CIEL! MAMAN EST INVISIBLE de Fred Olen Ray (USA-1997): Oh, vous savez, tant que le linge est repassé...

Publié le par Le Marquis

(photo: "Rien sur ma Mère" par Dr Devo)

Cette semaine, je reçois le docteur à domicile. Rien de grave, je vous rassure. Après l’avoir nourri et brossé, je dois donc le cultiver un peu. La pile de DVD (environ 70) que je lui ai mise de côté est prête, mais il n’y a pas assez de choix pour le docteur, qui va puiser dans les étagères une quinzaine de titres supplémentaires. Le Centre Emotif de Paris nous donne pour instruction de commencer par un film dont le titre commence par un C, mais les options (CARNOSAUR, CEREMONY, CEMENT GARDEN, LE CERCLE) sont boudées par le corps médical. Pour finir, c’est involontairement que le choix s’arrête sur un film qui, comme je le réalise après 20mn de projection, commence effectivement par un C : le destin est en marche. C’est passionnant, ce que je raconte. Nous voilà donc devant un film intitulé CIEL ! MAMAN EST INVISIBLE !

Le titre français paraît con comme ça, mais en réalité il colle parfaitement à cette série B tendance familiale qui semble courir, bien tardivement, après le succès de la série des CHERIE ! (CHERIE, J’AI RETRECI LES GOSSES, CHERIE, J’AI AGRANDI LE BEBE, CHERIE, J’AI ELARGI TA MERE…), série potache curieusement initiée à l’origine par le duo Brian Yuzna / Stuart Gordon (RE-ANIMATOR, FROM BEYOND, DOLLS…). En effet, le scénario tourne autour des (més)aventures d’une famille dont le papa, interprété par l’obscur Barry Livingston, ressemble à un croisement entre le très beau Rick Moranis (héros des CHERIES) et l’hilarant Chevy Chase. Papa travaille dans un laboratoire militaire dirigé par le méchant Russ Tamblyn (WEST SIDE STORY, TWIN PEAKS), et il est très malheureux : toutes ses inventions sont attribuées à son patron et destinées à des usages militaires. Fiston (l’acteur du film n’est pas celui de l’affiche – ne me demandez pas son nom, je ne dirai rien) est très malheureux lui aussi, un grand n’arrête pas de se moquer de lui et de le menacer d’emmener sa copine au cinéma
à sa place, même qu’une fois il le fait saigner du nez, le salaud. Maman (Dee Wallace, vue dans HURLEMENTS, FANTÔMES CONTRE FANTÔMES et ALLIGATOR II – LA MUTATION dont la VF est une merveille), dans tout ça, fait bonne figure, et la cuisine, et la lessive, elle est heureuse car entourée des siens, mais on ne la sent pas très épanouie. Dans une belle séquence, elle sort le T-Shirt de son fils de la machine à laver. Ce T-Shirt porte l’inscription “My Mom is No. One!”; mais le point se détache (utilisez Calgon) et le message devient “My Mom is No One ! ». Maman soupire. Cosmo, le chien de la maison, lui, est heureux et a faim. Mais voilà que papa invente la potion d’invisibilité. La vie va enfin changer. Malheureusement, fiston va involontairement faire avaler la potion à Maman…
On doit ce film à Fred Olen Ray, immortel auteur de films comme SCALPS, L’INVASION DES COCONS ou ALIENATOR. Délaissant pour un temps les monstres caoutchouteux, les Drags-Queens androïdes de l’espace et les donzelles seins nus équipées de tronçonneuses, il tape ici dans la bonne grosse comédie familiale, et forcément c’est un peu moins réjouissant. La comédie est bien poussive et ne s’élève jamais au-dessus du niveau de la série « Ma sorcière bien-aimée » - avec voisine fouineuse mariée à voisin fataliste à l’appui (la voisine, c’est Stella Stevens, l’étudiante de Jerry Lewis dans Dr JERRY ET Mr LOVE). Les effets spéciaux, principalement à base de fils invisibles et de peignoirs en plâtre montés sur roulettes, n’égalent pas ceux de L’HOMME INVISIBLE de James Whale (1933, quand même). Comme on s’ennuie doucement, on pointe les éléments positifs du film, à savoir ces éléments doublement négatifs (car moins par moins, ça fait plus, les enfants).
Le scénario d’abord, enfile les incohérences à vitesse grand V. Papa est expédié à l’hôpital psychiatrique par son patron, qui veut par ce stratagème s’emparer de son invention : comment le faire interner ? Rien de plus facile, il clame à qui veut l’entendre que sa femme est invisible. Pour être sûr qu’il soit bien déclaré fou, il se rend d’ailleurs à l’audience, non sans avoir préalablement enlevé Maman, qui doit lui servir de preuve que l’invisibilité existe, mais seulement une fois que Papa aura été interné pour sa croyance en l’invisibilité. Heureusement que Maman, qui s’est échappée, se glisse dans la salle d’audience pour chatouiller Russ Tamblyn et l’obliger à se mettre les doigts dans le nez (heureusement que Dee Wallace n’a pas l’esprit mal tourné…) pendant sa déposition, comme ça c’est lui qui est interné. Papa est libre !!!! Et comme rien n’est trop beau, il se voit offrir le poste de son patron par le général des armées au sein du laboratoire militaire – et du coup, ça ne le dérange plus du tout de faire bénéficier de ses formules à l’armée (ciel ! j’ai inventé le virus ebola !).
Sinon, j’aime bien l’idée que Maman, qui doit bien se déshabiller pour passer inaperçue, se ballade à poil autour de son fils pendant tout le film. Je trouve ça psychanalytiquement intéressant. La musique du film, pachydermique à souhait, est délicieuse, elle donnerait envie de danser à un labrador perclus d’arthrite.
Et j’allais oublier : la juge qui dirige l’audience est jouée par l’épatante Brinke Stevens, actrice aux formes accueillantes et au visage singulier, copine de Fred Olen Ray, vue dans HAUNTING FEAR, HORRORVISION, THIS IS SPINAL TAP, BODY DOUBLE, SORORITY BABES IN THE SLIMEBALL BOWL-O-RAMA, ZOMBIEGEDDON (quel titre!), THREE AMIGOS ou dans un film qui m’avait bien plu (quelqu’un l’a vu ?), l’inquiétant GRANDMA’S HOUSE. Ici, elle ne montre ni ses seins, ni ses fesses : juste ses talents d’actrice.
Mais bon, et pour conclure : tout ça c’est bien joli, Fred, mais ça ne vaut pas HOLLYWOOD CHAINSAW HOOKERS.
PS: il existe un INVISIBLE DAD (toujours avec Russ Tamblyn, mais cette fois avec Karen Black) et un INVISIBLE MOM II, réalisé par Fred, toujours avec Dee Wallace. La question métaphysique est : si je le vois dans un dépôt-vente, est-ce que je pourrai résister ?

Le Marquis.

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Publié dans Mon Général

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