BON CHIC MAUVAIS GENRE #119: spécial "Japon Extrême"

Publié le par Dr Devo

[Affiche provisoire et bricolée à la va vite !]

[Affiche provisoire et bricolée à la va vite !]

BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée mensuelle double-programme consacré au cinéma transgressif, rare, délirant et précieux –programmée amoureusement par les projectionnistes du cinéma Majestic de Lille- revient ce vendredi 16 juin.

Pour finir en beauté cette 15éme saison de BCMG, nous vous proposons une soirée complètement frappadingue et absolument sublime esthétiquement consacrée au cinéma japonais extrême, à travers les films de deux des plus cultes réalisateurs nippons.

Et ces deux séances pourraient changer le cours de votre vie (de cinéphile, voire plus !).  

A 19h00, nous commencerons avec le sublime TESTUO de Shinya Tsukamoto, délire cyberpunk halluciné mêlant rage contre la Société et une inventivité cinématographique de tous les instants ! Un film beau, dur, rugueux à re-découvrir sur grand écran.

A 20h30, un autre film culte nous attend : le merveilleux et totalement inclassable HOUSE de Nobuhiko Ôbayashi. C’est un film de maison hanté de détraqué, entre film de collège, délire à la Ken Russel, film ultra-psychédélique, aux acteurs ultra-hystériques et où chaque plan est totalement renversant !

Alors, si vous ne connaissez pas ces deux films, ne vous affolez pas et suivez le guide…

 

19H00 : TETSUO  de Shinya Tsukamoto – Japon – 1989 – 67 min – VOSTF – copie numérique (dcp)

Avec : Tomoro Tagushi, Kei Fujiwara, Nobu Kanaoka, Shinya Tsukamoto, Naomasa Musaka, Renji Ishibayi…

Japon, fin des années 80. Un homme solitaire s’enfonce une tige de métal dans la cuisse. Très vite, la plaie s’infecte et le fait souffrir. Il s’enfuit en courant et se fait percuter par une voiture. Le conducteur, un simple employé de bureau découvre un peu plus tard qu’un petit morceau de métal lui sort de la joue. Pour cet homme absolument anonyme, c’est le début d’un long calvaire. Car son corps se transforme et commence à attirer tout le métal environnant…

Quand TETSUO sort sur les écrans à la fin des années 80, Tsukamato, s’il est inconnu du public, a déjà réalisé des courts-métrages placés sous le signe de la débrouillardise et du DIY ("fais le toi-même"). Bien que fauchés, ses films sont marqués par une rage énorme de faire du cinéma et une inventivité narrative et esthétique très spectaculaire.

TETSUO est un film unique qui ne ressemble à aucun autre. Il marquera la critique et certains spectateurs de manière indélébile, car ils comprennent immédiatement que l’on a ici à faire à un cinéaste fou et précis dont le film est un à la fois un cri et un pavé dans la mare des productions cinématographiques convenues.

En pratique, le film est aussi fou que beau, et c’est peut dire ! Tsukamoto fait presque tout : cadrage, montage, acteur, co-direction de la photographie, effets spéciaux.. Le résultat est une œuvre totale qui transpire d’inventivité à chaque seconde. Tsukamato utilise tous les leviers de la mise en scène (son, image, montage, étalonnage, échelle de plan très extrême) et livre un film extrêmement nerveux, quasiment hystérique.

Le sujet, furieusement cyberpunk, est tout aussi dérangeant. A partir d’une narration disruptive qui envoie balader les règles habituelles pour privilégier un sens totale de l’abstraction et de la poésie, Tsukamoto livre un portrait dur des pays modernes où la rage et le chaos intérieurs des individus sont toujours prêts à surgir au moindre accident. L’individu lambda, écrasé par le système se transforme alors en monstre de souffrance jusqu’à ce que le corps mute en un nouvel état, une nouvelle chair (Tsukamoto est fan de Cronenberg!). Le montage rythmé est presque brutal et forme une symbiose extraordinaire avec un son agressif et une musique totalement industrielle. Tsukamoto utilise toutes les techniques en matière de photographie, de changement de support (pellicule, vidéo, re-filmage d’image, etc…), d’effets spéciaux (notamment des effets de pixilation superbes). C’est une symphonie du chaos, toujours précise mais aussi toujours transcendante.

TETSUO est un film extraordinaire aux incessantes fulgurances, une chef-d’œuvre de précision et d’audace qui, étonnamment, n’est pas que dérangeant. C’est aussi une œuvre enthousiaste, une ode à la créativité, un démonstration implacable qu’un cinéma sublime et total est possible, quelque soit le budget du film ! Et de manière plus prosaïque, TETSUO pourrait être pour vous un de vos plus grands moments facve à un grand écran…

 

20H30: HOUSE (Hausu) de Nobuhiko Ôbayashi – Japon – 1977 – 90 min – VOSTF- copie numérique restaurée  (dcp)

Avec: Kimiko Ikegami, Miki Jinbo, Kumiko Ôba, Ai Matsubara, Mieko Satô, Masayo Miyako, Shöichi Hirose…

Japon, fin des années 70. La jeune Oshare est fâchée contre son père qui songe à se remarier. Elle décide alors d’aller rendre visite à sa tante en compagnie de ses amies du lycée. Ravies d’aller passer les vacances à la campagne, les jeunes filles sont soudainement intriguées, car dans la maison, d’étranges phénomènes commencent à se produire …

C’est la grande major japonaise Toho (productrice de la série GODZILLA mais aussi de Kurosawa) qui commande au Ôbayashi, alors réalisateurs de pubs, un scénario. Et pas n’importe lequel ! LES DENTS DE LA MER vient de cartonner partout dans le monde, et la Toho veut surfer sur ce succès pour adapter le film de requin à la sauce japonaise. Ôbayashi n’en fait alors qu’à sa tête et n’honore pas du tout sa commande ! A la place, il écrit un film de maison hanté basé sur ses propres peurs d’enfants ainsi que celles de sa fille, alors toute petite. Un fois ce scénario trèèèès bizarre écrit, la Toho est dans l’embarras pour deux raisons. Primo : elle ne comprend rien au film. Secondo : elle ne sait pas à qui en confier la réalisation. Le scénario reste dans les tiroirs. Ôbayashi ne perd pas de temps. Il fait édité des posters du futur film, imprime des romans et des mangas dans l'univers du film et sort même le disque de la B.O !

Et là, tout bascule : le succès est immense ! Ôbayashi se voit convier la réalisation et le film devient culte au japon aussi bien pour le grand public que pour les critiques.

C’est histoire est bien folle, mais ce n’est rien à côté du film lui-même.

HOUSE est donc un film de maison hanté mais totalement délirant. Sur un ton drôle et assez effrayant, il distille son fantastique dans une atmosphère inspiré du cinéma de genre européen (notamment italien)  et lorgne du côté de l’avant-garde européenne de l’époque (on pense à Ken Russel !) tout en gardant un narration frappadingue, poétique à 200% et disons le, propre à son réalisateur.

HOUSE, bien que très éloigné de TETSUO a  en commun avec le film de Tsukamato, une rage immense de faire du cinéma totalement libre et original, osant tout, ne se refusant aucune excentricité. Le résultat est HA-LU-CI-NANT ! Décors sublimes, photographie complétement folle mais superbe, acteurs hystériques qui à la fois pédalent dans les descentes et  savent garder leur précision de jeu dans toutes les outrances, montage halluciné, narration inventive et complétement fofolle (par exemple : un des personnages qui reste bloqué pendant 45 minutes dans une ellipse !), effets spéciaux incroyablement inventifs, superposition d’images, etc..

On est scotché devant tant de fantaisie et de  photos à chaque seconde. Le ton est lui aussi particulier entre film d’horreur bon enfant, amour effrayant pour le grotesque, psychédélisme et parfois vrais sentiments de terreur.

Öbayashi inventé à lui tout seul tout un cinéma, toujours d’une beauté à couper le souffle et qui frappe par un soif de liberté hallucinante. Plus qu’un film culte, c’est  simplement un chef-d’œuvre –terme que l’on réserve trop souvent aux films graves-, et, quitte à me répéter, HOUSE, sur grand écran, pourrait être un des deux ou trois séances les plus marquantes de votre vie de cinéphile. Certains d’entre vous, très certainement, nous remercierons à plat ventre d’avoir programmer le film ! Vous allez vivre un grand moment :  c’est une promesse !

Dr Devo.

 

 

Dress-code de la soirée (1 dvd + & abonnement à la plateforme Shadowz à gagner pour le meilleur déguisement !): tout ce qui a rapport avec le Japon et/ou la folie, robot, cyborg, personnage bio-mécanique,  chat, lycéennes, personnages japonnais, fantôme, revenant, esprit frappeur, Jairo ou spectateur du Majestic. [D'une manière générale, tous les déguisements sont acceptés!] Les prix pour le concours de déguisement sont donnés au début de la deuxième séance !

Réservations possibles dés le lundi 12 juin à la caisse du Cinéma Majestic à Lille ou sur le site ugc.fr. Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le magazine Distorsion et les projectionnistes du cinéma Majestic. Tarifs: 14 euros les deux films  (réservations pour ce tarif uniquement en caisse du Majestic) / 1 film aux tarifs habituels.

Les cartes UGC illimitées fonctionnent pour les deux films !

Invitez vos amis via la page-évenement facebook de la soirée: cliquez ici !

Prochain BON CHIC MAUVAIS GENRE: septembre 2023.

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C
Le doute me procure autant de plaisir que le savoir.
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