500.000.000 de fans de Richard Gotainer ne peuvent avoir tort!

Publié le par Mr Mort

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[Photo: "You know you may not drive a car" par Dr Devo, d'après une photo de la critique de cinéma Antonia Quirke.]

 

 

 

 

Ha, comme disait le poète, "rions un peu en attendant la mort", la cinémort en l'occurrence dont je suis l'ardant défenseur, vous le savez. Et ne commencez jamais un article par "ha" ou par "ho", ça fait désinvolte! La vraie critique, ce n'est pas ça.

 

A quoi reconnaît-on un critique professionnel de... De moi par exemple? C'est très simple, le Libération de ce mercredi 12 Mars vous donne une sublime réponse. L’article est long puisqu'il fait les deux tiers de la page, et en même temps assez court, si on considère que la photo de la solaire et sublime et je l'aime Tilda Swinton occupe à peu près la même place que le texte. Déjà c'est curieux. Comparez avec Matière Focale. Nous aussi on adore les photos, d'ailleurs, ils sont ou moins quatre à en faire sur ce site, et de la création en plus! Vous remarquerez leurs tailles raisonnables, malgré l'absence de contrainte de taille. Je passe. Alors la dernière moitié de l'article, c'est simple, le p'tit gars nous raconte l'histoire. Rires. La première moitié de l'article est divisée en deux. Dans le premier quart, on parlera de Erick Zonca le réalisateur de JULIA, malheureux film critiqué. Mais qu'est-ce qui lui est arrivé pour qu'il produise si peu, l'ami Zonca? Evidement, notre professionnel ne répond pas à la question, allant même, tenez-vous bien, suggérer la paresse de l'auteur! C'est cocasse.

 

Dans le second quart, c'est beaucoup plus cocasse, puisque le journaliste accrédité parle de l'accueil du film à Cannes, ce qui vous l'avouerez est quand même passionnant! Alors oui, oui, Cassavetes, oui, Gena Rowlands, oui et non, enfin si mais pas vraiment, vous comprenez? Je serais tenter de dire non, et de me dire que le petit gars, il a lu le dossier de presse où je suis sûr, moi qui ne l'ai pas ouvert, on parle de Cassavetes. En tout cas, dans ce paragraphe là non plus, on ne parle pas du film, et on ne dit rien sur Cassavetes non plus, puisque la conclusion de ce paragraphe est: "oui, oui, ok, Cassavetes, ok, mais en même temps, non c'est pas du tout Cassavetes, d'ailleurs ça n'a pas réellement d'importance". Donc voilà un article très long, où on ne dit rien sur le film, sinon raconter son histoire. Le gars a-t-il aimé le film? Ou pas? C'était long ou court? Ca avait quel rythme? La photo était jolie? C'était bien joué? C'est plutôt haletant ou glauque? C'est rigolo ou dramatique? Oui mais non, enfin bon, faut le dire vite, ça dépend des montures comme disait le décidément visionnaire poète Richard Gotainer dans une des chansons de lui que je préfère.

 

Voilà à quoi ressemble, au su et à la vue de tous, un critique de nos jours. Un type qui a sûrement une superbe femme de merveilleux enfants, un appartement dans Paris intra-muros pour loger tout ça, et un bureau à la rédaction, sans doute aussi des tickets restaurants. Etonnant, non?
(Surtout ne pas louper le papier juste en dessous consacrer à 10.000 le nouveau chef-d'oeuvre de Roland Emmerich. Là aussi, ça vaut son pesant de cigarillos cubains, car le gars, un collègue de l'autre (ça doit être bien les réunions de travail, j'aimerais beaucoup voir ça) raconte lui aussi l'histoire du film, sur le mode... cinémort!!!! Rires! Enfin presque, puisque le petit gars raconte le film en entier, oui oui, du début à la fin, re-rires, sous le mode de la périphrase humoristique. Pas une seule fois il ne prend position bien sûr. Enfin, pour dire vrai, il se moque, donc on peut supposer qu'il n'ait pas aimé. On soulignera là aussi, en plus du rigoureux procédé journalistique, la classe totale qui consiste à raconter le film de A à Z, ce qui inclue la séquence de conclusion. Que ce soit Roland Emerich ne change rien à 'affaire bien entendu. On mesure là le respect du spectateur. [Voilà qui me fait penser à une anecdote que raconte souvent Bernard RAPP et qui a, je crois déjà été évoqué sur ce site: lors d'une projection de presse du SANG DES INNOCENTS de Dario Argento, un jeune critique dans les premiers rangs se lève pendant le générique, ce qui est déjà d'une extrême impolitesse car ce générique est en image et cadré et monté (en un mot le film n'est pas fini encore), et se retourne en disant haut et  fort à ses collègues, dans un sourire: "Bon, je crois qu'on est tous d'accord, c'est vraiment très nul!" Ceci est une histoire vraie, bien sûr...] 
Je crois qu'il vaut mieux relire mon article double sur BIENVENUE CHEZ ES CH'TIS et JOHN RAMBO de l'autre jour. Là, non seulement c'est beaucoup plus drôle, mais c'est aussi plus troublant. Il y a comme un charme mystérieux qui se dégage de tout ça, un trouble, une ambiguïté. Et en plus, c'est un beau style, je trouve. Il y a de l'humour mais c'est précis. La langue n'est pas anonyme du tout. Et encore mieux, cadeau bonux: il y a un point de vue. Encore plus fort comme le soulignait avec justesse l'ami Norman Bates: la partie Dany Boon éclaire la partie Stallone, et encore plus fort, Mesdames et Messieurs, réciproquement.
 
Rappelons qu'il y a quelques années le docteur, mon hôte, nous donnait un cadeau merveilleux: LA CHARTE DEVO DE LA CRITIQUE. On voit, dans l'exemple du jour, que celle-ci est d'une actualité brûlante et que sa pertinence est de mise. On pourrait même dire qu'elle bosse, la France d'en bas. Pour être plus précis, on devrait se demander comment il est possible qu'un type payé, un professionnel qui ne fait sans doute que ça, peut en arriver à faire un papier si maigre, pour ne rien dire du tout, là où ici, par exemple, on arrive à rendre un papier plus long, plus fourni et pertinent, alors que la plupart des participants à ce site on des métiers éreintants à côté...
 
Je suis célibataire, beau gosse, et j'écris dans Matière Focale. La classe, non? Allez, camarades, on choisit son camp. Vous vous rappelez de John Steed dans cet épisode de CHAPEAU MELON... avec un labyrinthe. Tout le monde veut entrer dans le labyrinthe, le dominer, en sortir et faire partie du club. Steed, non. Il refuse de rentrer dedans car il sait que c'est ceux qui se perdent dans le labyrinthe et qui veulent entrer dans le club. En ce qui nous concerne, on en veut pas rentrer dans votre club, et pour cause, ça n'en est pas un, et encore plus drôle: le club, c'est nous!
 

Avouez que la vie est bien faite... Je vous embrasse.

 

 
Mr Mort.

 

 

 

 

 

Publié dans Cinémort

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B
"Il faut terroriser les terroristes!" comme disait le grand sage des grandes grimaces. Vous avez raison M. Mort, arrosons les arroseurs, d'essence si bleu-ssi-po, et "dégagez moi ces pouffiasses" ! Bien à vous.
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