BON CHIC MAUVAIS GENRE #118: spécial "Alternative Sci-Fi"

BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée mensuelle double-programme consacré au cinéma transgressif, rare, délirant et précieux –programmée amoureusement par les projectionnistes du cinéma Majestic de Lille- revient ce vendredi 19 mai.

Voilà bien longtemps que nous n’avions pas proposé de soirée consacrée à la science-fiction. C’est un tort !

Nous avons donc choisi de vous proposer deux films de SF mais qui exploitent le genre de manière très originale et quasiment alternative. Au programme, deux films totalement différents mais qui ont pour point commun d’être absolument magnifiques, d’une part, et de ne ressembler à aucun autre film, d’autre part.

A 18h00, nous vous proposerons le sublime UNDER THE SKIN de Jonathan Glazer où une créature étrange et mutique, incarnée par la belle Scarlett Johansson, tente de séduire des hommes pris au hasard dans la rue pour les emmener dans un lieu plus qu’étrange… Un film sublime, ambitieux et déchirant.

A 20h30, le changement d’ambiance sera total puisque nous verrons LES MUTANTS DE L’ESPACE, film s’animation réalisé par un des réalisateurs les plus azimutés : Bill Plympton ! Si vous ne connaissez pas Plympton, vous allez découvrir une nouvelle galaxie faîte d’humour et de surréalisme, au style graphique unique qui ose absolument tout !

Alors, si vous ne connaissez pas ces deux films, ne vous affolez pas et suivez le guide…

18H00 : UNDER THE SKIN de Jonathan Glazer – Angleterre – 2014 - 108 min – VOSTF – copie numérique (dcp)

Avec : Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams, Lynsey Taylor Mackay, Dougie McConnell, Kevin Mcalinden, D. Meade…

De nos jours en Angleterre, une jeune femme mystérieuse et mutique parcourt les rues au volant de sa camionnette pour chercher de jeunes hommes. Une fois dans le véhicule, la jeune femme les emmène dans un étrange maison où ces hommes disparaissent… Puis, la traque pour une nouvelle proie reprend...

Avec un ambiance déroutante, à la croisée d’un certain "réalisme" et d’une abstraction bien plus étrange, UNDER THE SKIN revisite de manière inédite le mythe et le théme de l’extra-terrestre sous un jour troublant et énigmatique. Avec un sens posé mais terriblement efficace du rythme, Jonathan Glazer impose dans son film un suspens tout en "slowburn". La cruauté de la traque de jeunes humains devient effrayante de froideur, mais se révélera aussi dure et poignante. Toute creature, humaine ou non, est traquée, livrée à une nature impitoyable qui, quand on la confronte, ne semble n’offrir qu’une issue : la mort.

Un sentiment puissant et déchirant de solitude absolue se dégage de UNDER THE SKIN. C’est aussi, outre l’originalité remarquable du film, grâce à une mise en scène sublime, privilégiant aussi bien l’organique de ces décors que l’abstraction géométrique de ses aspects les plus fantastiques. Le montage est merveilleux, la photo superbe, les effets spéciaux étonnants, et la musique envoûtante. Le film est d’une grande beauté formelle, toujours au service de la sensation et de l’intime. UN DER THE SKIN ne ressemble à aucun autre film, et loin de sa réputation purement "arty" et cérébrale, c'est au contraire un film où l’âme des vivants hurlent, où chaque sensation appelle un sentiment fort et vibrant. Difficile de rester insensible à ce film poignant qui multiplie les moments de bravoure en terme de mise en scène (on pense à la traumatique scène de la plage). Decouvrir UNDER THE SKIN est un grand moment de cinéma, surtout sur grand écran. Jonathan Glazer signe ici un des films très importants de ces dernières années, et il sera très certainement considéré comme classique dans les années à venir...

20H30 : LES MUTANTS DE L’ESPACE (Mutant Aliens) de Bill Plympton – Canada – 2001 – 81 min – VOSTF – copie numérique (dcp)

Avec : Dan McComas, Francine Lobis, George Casden, Matthew Brown, Jay Cavanaugh, Kevin Kolack, Bill Plympton, Anthony Arcidi…

Earl Jensen, astronaute américain, s’apprête à s’envoler pour une mission dans l’espace en laissant derrière lui sa petite fille Josie. Mais si le lancement est un succès, le docteur Frubar, directeur de la mission, a d’autres projets en tête : faisant croire à un accident, il abandonne Earl dans l’espace et fait accuser la fillette, témoin de son geste. Vingt ans après, Josie, qui travaille dans un observatoire, découvre un astéroïde sur le point de s’écraser sur la Terre. Mais c’est en fait la capsule de son père...

Parmi les maîtres de l'animation, Bill Plympton a une place totalement à part. Avec son style crayonné délirant mais toujours précis, le réalisateur ne se refuse rien et ne recule devant personne. A l'image d'un John Waters, Plympton ne se pose pas la question du bon goût.

Ses scénarios sont totalement frappadingues mêlant, sexe, musique, mutilations et déformations des corps jusqu'à l'absurde. Il faut parfois se pincer pendant la projection pour être bien sûr d'avoir vu ce qu'on vient de voir !

Bref, chaque film de Plympton est une expérience incroyable. Ici, il reprend ses thèmes favoris et assez politiques. Militarisme outrancier, besoin d'un "grand ennemi" (ici, les fameux mutants), folie religieuse, fièvre médiatique, propagande et bien sûr le sexe : tout y passe ! Plympton est d'abord un caricaturiste qui livre une vision acerbe de la société américaine. LES MUTANS DE L'ESPACE est une espèce d'apogée de son cinéma drôle et non-sensique où le gore et le délirant déclenchent cataclysme sur cataclysme. Tout ce dont on a besoin pour un BCMG réussi !

Dr Devo.