et en dépit de tous les accords internationaux en vigueur !". [Sissi aurait ajouté : "est-ce ainsi qu’on traite une princesse ?", et elle aurait signé une adhésion au parti dix minutes plus tard, à la seule promesse d’une vie croulant sous le champagne et les bals à n’en plus finir !]
Volcor est outré bien entendu devant l’absolue effronterie de l’otage, aussi princesse soit-elle. « Surveille ton langage ! Tu t’adresses à notre Majesté ». Cut.
Tiens, c’est bizarre, gros plan complètement inhabituel, de ¾ face, sur le Micrâne golemien, qu’on aperçoit sous cet angle pour la première fois de la série. On s’aperçoit que des "yeux", faits de nombreux boutons clignotants, une larme de sang séché s’écoule. C’est beau, mais c’est troublant. Golem XIII souffrirait-il devant sa propre entreprise de destruction ? C’est poignant. Première surprise. Et là, accrochez-vous bien, dans le même plan, accrochez vous mieux, Golem ajoute : "Ce n’est pas grave !". Deuxième surprise. Et il enchaîne avec un "Veux-tu m’épouser ?". KKKKkkkkoooooooaaaha ? Ai-je bien ouï ? Qu’est-ce qu’il a, cet épisode, c’est de la folie, en terme de scénario ?! [En plus d’être d’une précision phénoménale dans le montage et l’incise des plans, comme on peut le constater une fois de plus dans cet instant précis.] "Tu seras la femme de l’Empereur qui règne sur l’Univers. [Là, Sissi, elle a déjà enlevé sa culotte…]
Aurora répond qu’elle préfère un vrai prince à une boîte de conserve. Furya est furieuse, sert le bras d’Aurora avec fermeté et rappelle à l’effronté otage le respect qui est dû au plus grand despote de tous les temps, toutes galaxies confondues ! Golem a sûrement pété un câble, car il ajoute très nonchalamment, ce qui n’est pas son style : "Allons, allons, ça n’est pas grave. Disons que c’est l’enthousiasme de la jeunesse !" Aurora répond que, de toute façon, Ayato va venir la sauver dans un court instant, et que Golem devra trouver une femme parmi les Stressos !
 
Et là, la réponse de Furya fuse, c’est le cri du cœur : "Tu n’es pas meilleure que nous !"
Quel formidable personnage, quel chien, quelle personnalité cette Furya ! Quel beau cri de défense, et quel beau cri désespéré. Car au fond d’elle-même, elle le sait. La seule femme stressos, c’est elle. Vous voyez la pertinence de sa réaction ? C’est beau, non ? C’est poignant ! Pas la peine que j’explique, hein ? C’est du Corneille (le dramaturge !).
 
Golem met fin à la transmission. Komenor dit à Furya de bien prendre soin de la princesse-otage car elle devient du coup une pièce maîtresse, dans tous les sens du terme. Furya resserre la poigne autour du bras d’Aurora, et lui dit qu’il est temps qu’elle l’emmène vers son lieu de détention. Aurora a mal, elle dit : "Ça va, lâche moi, je te suis ! "  Furya le fait, et effectivement, sans résistance, Aurora suit Furya dont on a vu, suite à cette dernière réplique, le trouble érotique et sexuel qui lui tombe dans sa face sans prévenir. Furya est troublée, elle n’y peut rien. Du point de vue du sentiment et du désir, rien ne sera plus comme avant pour Furya, quelque chose s’est brisé. Son engagement dans la campagne stressos de domination globale est total, mais sur le plan du Désir, de la séduction et, osons le mot, de l’Amour, elle est le Poulidor du groupe, jamais première. C’est vraiment poignant.
 
Sous la montagne, dans le palais du Peuple des Racines. Volcor, très curieusement, fait son entrée dans le palais secret. [Seconde chance pour le Souverain de s’arrêter, de réfléchir cinq secondes et d’en déduire fort logiquement que seul Vénor, son chambellan (qui porte un nom finissant par -OR, comme tous les stressos, c’est quand même pas dur !) est le traître qui marchande avec les Stressos. Mais il n’en est rien. Caché à l’abri des regards, Ayato, jeune chiot fougueux, aimerait en profiter pour tuer enfin Volcor sur le champ, mais Ryu, plus avisé, lui conseille d’attendre afin de savoir où la Princesse Aurora est retenue prisonnière ! En même temps, ce n’est pas con. Volcor est clair, dans 48 heures, soit le souverain Mongosse se soumet, soit la princesse est exécutée. C’est clair, c’est limpide, c’est stressos. Efficace et technique. Volcor se casse, et fait résonner dans le palais un rire des plus sardoniques.
 
Ayato et Ryu proposent de se mettre en marche tout de suite pour aller retrouver la Princesse, plan optimiste je trouve, car ils n’ont, comme de bien entendu, aucune idée du lien de détention. Vénor le félon en rajoute une couche. Il veut être de la partie, car, dit-il, "[il] est prêt à  sacrifier [sa] vie pour ramener la princesse, en tant que plus fort guerrier du royaume ». Cligne, cligne. Etonnant pour Vénor et son look de totale follasse dans le meilleur style des années 70 ! Oui, ça fait très guerrier, ta robe, mon coco ! Bon, en tout cas, le roi du Peuple des Racines accepte, naturellement, ce non-plan.
 
Pendant ce temps, Siman et Sidéro le robot perspicace cherchent et appellent dans le vide Ayato et Ryu. Pour Sidéro, c’est la déprime, et même la grosse déprime. "Ayato et Ryu sont morts. Qu’est-ce que je vais devenir avec un homme-singe ? Je vais vivre dans un arbre ?" Remarque un peu  réactionnaire, certes, mais qui exprime un vrai désespoir. Siman ne s'en laisse pas compter. "Arrête de pleurnicher", lance-t-il. Sidero, assez hystérique sous sa voix monocorde mais sensible, divinement, faut-il le rappeler, doublée par Patrick Hernandez, Sidéro, dis-je, accuse Siman. Tout ça, c’est de sa faute. Ah, s’il avait surveillé Ryu... La remarque est injuste, bien sûr. Siman menace et promet un dévissage de boulons fissa. Ce massacre promis n’aura pas lieu, car voilà Ayato et Ryu (accompagnés par Vénor, le félon, le traître). Retrouvailles. Siman dit sa peur. "Haha, tu nous croyais morts ?", dit Ryu avec son imperturbable sourire. Sidéro, lui, se plaint de ne recevoir qu’un accueil discret. "Moi qui ai pourtant pleuré toute la graisse de mon corps !". Ryu présente Vénor à Siman, qui vante le courage du Peuple des Racines, mais le félon le remet à sa place d’homme-singe avec arrogance. Fermez le banc.
 
Bien caché mais très proche, le ninjosse aux trois visages (voir épisode 11), les suit avec attention. Tandis que nos héros s’éloignent, il prend  à témoin son visage de gauche : "Regarde Métamor !". Métamor dit : "Je les ai reconnus. Et toi, Omégamor ?" Omégamor (le visage de droite) répond : " Je savais qu’Ayato avait des chances d’avoir survécu !" [C’est une erreur, bien sûr, ou plutôt un lapsus. Omégamor veut dire Ryu, dont il avait provoqué la chute.]
 
Tiens, voilà Eolia, comme un cheveu synthétique sur la soupe. Elle rassemble le San Ku Kaï, en télékinésiant à l’aise Blaise les deux vaisseaux auxiliaires détachables qui avaient été bien malmenés dans l’opus 11. Voilà une belle trouvaille de scénariste. Un épisode de SAN KU KAÏ, c’est rassembler un long-métrage de 1h30 en 17 minutes. Faut pas traîner, donc hop ! un coup de moulinette tractokinétique magique et on n’en parle plus, et on peut se passer avec panache d’une scène trop longue de récupération des deux vaisseaux. Bon là, ça grince un peu, ça fait sentir les rouages en mouvement, mais pourquoi pas, hein ? Les faits sont là : le San Ku Kaï est prêt à repartir. Tiens, Siman, l’homme-singe de race inférieure, si tu nous faisais un peu la popotte. Oui, oui, bien sû’, Missié. Siman, homme un peu, singe beaucoup, prépare à tous un bon repas (hors-champ). Vénor le sale traître est furax. Quelle perte de temps que ce repas, alors que l’urgence est d’aller récupérer la princesse ! Ayato est d’avis d’aller sur Analys, au palais royal stressos. Mais Ryu trouve que c’est un peu évident, un peu trop facile même. Il a une idée derrière la tête, le Ryu, j’en ai bien l’impression.
 
Pendant ce temps-là, once again, dans la tour secrète stressos.
Les Stressos, eux, ne rigolent pas, mais alors pas du tout. Ils sont en plein entraînement. Boule à piquants attachée par une chaîne au plafond et qu’on fait valdinguer dans tous les sens, le tourniquet de la mort (tourniquet avec des lames tranchantes comme des chocapics  qu’il faut sauter, ou au contraire éviter, etc.), sauts au-dessus d’un gouffre enflammé comme l’enfer, le tout en lançant des fléchettes nainjasses dans des cibles prévues à cet effet… [Les stressos sont si maléfiques que leurs cibles sont blanches sur fond rouge, et de forme losange de surcroît, c’est horrible !] Ça bosse, ça sent la sueur et la fonte. Pumping evil, en sorte. Aurora la princesse et sa geôlière Furya passent par là…
Aurora (étonnée) : "Je peux savoir ce qu’ils font ?"
Furya (ferme) : "Ils s’entraînent à la technique de la Mystification."
Dr Devo (in peto) : "Ah oui, je me disais bien aussi…"
Aurora (étonnée) : "La mystification ? (Sourire) C’est passionnant !"
Dr Devo (in peto) : "Je me demande si elle a toute sa tête, la Princesse. Son exécution prochaine n’a pas l’air de trop l’inquiéter."
Furya (encore plus ferme, mais avec un faux sourire) : "Ce n’est pas un spectacle ! (Disparition du sourire) Ne reste pas là, avance !"
Elles s’éloignent. Aurora marque une pause et regarde les jambes de Furya quelques marches plus haut. Trouble léger, mais elle se reprend. Le cadreur panouille son plan : on a juste le temps d’apercevoir quelques résilles furieuses. Mais qu’est-ce qui nous arrive ?
Le ninjosse au trois visages fait son apparition dans la salle d’entraînement et rassemble les ninjasses, qui s’agenouillent en rangs serrés, mais sur un accéléré tout à fait Benny-Hillien. Je suis aux anges. Extase. Je vais me faire une petite verveine.
 
Pendant ce temps-là, nos héros passent la nuit près du feu, à la belle étoile. Quelle drôle d’idée, le San Ku KaÏ est juste à côté, mais bon... Siman fait de mauvais rêves primaires et primates où il est attaqué. Vénor le félon se lâche à fond. C’est le seul qui ne dort pas. Il se frotte le nez comme un traître, il faut bien le dire. Il se trame un machin, je te le dis. Il s’éloigne, grimpe un petit promontoire et allume un feu de Bengale. C’est un signal ! Le Ninjosse aux trois visages débarque avec un commando de stressos surentraînés, donc, à la technique de la Mystification. Ils prennent Siman à part, le réveillent (difficilement), et menacent de l‘égorger. Vénor dit : "Réveille-toi, Siman ! Regarde la fin de tes amis, car eux ne te verront pas mourir !" Pas mal, pas mal. Malheureusement, les nainjozes ont beau mystifier les sacs de couchage à grands coups de sabre, rien n’y fait, et il faut se rendre à l’évidence : les sacs de couchages sont vides, et Ayato et Ryu ont disparu. Le San Ku Kaï décolle et s’échappe. C’est malin. Les stressos sont furieux. Un plan dans le vaisseau nous montre que, ô surprise, c’est Sidéro qui pilote… Ce qui veut dire bien sûr qu’Ayato et Ryu ne sont pas loin, cachés dans les rochers. C’est effectivement le cas. Ils peuvent espionner la conversation entre Vénor le saligaud et les stressos. Ça tombe bien. Vénor ordonne qu’on emmène Siman dans la tour aux Ninjasses, et encore mieux, il demande au Ninja aux trois visages où est la princesse. Dans la plus haute partie de la tour. Message reçu cinq sur cinq par Ayato et Ryu qui ont, bien sûr, tout entendu.  Ça va grabuger sec dans la tour aux nainjazes.
 
Ça tombe bien, c’est là qu’on va. Dans la plus haute salle de la tour des ninjahasses, la Princesse Aurora dans sa cellule. Elle a perdu de sa verve, Aurora, son ironie  a disparu. Le plan commence par un plan rapproché abstrait, dans un mouvement de zoom arrière jusqu’au plan moyen. Au début du plan, une série de lignes lumineuses bizarres. Quand on s’éloigne, on s’aperçoit que ce sont les reflets de la lune sur les barreaux. Très joli.
Siman passe lui un mauvais quart d’heure. Il est interrogé par les Stressos, grâce à une Machine à Question électronique qui essaie de lui laver le cerveau. Ils veulent savoir où se cachent Ryu et Ayato. Siman sert les dents, mais ça a l’air de faire mal.
Dans la cellule d’Aurora. Ça commence par un gros plan sur Furya, qui regarde la princesse avec un sourire énorme et gourmand. C’est le soulagement, les choses rentrent enfin dans l’ordre. "Alors, princesse ? Personne ne vient à ton secours ?" C’est juste. Aurora commence d’ailleurs, on l’a vu dans l’incise précédente, à sérieusement s’inquiéter. Furya lui dit que c’est fichu, et qu’Ayato ne viendra plus maintenant. La princesse se lève alors, reprend un sourire qu’elle met sur son beau visage (n’importe quoi…) et dit : "Tu ne fais donc confiance en personne, Furya. Tu dois être bien malheureuse !" Aïe ! Ouch ! C’est du précis, et ça fait mal. La princesse Aurora est sans nulle doute une Gentille, mais elle n’hésite pas à se défendre. Furya met tout dans la bataille verbale : "Tu devrais t’inquiéter pour toi, plutôt que de te soucier du sort des autres !" Furya n’en peut plus, car elle sait qu’il y a autre chose de plus métaphysique qui se joue dans cet épisode. Elle est face à son tragique destin, un destin de douleur et de femme malheureuse, qui ne sera jamais comprise. À ce point, l’interprétation est poignante, et Furya arracherait des larmes à un commando ninjasse. On entend un grognement (très soft, et au loin), et Furya n’en peut plus, se bouche les oreilles et dit : "Mais qu’ils en finissent vite !" On comprend alors par cette réplique que le petit grognement inoffensif est un immense cri de douleur poussé par Siman sous la torture. Petit écart de VF !
 
Staros-Ryu débarque et lance des shurikens à tout va dans la salle de torture. Furya se précipite alors dans la cellule d’Aurora et s’apprête à trancher la gorge de la Princesse avec un net soulagement sadique. "J’ai reçu l’ordre de te tuer si l’on était attaqué". Malheureusement, le destin s’acharne sur la belle Furya, car voici que débarque dans la cellule Ayato-Le Fantôme. Ça sent la bagarre. Vénor le félon débarque dans la pièce. Aurora a alors une réplique très drôle : "Koaaa ? Kwomment ? Tu es de mèèèèèche avec les stressôsses ?" La bataille est rude. On note cependant : un joli rapport de force entre Ayato et Furya, chacun essayant de sa  lame de trancher la gorge de l’autre, rapport quasi-immobile mais dont on devine l’effort. Très beau. Voilà que les deux opposés s’immobilisent en quelque sorte comme deux entités gilgameshiennes, et donc sœurs en quelque sorte, opposées mais sœurs. Beau.
À un autre moment, Furya et Vénor sont coincés dans les escaliers par Ayato et Siman, mais ils s’échappent quand même en s’enfuyant à la limite du champs gauche, là où le minuscule décor s’arrête, car ils savent que la caméra ne peut pas panoter sans montrer les techniciens en train de tourner, et que de fait, ils sont sauvés s’ils échappent aux limites du cadre. Retour de la structure, c’est assez beau.
Le nainjazz aux trois vissages sort un feu de Bengale et essaie de tuer nos héros avec.
Siman nous fait bien rire. En voulant taper sur Alphamor (une des trois entités du ninjasses aux trois visages), il fait des moulinets avec son bras pour donner plus de force à son coup, et au moment de frapper, Alphamor se baisse et Siman frappe le mur, ça fait mal, rires !
Enfin, Siman approche de Mégamor en essayant de lui donner de gros coups de tomawak, sans succès. Siman fait : "oh, regarde la haut !". Alpahmor regarde derrière lui, et Siman le frappe quand il a le dos tourné ! Hahahaha !
Le nigasse aux trois lissages en a marre. Il décide donc de s’autodétruire sur le champ. Vite, sortons, dépêchons-nous. Trois secondes et un plan plus tard, nos héros sont déjà à 12 kilomètres de l’explosion. Ouf, c’était juste. Tout le monde est sain et sauf (et Furya ?).
Ayato, Ryu et Siman reçoivent la plus haute distinction honorifique du Peuples des Racines : une vague couronne de lierre tressé. Très chic, mais moins classe que le costume du Prince Héritier qui, pour l’occasion, a délaissé son habit d’enfant sauvage façon Mowgli pour revêtir sa plus belle panoplie d’Elvis Presley (période 70 !).
 
Il est temps de repartir. Le San Ku Kaï décolle vers de nouvelles aventures. Le traditionnel "au revoir Ayato !" en plongée à des centaines de kilomètres de distance car le vaisseau s’éloigne, générique, c’est dans le sac. C’est ainsi que se termine l’épisode 12, et aussi cet article, le plus long jamais écrit sur ce blog, oui, mais en même temps, c’est l’anniversaire du site, un an, et donc c’est bien normal que ce soit un peu roboratif. Il s’éloigne avec cette impression du devoir dûment accompli, et s’en va boire un petit kawa sur la terrasse glacée de cette matinée d’hiver. C’est bien.
 
Simplement Vôtre.
 
Dr Devo.
 
Dans l’espace, l’index fait rage :
 
Episode 2 : Les Ninjas
Episode 4 : Le Camp
Episode 6 : Le Roi Golem
Episode 8 : Du sang froid
Episode 11 : Princesse

Publié dans Lucarnus Magica

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A
une idée saugrenue me vient à l'esprit... Vous croyez que Peter Jackson aurait pu s'inspirer de la chute de Ryu pour réaliser la scène de la chute de gandalf, dans La Communauté de l'Annneau? cette chute... cette fin... et pis BAM ! au début des Deux Tours, on le voit qui poursuit sa chute et se bagarre avec le Balrog!!! c'est-y pas brillant comme analogie??<br /> bon, enfin , c'que j'en dis moi, c'est pour aider hein...
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S
Te souhaite de bonnes fêtes de fin d'année à toi et à ta p'tite tribu !
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E
Je suis choquée. Bon anniversaire !
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B
Absolument. "Que la diarhée d'image soit avec vous! Que les petits chocolats filmiques succulents et pestilentiels vous enivrent cette nouvelle année de mille et mille matières soyeuses! Puissiez vous barbotter éternellement dans la fosse de jouvence des sales obscures où tout bronze brun caca!"
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L
"devoir dument accompli" ? Certainement au vu des fenêtres pertinentes, drolatiques et sans concessions que tu ouvres tous les jours depuis 1 an sur le cinema ; bon anniversaire à la matière focale !
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