DOGS de Burt Brinckerhoff (USA-1976) et STRAYS (KILLER CATS) de John McPherson (USA-1991): La Vérité sur les Chiens et les Chats.

Publié le par Le Marquis




(photo: "Puppet Autel" par Dr Devo)


C’est l’été, les vacances, le repos des neurones, et c’est donc le moment de voir ces films futiles que l’on ne prend pas le temps de regarder le reste de l’année car on est trop occupé à regarder du Bergman et du Tarkovski (bien sûr…). Pourquoi pas quelques films d’agression animale pas du meilleur cru ?

Tiens, DOGS, par exemple. Totalement inconnu en France, le film a une très vague petite réputation outre-atlantique. Son sujet est très simple : probablement à cause d’un « accélérateur de particules » dans le voisinage, qui « agite les phéromones », les bons gros toutous à leurs mamans, parfaitement débonnaires, décident de se réunir en meute pour agresser la gente humaine. C’est tout !
On sent l’envie de cette petite série B, qui débute par un générique ancêtre de la pub Royal Canin, de surfer sur le succès des DENTS DE LA MER tout en allant puiser son inspiration dans LES OISEAUX d’Alfred Hitchcock. La mise en scène est hélas d’une platitude à toute épreuve, terriblement datée. Le héros du film, interprété par David McCallum, présente une atroce coupe au bol négligée mais avec des mèches blondes, coupe qui dissimule presque ses yeux – un bon passage chez le toiletteur ne lui ferait pas de mal, tiens. Rien de particulier à semettre sous la dent. Même si quelques scènes d’agression sont tout juste efficaces, l’ensemble vaut surtout pour son comique involontaire. Les plans montrant des chiens supposés féroces remuer la queue en se demandant un peu pourquoi le monsieur en face d’eux crie comme ça font toujours rire, mais
honnêtement, ils ne sont pas trop fréquents. Le réalisateur tente de limiter autant que possible le comique involontaire, mais certaines scènes tapent quand même dans le mille de ce point de vue : la reprise de la scène de la douche de PSYCHOSE où une femme est tuée par un doberman est correctement troussée mais surtout cocasse ; le concours de dressage à l’école maternelle (« courez, les enfants !!! ») ; je garde une petite préférence pour le personnage de cet homme, témoin d’une attaque des chiens, qui est choqué au point qu’il perd la raison et se prend pour Jésus.
Malheureusement pour Burt Brinckerhoff, ses efforts pour optimiser son petit film complètement anodin sont réduits à néant par la VF (seule version proposée sur un dvd curieusement truffé de bonus et de documentaires sur le film), probablement l’une des pires qui me soient passées par les oreilles ces derniers temps. C’est la VF calamiteuse par définition, qui enfile comme des perles toutes les bourdes et les défauts imaginables. Seuls les dialogues «significatifs» sont doublés (le reste est en VO), ce qui nous donne des passages mémorables comme cet homme luttant contre l’assaut des vilains youkis, qui hurle à perdre haleine « Help ! Help ! » dans les plans larges et "Au secours !" dans les gros plans. Par ailleurs, dès qu’un dialogue est doublé, la bande son disparaît totalement, d’où une atmosphère surréaliste dans les scènes de panique : « Calmez-vous ! Consolidons les portes ! » crie ainsi, dans un silence de mort, un des héros à une foule d’étudiants qui s’agitent en tout sens et discutent à grande voix des dialogues inaudibles. Sans parler des fautes de traduction, et surtout des répliques qui tuent (ce qui est encore l’aspect qui rend la vision de ce genre de films aussi plaisante) : «Oh ! Mon dieu ! Son corps est plein de morsures béantes ! », ou ce savoureux « Les chiens errants seront abattus sans sommation» (pas bouger ! ou je tire !). DOGS s’achève sur un final apocalyptique : tout le monde est mort sauf notre héros atrocement chevelu et sa compagne, qui quittent la ville, tandis qu’un plan final «terrifiant» nous indique que les minous pourraient bien prendre la relève : maudit accélérateur de particules !
Petite anecdote amusante avant d’abandonner le chien : dans le making of du film, le producteur (aux yeux verrons) nous apprend que le spot TV promo avait à l’époque été interdit par la chaîne suite à de nombreuses plaintes de téléspectateurs affirmant que cette bande annonce avait une mauvaise influence sur leur chien !!!

Passons donc aux chats avec cette transition si confortablement proposée par Burt avec le film STRAYS (ou KILLER CATS, ou dans l’édition gentiment proposée par Prism Leisure, CAT’S, LES TUEURS D’HOMMES – avec l’affiche du NIGHTMARE CONCERT de Lucio Fulci. Un (télé)film du non moins anonyme John McPherson, avec plusieurs seconds couteaux dont Kathleen Quinlan (EVENT HORIZON) et Claudia Christian (HIDDEN). Le sujet en est tout aussi simple : mamie à chats vivait ma foi plutôt heureuse avec ses minets jusqu’au jour où un très vilain matou est arrivé et a entraîné sa meute (ça se dit, meute, pour des chats ?) à trucider la pauvre vieille. La maison mise en vente est achetée par un brave couple avec chien et enfant, qui va devoir faire face à l’agressivité des félins, qui ont bien décidé de s’installer dans la demeure et d’en faire leur niche (ça se dit, niche, pour des chats ?).
Un film complètement insipide, avec quelques idées débiles (le mari se défend des attaques à l’aide d’un pistolet à l’eau !) et des incohérences (le cadavre de l’employé des Telecom reste oublié dans la cave sans que personne ne s’en inquiète). Pire, le scénario nous ménage une sous-intrigue de soap (la maison est vendue au couple par la belle-sœur en instance de divorce, défendue par le mari avocat avec lequel elle aimerait bien fricoter : c’est fascinant), histoire d’accoucher de ses 90mn réglementaires. Le mari est allergique aux chats, ce qui permet à l’astucieux scénariste de se servir des éternuements de celui-ci un peu comme de compteur-Geiger pour détecter la présence de chats, ce qui nous vaut une bien bonne réplique : « Mon chien a été taillé en pièces, ma chambre a été saccagée et mes sinus sont complètement inflammés,  j’ai des raisons de
m’inquiéter ».
Histoire de dire quelques amabilités, j’avoue que le mâle dominant (pléonasme – je plaisante), un abyssin hirsute, est souvent impressionnant et parfois très bien photographié ; et que la confrontation finale vaut son pesant de cacahuètes: c’est une sorte de remake de la mise à mort du requin dans LES DENTS DE LA MER II (attention à la prononciation) où le câble sous-marin utilisé pour électrocuter le requin est ici remplacé par le fil du micro-onde ! Amusant… Lecouple n’en décide pas moins de céder, et d’abandonner la maison aux chats pour une fois.
Reste que le film a énormément plu à mon chat Tom, cinéphile averti mais très exigeant (les chats achèteraient Duras) qui va rarement au-delà de la première demi-heure de ce qu’il regarde mais est resté pour une fois scotché jusqu’à la fin – il n’a commencé sa toilette qu’au générique, c’est dire ! Afin de vous proposer un second point de vue plus positif sur ce STRAYS, je lui laisse donc la parole pour conclure.

Le Marquis

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Tom

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Publié dans Corpus Analogia

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L
Oui, j'ai toujours personnellement regretté que le film n'ait pas suivi la logique du récit jusqu'au bout d'ailleurs, sa conclusion est nettement moins sombre - bon film, ceci dit.
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A
En parlant de clebs, "CUJO" n'était pas mal non plus. Un fin sans concession et sans happy-end.<br /> J'ai peurrrr des chiens et des requins...
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