BON CHIC MAUVAIS GENRE #130 : Spécial "Dinguerie & Animation"

Publié le par Dr Devo

BON CHIC MAUVAIS GENRE #130 : Spécial "Dinguerie & Animation"

 

BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée mensuelle double-programme consacré au cinéma transgressif, rare, délirant et précieux –programmée amoureusement par les projectionnistes du cinéma Majestic de Lille- revient ce vendredi 31 janvier 2025.

Au programme, une incursion dans le cinéma d’animation mais pas n’importe lequel puisque nous vous proposons deux films qui n’ont rien à voir, mais qui sont tous les deux aussi dingos qu’inventifs.

 

A 18h30, on commencera avec l’immense ALICE du génie de l’animation tchèque Jan Svankmajer, librement adapté du livre de Lewis Carrol, mais dans un style (heureusement) très différents des versions de Disney ou Tim Burton !

A 20h15, direction le Japon, avec le frappadingue PROMARE qui a l’air normal sur le papier mais qui s’avère être totalement barjo dans les faits. Un vrai film de détraqués, je vous l’assure !

Alors, si vous ne connaissez pas ces deux films, ne vous affolez pas et suivez le guide…

 

 

18H30 : ALICE (Neco z Alenky) de Jan Svankmayer – République Tchèque– 1988 –- 86 min – VOSTF – copie numérique (dcp)

Avec : Kristyna Kohoutovà.

A la campagne, la toute jeune Alice s’ennuie. Réfugiée dans sa chambre où elle rassemble de tas d’objets, souvent très singuliers, en un véritable cabinet de curiosité, .elle ne sait quoi faire de ses journées.

Parmi ces objets étranges, il y a un lapin blanc empaillé. Celui-ci prend vie, trouve de beaux habits et regarde sa montre à gousset : il est atrocement en retard. Il s’enfuit.

Alice décide le suivre mais tombe dans un trou, puis dans une espèce de monte-charge qui ne cesse de descendre, jusqu’à aboutir dans un autre monde bien étrange, où elle va essayer encore de suivre ce lapin toujours plus pressé…

La mort récente de David Lynch laisse à beaucoup de cinéphiles un goût bizarre dans la bouche tant le cinéaste à marquer les cœurs et les esprits par son œuvre incroyablement unique et singulière.

Malheureusement, on ne classe que trop rarement Jan Svankmajer dans le club  fermé des réalisateurs de génie encore vivants ! Pourtant, l’animateur tchèque, à l’instar de Lynch, a réalisé de nombreux films à l’univers totalement inédit et singulier, autant dans le ton que dans la forme qui, en terme d’inventivité, n’a rien à envier à son collègue américain.

Arrivé au cinéma par les marionnettes (une véritable institution en République Tchèque) et le théâtre, Svankmajer est  également un cinéaste bien foufou et assurément génial.

Il adapte ici le ALICE de Lewis Carrol, mais dans une tonalité autrement plus nuancée que les versions de Disney ou Tim Burton, et surtout bien moins édulcorée. Là ou les deux américains ont proposé des versions lisses et acidulés du personnage, tout en veillant à ce que le rêve proposé ne dérange rien ni personne, Svankmajer propose tout à fait autre chose, même s’il utilise, pour cet étrange voyage, les voies de l’onirisme lui aussi. Alice le dit elle-même : c’est un récit pour les enfants… Ou peut-être pas ! Elle ajoute qu’il faut fermer les yeux car sinon ne pourra rien voir !

On l’a compris, l’univers de cette ALICE, tourné en prise de vue réelles mais aussi en stop motion (méthode que Svankmajer maîtrise  de manière folle), est bien plus ambigu, entre rêve enfantin et, peut-être, cauchemar.)

Plus encore, ce qui imprègne ce film, c’est le grand sens du surréalisme de son auteur, auquel s’ajoute une bonne dose d’absurde. L'esthétique mi-décatie mi-étrange, est tout à fait superbe et la direction artistique propose un univers d’une richesse incroyable.

Alice, à la fois narratrice, actrice et compositrice  de ce récit en forme de déambulation, doit essayer de trouver son chemin dans cet univers où il y a plus à ressentir et à toucher  qu’à voir passivement. ALICE est un film sur l’expérience par la matière qui sait mêler  étrange, espièglerie, et un grand sens du ludique mais aussi du non-sens. Le récit surprend tout le temps, joue sur les décalages et les répétitions drôles et absurdes, et provoque un sens retors de émerveillement chez l’adulte. A l’arrière plan, on devine aussi une métaphore sur l’oppression et les codes imposés. Car, au final, cette version de  ALICE est aussi un histoire de liberté à trouver et d’émancipation des diktats, sociaux esthétiques ou autres.

Svankmajer est un immense cinéaste, trop souvent ignoré.  Et ALICE, film d’une troublante beauté et d’une d’une inventivité folle, est un chef-d’œuvre à redécouvrir absolument !

 

 

 

20H15 : PROMARE  de Hiroyuki Imaishi – Japon – 2019 – 98 min – VOSTF – copie numérique (dcp)

Avec : Kenichi Matsuyama, Taichi Saotome, Ayane Sakura, Hiroyuki Yoshino, Tetsu Inada, Mayumi Shintani, Rikiya Yoshino…

Il y a 30 ans, les Burnishs un groupe de mutants capable de déformer et contrôler le feu à leur guise, ont incendié la moitié des villes du monde.

Trois décennies plus tard, après que les mutants ont été réprimés, ils continuent pourtant d’inspirer la crainte à la population. En effet, un groupe terroriste et pyromane nommé Mad Burnish sème encore le trouble.

C’est dans ce cadre qu’opère la mythique Burning Rescue, héros adulés et pompiers high-tech des temps modernes. Parmi eux il y a Galo Thymos, jeune tête brûlée,  pompier sans peur mais un peu fou qui n’a qu'une obsession : stopper les Mad Burnish !

Quand ces derniers incendient un nouveau building, Galo en profite pour les affronter…

 

Si l’histoire de PROMARE, franche et directe, est totalement bien écrite et fort sympathique, c’est dans la forme que le film explose tous les compteurs en matière d’audace et  disons-le tout net, de totale dinguerie.

Car sur la forme, PROMARE met la barre très haut en s’imposant des contraintes dingues. Pour Hiroyuki Imaishi, il y a deux règles absolues. Tout d’abord, l’animation ne doit pas rechercher la fluidité mais au contraire être faîtes d’à-coups, et ce à chaque seconde. La vitesse doit être aussi au diapason et se faire brusque, faite de ralentissements brutaux ou d’accélération hystériques, même dans un seul plan. En variant les vitesses et en multipliant les accidents, PROMARE devient ainsi un film totalement dingue certes,  mais aussi se vit tout en sensation, ce qui donne une force dramatique sidérante à l’ensemble.

Comme si cela ne suffisait pas, PROMARE s’impose une deuxième règle. Il s’agit alors de mélanger des tons un peu pastels avec des couleurs plus primaires, sans se soucier si l’ensemble semble criard. Et puis, il y a la géométrie du dessin et de la mise en scène. Pour Imaishi plus il y a de triangles, de rectangles et de carrés qui découpent l’ensemble du plan, mieux sait. Du coup, chaque plan semble surcadré des dizaines et des dizaines de fois dans une vision fétichiste de l’image géométrique qui donne une folie énormissime au film. Même qu’on est habitué à la folie dun cinéma nippon, on est ici scotché par la puissance de ce double système de règles qui rend le tout si palpitant et si subjectif.

Inventif, aussi tête brûlée que son héros, et terriblement ludique, PROMARE est un film beau, fou et courageux dont il faut ressentir le vertige et l’impact sur grand écran. Si vous aimez les expériences hors-normes et les formes de cinéma les plus uniques, PROMARE est à ne pas rater !

 

Dr Devo.

 

 

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Dress-code de la soirée (2 dvd à gagner pour le meilleur déguisement !): tout ce qui a rapport avec l'animation, le Japon ou Alice Aux Pays des Merveilles, lapin, rats, pompiers, policiers, militaires, leader suprême, robots géants ou spectateur du Majestic. [D'une manière générale, tous les déguisements sont acceptés!] 

Le prix pour le concours de déguisement est remis au début de la deuxième séance !

Réservations possibles dès le jeudi 27 janvier à la caisse du Cinéma Majestic à Lille ou sur le site ugc.fr.

 

Prochaine soirée Bon Chic Mauvais Genre (sous réserve, mais ça devrait le faire) : spéciale "Magicien Lynch" avec les films LE MAGICIEN D'OZ de Victor Fleming et LYNCH/OZ de Alexandre O. Philippe.

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Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le magazine Distorsion et programmée par les projectionnistes du cinéma Majestic.

Tarifs: 14 euros les deux films  (réservations pour ce tarif uniquement en caisse du Majestic) / 1 film aux tarifs habituels.

 

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