VENDREDI 13 No4 (CHAPITRE FINAL) : Jason à la Ville

Publié le par Dr Devo

Boys and Girls,

 

 

 

 

 

Le Marquis a la forme, merci. Les galettes improbables sont envoyées direct dans la bouche du vorace mange-dvd. Supra-technologie? C'est à discuter! Les étalonnages des bandes vues (ou supposées vus en salle) dérangent. Ça dégouline de Ripolin. Et le grain ou l'approximation des couleurs originelles le plus souvent se perd. Dans les coffrets "Deluxe Valentine" et autres boîtes collector, il faut bien le dire, il faut que ça brille. C'est la guerre vidéo sur écrans interposés. Le soldat cinéphile perdu dans la jungle sait bien que, sur le terrain, c'est une autre paire de manches. Il faut se frotter à la texture, repérer la moindre nuance, le moindre détail. Sur l’écran de contrôle pour salon qu’est la télé, point de nuances étalonnées... Brillance et contraste uniquement. Ce n’est pas juste... Encore une fois, putain de gradés!

 

 

Vendredi.

 

 

Vendredi 13.

 

 

Vendredi 13 No4.

 

 

Vendredi 13 No4, Chapitre Final. Elle s'allonge la guerre et se décline en mille nuances. 4 soirs à tenir, à courir et à essayer d'échapper à l'abominable Jason Voorhees. Le film commence et on n'en veut plus en même temps qu'on en veut. C'est Joseph Zito qui s'y colle. Zito... la Stowe de Proust un peu pourrie.. J'ai vu Zito déjà, et en salle Monsieur! S’il vous plaît! En culottes courtes, voir "Portés Disparus 2" dans la deuxième salle d'un cinéma de province dans lequel 10 ans après, je devais travailler. Zito c'est aussi la série "Delta Force"... "Invasion Usa" aussi, avec Chuck Norris, l'acteur qu'il faut bien qualifier de fétiche. Un mot sur ce dernier: brut, couillu, prêt au sacrifice, antipathique comme ils pouvaient être ces héros-là dans les années 80 (qui rappelons-le sont à jamais perdues qu'on le veuille ou non). Mais aussi, droit dans ses bottes le Chuck : il n’oublie pas les copains, dut-il en mourir. A cette époque là, rien à voir avec Van Damme et les autres. Zito, c'est ça. L'alter ego de Norris. Ça donne envie, pas vrai?

 

 

Donc, on repart à Crystal Lake. 10 secondes après la disparition du patronyme du réalisateur sur l'écran, on se sent chez soi, pas de problème. On est content d'être revenu. On irait bien se baigner nu dans le lac, et attendre la sanction. On ne regrette rien. MMmmmmm... Le pire c'est que l'impression se confirme. Le chapitre final, ou supposé tel, des aventures du rejeton de Betsy Palmer (voir articles Vendredi 13 No1 et 2), de son sacerdoce plutôt, est plus carré. Oh, il ne faut pas s'emballer. Pas beaucoup plus carré que les autres. Mais bon, quelque chose de sec... C'est sûr. On dirait que ça a le goût de sec... On ne met pas immédiatement le doigt dessus. Si, ça vient, je sais... Pas de plans vraiment fous-fous... Pas de bizarreries de cadrages maladroits... Pas mieux cadré non plus d'ailleurs. Mais plus... Ça  y est je sais: pas de caméras subjectives. Jason a fini de regarder à travers les branchages! Ça choque c'est sûr. Mais n'allons pas trop vite. Allons chercher du bois près du lac. Ou bien allons nous balader en forêt. Après tout, on a le temps.

 

 

Et puis, il y avait cette  introduction qui commence, pour une fois là où tout s'est terminé la dernière fois dans le No3. Jason gît mort dans la grange, machetté en pleine tête... On reprend là où on a commencé? Bizarre? Non, Jason prouve là qu'il est un héros  "dévoïque". Voir mon premier article sur ce site. Le début était la fin. Bien, bien et même très bien. Zito, tu poses les choses clairement.

 

 

Ensuite tout va de variations en trahisons. Jason à la morgue. Un brancardier libidineux et loufoque, et une infirmière certes farouche mais qui n'en demande pas moins. Sur l'écran allumé dans la salle des cadavres, une assez hallucinante danseuse aérobique aux mouvements inédits. "J'aimerais bien voir cette émission, dit le Marquis. Je ne suis pas sûr que ce soit de l'aérobic finalement." Encore une fois, il a raison. Sur l'écran télé de la morgue (le film dans le film en quelque sorte, ou plutôt la télé dans le film), la danseuse s'étire dos à un miroir double, multipliant ses occurrences en autant de sœurs jumelles, fesses à fesses dans le stretching. C'est la définition du film. Bravo Zito. L'infirmière zappe, le brancardier râle. Elle veut voir les infos qui annoncent la mort du tueur (les infos et le FBI sont assez absents et incompétents dans cette série des Vendredi 13!). Il râle. Tout cela est étonnant : Jason va en ville! Le film s'est transporté pour la première fois hors de Crystal Lake. Jason est mort et bien mort. Pas fantasmé mort, pas supposé décédé. Mort une bonne fois pour toutes. Petit moment volé comme je t'ai attendu, aurait pu dire le brancardier, mais il rezappe sur l'(a)érobiqueuse avant de s'occuper de Mlle. La pseudo musique disco du poste monophonique 1.0 envahit la pièce et place à l'amour physique. Ha non! Jason, sur son brancard et au-delà, a un mouvement réflexe : il étend le bras, mais pas bien loin. Il est mort. C'est un réflexe, certes, mais assez pour refroidir (déjà) l'infirmière. Elle ne veut plus. On n'est pas des cadavres. Pas de ça ici, tout près de ce mort fameux. Elle part.

 

 

On n'est pas des cadavres? En es-tu si sûre? Jason se réveille massacre l'infirmier. Il lui coupe la tête avec une scie. Comme un poulet, mais l'infirmier n'a pas de réflexe. Il est froid, enfin. Plus loin, dans l'espace pharmacie de l'hôpital, l'infirmière fait tomber une fiole de médicament, se relève et se fait trancher également. Jason reprend du service. Retour à Crystal Lake. Le film peut commencer.

 

 

 Et donc, le père Zito ne fait plus de caméra subjective. Son cinéma se déploie sec, sans fioriture. Il ne fait pas beau sur Crystal Lake. Finie cette ambiance de pré-été des épisodes précédents. Il pleut et ça tonne lourd. On fuit dans la bouillasse. Pas de caméra subjective. Pas de musique que même les personnages entendent (voir article sur Vendredi 13 No3). Et les meurtres curieusement sont secs, sans pause, rapides. On ne s'attarde pas. Jason revient pas content, et il a du temps à rattraper. Des choses à remettre en place. Ça demande de la rigueur.

 

 

Quoi d'autres de notable? Le petit garçon. Le premier enfant de la série (à part Jason qui tire sa nature des épisodes traumatiques de son enfance). C'est Corey Feldman, enfant-acteur et plutôt bon d'ailleurs - cf. "Gremlins" de Joe Dante. Il vit avec sa sœur et sa mère qui s'adonnent avec lui à d'étranges étreintes un peu incestueuses qui bien sûr ont fait rire le Marquis. Le gamin fabrique des masques de monstres de cinéma dans sa chambre, seul. Il compense bien sûr. C'est bien vu. Un peu plus tard, dans une maison voisine, la fête des teen-agers bat son plein. On retrouve un vieux projecteur et un vieux moyen métrage érotique du début du siècle en 16mm. On le passe. La sœur de Corey, qui hésitait à franchir le Rubicon avec son compagnon-minet de service, se décide. Ce sera le grand soir. "Mais donne-moi cinq minutes". Pas de problème. Elle monte dans la salle de bain, lieu funeste et récurent de la série qui nous glace déjà. L'aube sera sûrement rouge. On sait en revenant voir l'action dans le salon où ronronne le projecteur que les festivités vont commencer pour Jason. Massacre dans la salle de bain. Bien. Sec. Puis, retour dans le salon, où le petit dévergondé qui avait trouvé le film coquin (ce qui le faisait ricaner, curieusement) a entendu un bruit suspect, Jason bien sûr. Il se lève et épie. Mais trop tard, le projecteur arrive en fin de bobine et ne diffuse plus que de la lumière blanche dans laquelle le jeune se perd. Blanche comme la mort. Il fixe la source de lumière et attend Jason... qui est déjà là, dans son dos, derrière l'écran qu'il crève de sa machette en même temps que le jeune stupide qui aura le temps de regarder lui en caméra subjective à l'arrière du projecteur où il n'y a personne. Où est le projectionniste? Ce regard subjectif est le plus beau plan du film délicieusement texturé. Massacre des jumelles érotiques ensuite (les deux jumelles qui jouaient d'ailleurs dans "Le Jumeau", le film de Pierre Richard des années 80). Massacre de tout le monde sauf la sœur et le petit Corey. Il se maquille en jeune Jason avec un de ces masques horrifiques. Jason regarde son double. Corey est Jason. Jason est Corey. Putain de guerre. Le trouble ne dure pas longtemps mais assez quand même. Jason se fait massacrer. Corey a été Jason et rien ne sera comme avant. Chapitre final? C'est ça oui! Nouveau Premier Chapitre, plutôt! Jason a remis lui-même son film, ses films, sur les rails. Il a montré qui était le maître, qui était sur le terrain tout le temps. Il a montré qui décidait de l'unité de la série. Générique.

 

 

[la figure du Jason qui se rebelle, du soldat Jason qui se rebiffe contre la société qui veut l'oublier ou le dénaturer rappelle furieusement le sujet du Rambo No1 (First Blood). Rambo No1 que Zito a toujours suivi dans sa décadence et qu'il a dépassé: Jason, lui ne s'est pas rendu aux autorités.]

 

 

C'était très bien. Vivement le No5.

 

 

 

 

 

Fidèlement Vôtre,

 

 

 

 

 

Dr Devo

 

 

(chanson de la semaine: "Example #22" de Laurie Anderson)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Corpus Analogia

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P
Pardon pour la faute de frappe, Il fallait lire : <br /> Bonne Année 2005
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P
Bonne Anné 2005
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