LES AMATEURS N'APPRECIERONT PAS !

Publié le par Mr Mort

Mode d’emploi de l’article. En gras, les phrases issues du prospectus. En normal, mes phrases.

"Les téléphones mobiles de dernière génération permettent de filmer en vidéo : c'est la naissance de nouveaux projets artistiques et cinématographiques, de nouvelles écritures de l'image."
 
Sur mon ancien site "Cinémort", je développais le concept de Cinémort (c'est bien foutu), cousin-jumeau des théories devolutionnistes, quelles qu'elles soient, et il fut logique de demander l'asile politique ici, sur Matiere Focale.
 
Les téléphones mobiles de dernière génération permettent de filmer en vidéo, dit-elle, et bien, grand bien lui fasse. Moi, mon PQ (de dernière génération, soyez-en sûrs) me permet de me moucher dedans, autant que de m'essuyer après une grosse commission, et franchement, cette évolution ne va pas marquer la naissance  de quoi que ce soit, et surtout pas de nouveaux projets, et encore plus, vraiment pas de nouveaux projets artistiques. Quoique, ça expliquerait pas mal de choses du côté de certains réalisateurs...  On remarquera également que si du papier toilette peut servir, en cas d’urgence, de mouchoir, qu’une caméra, par contre, ne peut que difficilement servir de téléphone.
 
"C’est la naissance de nouveaux projets artistiques et cinématographiques, de nouvelles écritures de l’image." Ha bon ? Le téléphone portable pourrait servir effectivement pour "de nouveaux projets artistiques". On peut composer ses propres sonneries sur un téléphone portable. On peut donc imaginer des albums composés au portable ! Je ne crois pas en avoir déjà entendu ceci dit. Quant aux "nouvelles écritures de l’image", là, j’y crois à fond coco. Enfin des films qui utiliseront le montage, enfin l’exploitation de l’échelle de plans dont l’absence, dans les films commerciaux et art et essai (qui évidemment sont les mêmes), est souvent décriée avec énergie et sans relâche par mon hôte, le Dr Devo ! Ca, c’est une bonne nouvelle : les cinéastes vont recommencer à faire de la grammaire cinématographique ! Merci SFR ! Ouf ! J’ai vraiment hâte que ces films sortent en salles, l’année prochaine sans doute… J’ai hâte.
 
"En partenariat avec Lille 3000 et le Forum des Images (Paris), la Maison de Folies de Wazemmes propose le premier festival de cinéma consacré aux films réalisés avec téléphone mobile."
Permettez-moi de faire une pause, parce que déjà, là, je suis complètement en train de… Je suis excité, quoi ! Mon rêve devient réalité ! Halleluyah !
 
"Deux jours de projections, d’ateliers, d’installations multimédia (!!!???!) et de convivialité !"
Ben oui, il ne manquerait plus que l’ambiance soit pourrie en plus ! Je n’insiste pas sur le reste, parce que je vais y revenir. Allez, on tourne la page.
Là, il y a plus de texte. Accrochez-vous. [C’est lamentable, le texte n’est même pas rédigé en essémesse, vous savez, ce langage qui a permis de nouvelles formes d’écriture !
 
"2 journées complètes de diffusion (Oh mon Dieu !) : pas moins de quatre-vingt films réalisés sur un téléphone mobile, du court au long-métrage."
Zuuuuubliiiime ! Fous zètes guénials ! Vous fésez des gourts-métraches, mais auzzi des longs ! Je n’en peux blus, j’ai trop hateuh ! 
"Une compétition (tu m’étonnes, nous y voilà !) choisit de distinguer une vingtaine d’œuvres…"
Oui, dans les festivals banals ou minables, c’est un Jury qui distingue des œuvres ? Mais ici, on est au-delà de ça ! Non seulement ce n’est pas un Jury qui distingue les oeuvres (ce qui sous-entend que les prix seront désignés par ordinateur, ou en départageant les concurrents par une course en sac, ou une épreuve de roulette russe), mais de plus, on ne décerne pas de prix, mais "on choisit de distinguer", nuance ! Tous ces films sont formidables, et par conséquent, il serait stupide de récompenser certains, ce qui voudrait dire que les autres sont moins bons. Nous sommes tellement dans l’enjeu du cinéma futur que tous les films sont formidables ! De plus, on "distingue", nuance sur laquelle je reviendrai. C’est l’école des Fans de la troisième génération (comme disait Fassbinder !).

(Photo : amateurs de jeu de go, et non pas de GO ! qui par ailleurs est un très beau film)

"… distinguer une vingtaine d’œuvres (moi, je croyais que c’était des films, mais non, c’est ringard les films, les œuvres c’est bien mieux), créées par des jeunes (les plus de 30 ans : dehors) artistes (je me disais aussi !) venus d’horizons variés (cinéma expérimental, photographie, musique, arts plastiques). Au cours de l’année 2005, des téléphones portables leur avaient été confiés".
Je crois que c’est mon passage préféré ! D’abord, on ne va pas présenter des films de gens qui veulent faire du cinéma (des cinéastes quoi !), mais uniquement des gens des arts plastiques ! De plus, on remarque que le texte montre clairement que le cinéma expérimental est plus proche des arts plastiques, justement, que du cinéma. J’ai toujours pensé que ce cinéma était un ghetto, dans le sens où la grande famille du cinéma n’a jamais voulu accueillir de nouvelles formes de narration. Ma théorie est confirmée au-delà de toutes espérances !
En plus, il fallait être élu ! Ne participe pas qui veut ! Art populaire d’accord, mais n’oublions pas que c’est de l’art pour le peuple. De là à le faire participer, faut pas déconner. Adieu, le message universaliste de la première page, où l’on aurait pu penser que tout le monde pouvait réaliser un film !  Donc, ce sont déjà les artistes intégrés dans le circuit de l’Art contemporain qui ont eu le droit de participer. Et là où c’est encore mieux, c’est qu’on leur a payé un téléphone portable !!! Ça, c’est de la démocratisation : tu n’as même plus à vider ton portefeuille, on te fournit les pinceaux pour que tu sois plus libre… toujours à condition d’être dans la sphère des Arts Plastiques, bien entendu. On admirera la qualité du paradoxe. Pour l’instant, je me sens surtout libre d’aller regarder les courts-métrages !
Les réalisateurs sont de jeunes artistes. À l’occasion du festival, on projettera donc un film de Jean-Paul Fitoussi !  Fais péter le Champomy !
On notera également qu’il a fallu un an à ces artistes pour réaliser leur film ! C’est délicieux. Je me demande s’ils ont reçu des aides financières…
 
"L’équipe de Cartoun Sardines, Théâtre en résidence à la maison Folie, a pu également profiter de téléphones portables." Je suis très heureux pour eux.
 
"La Brasserie de la maison Folie est l’espace convivial du festival. On y projette les sélections du Festival ; des réalisateurs (j’adore cet indéfini) viennent présenter leur film ; on boit un verre…"
Oh la vache !
"Le Dimanche…, à 12H, un apéro/débat posera la question des nouveaux formats (galopin, demi, pinte, pinte XL, etc.). Les réalisateurs invités (différents de ceux qu’on qualifie à l’indéfini, ce ne sont pas les mêmes, sûrement) discutent pour mesurer ce que peut apporter ce nouvel outil dans le champs de la création."
Le cinéma, par exemple, je suppose. J’espère qu’il y aura des petites olives…
 
"Pour décerner les prix du public et du meilleur film tourné pendant le festival (on tourne aussi in situ… La période de préparation d’un an était un échauffement sans doute. J’espère que ça a la qualité d’un Sokourov.), une cérémonie sans smoking (Hoooo, les rebelles !) vient clore cette première édition du Pocket film festival. À l’année prochaine !"
Ça, ce n’est pas sûr…
 
Après, ça continue en troisième page, et c’est assez croquignolet. Cette page est intitulée AU-DELÀ DES PROJECTIONS. C’est vrai que ça va cinq minutes, tout ce bazar, il y a quoi d’autre sinon ?
 
Ben, y’a une rave avec des images mixées des films en compét’. "Dans la plus totale convivialité !" J’adore l’adjectif totale, et je pense que ça va être vraiment le cas. Ceci dit, heureusement que c’est convivial. Il ne manquerait plus que l’ambiance soit pourrie en plus.
 
Après, il y a deux installations par deux Artistes issus d’une prestigieuse école d’art contemporain du coin, qui "présentent une installation faite d’éléments que vous leur confiez par sms (vous savez les petits chocolats qu’on mange au cinéma) au 06.66.66.66.66 (j’ai changé le numéro). Pour vous guider, quelques phrases clés : Qu’est-ce que tu attends ? Qu’y a-t-il derrière toi ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Qu’est-ce que tu entends ? Que te manque-t-il ?"
Ha ben voilà, je vais pourvoir participer.
Qu’est-ce que tu attends ? Bon déjà, on pourrait se vouvoyer. J’attends un budget pour pouvoir faire mon film, mais la Commission d’Avance sur Recette n’a pas l’air très emballée…
Qu’y a-t-il derrière toi ?  Attends, je regarde… La porte des toilettes ! Et la bibliothèque aussi ! (N’y voyez pas un lien de cause à conséquence).
Qu’est-ce que tu fais ici ? Ben, mon article !
Qu’est-ce que tu entends ? Le fabuleux morceau KAVALIERE que le Docteur Devo a mis en ligne sur ce site (colonne de droite) par Die Tödliche Doris.
Que te manque-t-il ? Un budget pour pouvoir faire mon film, mais la Commission d’Avance sur Recette n’a pas l’air très emballée. Et il manque aussi la question principale : est-ce que tu viens pour les vacances ?
 
Plus loin, autre événement, intitulé "filmez !".
"Un atelier de tournage est à votre disposition. Réalisez en direct (sic !) votre propre film avec un téléphone portable. Un studio de montage (fichtre !) vous aide à finaliser votre (premier) chef d’œuvre !"
On apprend ici deux choses. Premièrement, on ne vous aide pas à faire votre montage. « On » n’existe pas. Je pense que c’est HAL, l’ordinateur de 2001, qui monte votre film. Deuxièmement, ben oui, t’as le droit de participer, mais hors-compét’, faut quand même pas déconner, pour le fun quoi. Mais ne sois pas triste, ce sera un "Chef-d’œuvre". C’est pas beau, la démocratie ? J’hésite encore entre deux de mes projets qui me tiennent à cœur depuis longtemps : un remake de PSYCHOSE, ou l’adaptation d’une nouvelle d’Arno Schmidt. C’est possible ?
 
Enfin, dernière rubrique : "C’est gratuit !"
"Tout est en accès libre."

J’espère bien, vu le nombre de subventions avec mes impôts !

 

 (Photo : malgré les apparences, il ne s'agit pas des acteurs du prochain film de Matthew Barney (voir plus bas) mais de deux amateurs de Lutte.) 

En conclusion. Ce festival est quand même le plus important jamais créé, sinon dans la taille, au moins dans la portée historique. Je vous livre mes réflexions.
 
1) On est tous des artistes !
2)  Enfin, on va revenir aux bases du cinéma pour le réinventer.
3) Le cinéma pour tous. Enfin, surtout si tu es déjà dans le circuit… de l’Art Contemporain. C’est tout bénef’ ! L’industrie du cinéma est confortée dans son monopole, et les artistes plastiques incarnant le mouvement feront sûrement des choses expérimentales, ce qui permettra de ne pas faire évoluer la narration cinématographique sous une autre forme, sinon celle du ghetto.
On est tous égaux dans l’accès à la caméra… mais les petits cochons plus que les autres.
4) Par voie de conséquence, on a tous gagné ! 10 ! 10 ! 10 ! 10 ! 9 ! Et 10 ! On repose les petites plaquettes. 20 films récompensés sur 80 ! Rapport imbattable. Cette remarque confirme complètement la N°3.
4-bis) Le fantasme "tout le monde fait du cinéma" me fait rire. J’ai assisté cette année à une compétition de courts-métrages lors d’un grand festival organisé dans la même ville, et ici partenaire.
On pouvait y voir une compétition "expérimentale". CQFD.
Il y avait aussi une compétition "amateurs" d’une médiocrité sans fond, des choses nulles et banales, sans aucune idée de ce que pouvait être la grammaire cinématographique.
Un de ces courts était tout à fait bon. Bien sûr, il n’a pas eu le prix de la catégorie. Et d’une. Renseignements pris, le Jury n’a pas vu la dite compétition ! Pas très grave, hein, ce sont des amateurs. [Un d'eux, furieux, avait quand même fait plus de 1000 km pour venir, et à ses frais encore !] Ce bon court-métrage était vraiment réalisé par un amateur, et était assez bon pour figurer dans la "grande compét’". Il est évident que, quand on fait une place aux amateurs, il s’agit bien sûr de récompenser la médiocrité, et surtout de bien garder l’accès au cinéma « professionnel », ou au moins officiel, de tous les manants d’en bas. Pour que tout ceci ait l’air crédible, il faut bien sûr sélectionner le pire des courts amateurs, et placer, comme c’était le cas là, des courts qui n’ont rien d’amateurs. Il y a avait dans cette compétition, en effet, un film irlandais financé par plusieurs organismes officiels, et qui était déjà passé sur Arte ! Très amateur en effet. Envoyez vos courts à Arte, ou encore mieux à France Télévision, et vous allez voir comment ils vont s’empresser de vous diffuser.
5) C’est une évidence mais ça ira mieux en le disant. Depuis quand les nouveaux supports sont source de renouvellement de l’art et de son langage ? Ça me fait rire. Dr Devo rappelait l’autre jour combien le milieu du film documentaire avait râlé lorsque certains avaient osé tourner des films en vidéo ! Maintenant, ils le font tous, avec un manque de perspective et d'originalité effrayant. Bien sûr, entre deux, on est passé du documentaire au reportage, et la télé les vampirise !
La qualité d’une prise de vue avec portable est déplorable. Une autre façon de protéger le ghetto, bien sûr.
Je suis très heureux que mes impôts (enfin, ceux du Dr Devo, puisque je n’habite pas la région !),  servent à faire émerger de nouvelles formes de langage cinématographique.
En quoi, intrinsèquement, cela va changer les paramètres d’expression de ce médium ? Le cinéma, c’est monter des plans avec du son et jouer avec ces leviers. Presque personne ne le fait. Au cinéma, 8 films 10 sont encore aussi cinématographiquement expressifs qu’un film des frères Lumière, ce qui est peu dire. Dire que de nouvelles formes vont émerger est un mensonge débile. Arrêtons de prendre les contribuables pour des imbéciles, et arrêtons  de gaspiller l’argent public sur de tels concepts ineptes valorisant le contenant  (je tourne avec mon portable) plus que le contenu (la qualité du film).
Non seulement les artistes en compétition étaient choisis, mais en plus, tout cela coûte sûrement un fric fou.
Il n’y a donc eu aucune sélection des films au vu de leur qualité ou de leur achèvement.
 
6) Il aurait mieux fallu, bien sûr, organiser une compétition de courts-métrages professionnels ET amateurs, où tout le monde soit logé à la même enseigne. Cela aurait permis d’installer un vrai choix « démocratique », au moins a priori. Et bien sûr, on se serait aperçu que beaucoup d’amateurs font aussi bien que les pros, c'est-à-dire en général, des films aussi nuls !
Je remarque qu’aucun festival ne mélange les deux divisions du sport Cinéma ! Il y a toujours une section amateur, mais à part. Un vrai festival digne de ce nom devrait accepter tous les courts-métrages, du moment qu’ils soient bons, et non sur la validation d’une inscription de visa au CNC !
 
7) Si les Institutions culturelles veulent dépenser le fric du public sur des festivals de cinéma, qu’elles le fassent au moins sur le contenu, et qu’elles arrêtent de nous propagander la tête avec ce semblant de réflexion et de démocratisation. On a compris ici que l’intérêt principal des réalisateurs était d’avoir l’apéro offert !
 
8) Tant qu’un festival de courts mixtes n’existera pas, vous pouvez être sûrs que le cinéma européen continuera à produire des petites bouses, comme dirait le Dr, au kilomètre.
 
9) Le festival a bien dû coûter quelques centaines de milliers d’euros. Pourquoi ne pas avoir fait un concours pour permettre à quelques uns des moins fortunés de posséder un caméscope numérique et un upgrade de leur PC, pour qu’ils puissent faire du montage ? On paie ces gens hors du circuit en leur offrant du matosse, et après, on fait un festival avec ce qu’ils ont fait. Si le résultat est du foutage de gueule, sans montage ni jeu avec le son, on leur reprend leur matériel offert, et on le donne l’année suivante à d’autres pauvres. Et ainsi de suite. Si c'est bon, ils peuvent garder le matériel.
 
10) Un autre sujet intéressant pour un festival de courts aurait été d’obliger des réalisateurs installés à faire des films ayant coûté 1000 euros maximum. Et de voir si la qualité est vraiment moindre, ou pas.
 
11) Et si Dr Devo organisait un Festival amateur ET pro sur son site ?
 
12) Ce week-end, j’étais avec le Dr Devo, que je rencontrais pour la première fois. Bien entendu, après avoir lu ce prospectus, nous avons décidé que, non, finalement, on allait plutôt aller voir les films du cycle CREMASTER de Matthew Barney. C’était vraiment très beau (moyenne du nombre de spectateurs par séance : une douzaine !).
 
Viva la Cinemuerte !
 

Mr Mort. 

(Photo : ben voilà ! Les voilà les vrais amateurs ! Ils ont tout pour réussir. Je n'en doute pas une minute.)

Publié dans Cinémort

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
B
Juste une précision c'est Jean-Charles Fitoussi, et non Jean Paul.<br /> <br /> Et peut être faudrait t-il jeter un coup d'oeil sur ledit film ou encore sur les explications de la démarche de l'auteur avant de bazarder le tout..<br /> <br /> Cordialement.
Répondre
L
Alors Joker!<br /> Non que cela ne m'intéresse de te répondre (bien au contraire), mais disons que si l'on entre dans ces considérations là, je pense que dans la mesure où nous sommes plusieurs à filmer qui conversons ici, je pense qu'un sujet séparé des autres pourrait être intéressant - et éviterait de trop polluer les commentaires sur les portab'films. <br /> Un topic (comme l'on dit, bien que je ne supporte pas ce terme anglais), où nous pourrions partager nos diverses expériences de Kitchen movies (films de cuisine en français), reportages "sur le pouce", cinéma-rock ("terme déposé" Le repassant, qui désigne une façon de se lancer dans  le "cinéma" où l'on sait retrouver l'esprit de simplicité et de collaboration dans la modestie et l'humilité qui anime n'importe quel groupe de rock lycéen ou étudiant), ou courts et moyens métrages plus sérieux, ambitieux et organisés.<br /> Pour commencer un début de réponse sur la question du montage, disons que le sujet est brûlant pour moi, joliment cruel, et que la phrase de Godard qui m'est revenu récemment à l'esprit est celle ci : "Montage, mon beau souci".
Répondre
B
Est-ce que tu te limites aussi pour le montage etc. ? <br /> <br /> Dans la limite d'une journée de tournage, est-ce que tu t'organises avant (préparation) pour aller le plus vite possible, ou bien pas, considérant que la fatalité veut que l'on doive toujours tout recommencer chaque jour, que chaque soir anhile les efforts de la journée et qu'il est vain de se dépêcher, de lutter contre la marée du Mont St-Michel ?
Répondre
L
Ah c'est un "film d'un jour"! Alors cela m'intéresse beaucoup, parce que je pratique moi aussi beaucoup cette forme, que je trouve une des plus formatrices!
Répondre
B
En fait, Julie Delpy a fait un film "Dogme 95" dans la foulée des 4 ou 5 premiers. Il n'est sorti que dans une seule salle (l'Accatone) - donc il fallait un peu se précipiter - et était projeté en vidéo (n'ayant manifestement pas été shooté sur pellicule. Le parti pris minimaliste (limite foutage de gueule, mais ça passe très bien) étant que Julie Delpy fête son anniversaire avec ses ami(e)s aux Stètes où elle vit, tout le monde est là et la fête commence à battre son plein, sauf que : mais où est donc Jimmy, son boillefrènnd ? Bah on va aller le chercher. Voilà, tourné en une journée, emballé c'est pesé, filmé avec désinvolture (apparente), et ça fonctionne tout à fait bien, immensément mieux que ces films tournés avec une usine à gaz, du temps et des sommes faramineuses. Un film d'actrice avec des vrais morceaux de parti-pris de mise en scène dedans. Une réussite je trouve, d'autant que le projet semblait assez casse gueule.
Répondre