BON CHIC MAUVAIS GENRE #129: spécial "Sexe, Sexe, Sexe et Sociologie"
BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée mensuelle double-programme consacré au cinéma transgressif, rare, délirant et précieux –programmée amoureusement par les projectionnistes du cinéma Majestic de Lille- revient ce vendredi 20 décembre.
Une soirée qui promet d’être scandaleuse car nous allons parler de sexe, de sexe, de sexe (un peu) et de social (vraiment beaucoup) ! Pour cela, comme souvent lors des soirées BCMG, nous avons choisi deux films qui n’ont vraiment rien à voir !
A 19h00, nous vous proposerons l’étrangement drôle RITA, SUE AND BOB TOO de Alan Clarke, comédie anglaise tournée en pleine ère Thatcher où deux lycéennes ont une liaison avec un homme plus âgé pour qui elles font du baby-sitting ! Derrière ce trio improbable se cache le portrait d’une société sans suspens, surtout si on est jeune et surtout si on est une femme. Un drôle de sujet pour faire une comédie !
A 20h50, nous vous inviterons à découvrir le trop injustement méconnu THE BETA TEST formidable film de l’acteur-réalisateur indépendant américain Jim Cummings qui joue ici un homme de 40 ans, agent dans le milieu des séries télévisées. Il dirige sa boîte et va bientôt se marier ! Il reçoit un jour ans sa boîte aux lettres une invitation provenant d’une inconnue qui l’admire et qui lui propose de passer quelques heures dans un bel hôtel pour avoir une relation sexuelle sans lendemain ! Fichtre !
THE BETA TEST une un film très drôle (mais pas une comédie) qui lorgne vers le thriller sans vraiment en être un, et qui frôle parfois les limites de la folie mentale ! Un film extrêmement original, même pour un film indépendant américain, et qui se paie le luxe d’être toujours beau. Un vraie surprise !
Alors, bien sûr, si vous ne connaissez pas ces deux films, ne vous affolez pas et suivez le guide…
[Cette bande-annonce est lunaire ! Les critiques citées disent n'importe quoi sur le film, c'est hallucinant !]
19H00 : ALICE, SUE AND BOB TOO de Alan Clarke – UK– 1987 – 89 min – VOSTF – copie numérique (dcp)
Avec : Siobhan Finneran, Michelle Holmes, George Costigan, Leslie Sharp, Kulvinder Ghir, Willie Ross, Danny O’Dea Jane Atkinson…
Au milieu des années 80, dans une ville ouvrière du nord de l’Angleterre, Sue et Rita sont deux lycéennes et meilleures amies. Pour se faire de l’argent de poche, elles font du baby-sitting chez un couple de la classe moyenne qui vit dans un beau quartier de la ville. Un soir, alors que le père de famille ramène en voiture les deux jeunes filles, il les amènent sur les collines qui surplombent la ville. Il propose aux deux lycéennes d’avoir des rapports sexuels. Contre toute attente, elles acceptent …
Nous avions passé l’année dernière le film SCUM, réalisé par Alan Clarke où l’on suivait les pas d’un jeune anglais enfermé dans une maison de redressement inique et violente. Clarke, dont le film le plus culte est sans doute ELEPHANT, est surtout connu pour ses films assez sombres, très sociaux et dont la charge politique est certaine.
Quelle surprise alors que découvrir ce RITA, SUE AND BOB TOO qui non seulement est une comédie mais qui plus très malpolie pourrait-on dire, car il s’agit de sexe, certes, mais aussi d’un trio que la morale réprouve largement.
Mais est-ce si étonnant que cela de la part de Alan Clarke ?
Avec cette histoire de jambes en l’air, Clarke dresse un portrait assez hallucinant de l’Angleterre thatchérienne, notamment de la classe ouvrière pour laquelle la période fut d’une dureté absolue. Si les situations sont assez vaudevillesques voire carrément cocasses, le film explore avec un filtre des plus inattendus (le sexe donc) incroyable désarroi de la société britannique, mais encore plus certainement la difficulté de ces deux jeunes femmes à trouver leur place dans un société qui ne veut pas d’elles sur le plan économique et sans doute morale. Mais plus encore, c’est le sort fait aux femmes qui frappent le plus. Sans vraiment d’avenir, sous le joug d’une société ultra-machiste voire même carrément toxique, Rita et Sue n’ont pas beaucoup et d’espoir ni rien à attendre du futur morne et glauque qui semble les attendre. Dans cette grande lessiveuse social, tout pose problème, tout améne son lot de désillusions futiles ou cruciales. L’amour, la liberté, l’indépendance, l’amitié et le sexe seront bien malmenés.
Ce n’est donc pas si étonnant que Alan Clarke se soit passionné pour un tel sujet. Si RITA, SUE… est plus "léger" que ses autres films, il arrive aussi à surprendre notamment dans sa description du sexe en totale opposition à ce que l’on voit normalement au cinéma, puisque là aussi, rien ne mène à la gaudriole ou à l’érotisme. Ce qui est bien le signe d’une société dysfonctionnelle !
Un sujet banale et fort, un très bon casting et une vision du Monde juste au service d’une comédie noire : RITA, SUE AND BOB TOO est très surprenant. Comme un Ken Loach qui parlerait d’histoires de fesses !
20H50 : THE BETA TEST de Jim Cummings et PJ McCabe– USA – 2021 – 93 min – VOSTF- copie numérique (dcp)
Avec: Jim Cummings, Virginia NewcombPJ McCabe, Wilky Lau, Olivia Applegate, Jacqueline Doke, Lya Yanne, Jessie Barr, Keith Powell…
Los Angeles, de nos jours. Jordan Hines a tout pour lui. Agent à Hollywood, il possède sa propre compagnie de talents, signent de nombreux contrats avec des acteurs et des réalisateurs et conduit une belle Tesla. Dans quelques mois, il va se marier et tout semble lui sourire.
Mais, il reçoit un jour, une étrange lettre imprimée en lettre d’or sur un luxueux papier. Cette lettre est une invitation de la part d’une admiratrice secrète qui lui propose une relation sexuelle sans lendemain dans un bel hôtel de la ville. Malgré ses fiançailles et son prochain mariage, Jordan hésite. Alors que le jour J approche, Jordan voit sa vie basculer progressivement dans une espèce de confusion et d’excitation qui va mettre à mal son équilibre mental et aussi ses croyances…
Jordan Peele, Ti West Oz Perkins, Justin Benson et Aaron Moorhead pour ne citer qu'eux. On vit une très bonne période pour le cinéma de genre américain avec plein de propositions originales qui n'ont pas froid aux yeux. Par contre, si vous voulez mon avis, on ne parle pas assez de Jim Cummings, acteur-réalisateur de ROLLING THUNDER et surtout du sublime THE WOLF OF SNOW HOLLOW. C’est très injuste car dans le paysage du cinéma indépendant américain, il a une place tout à fait importante. Travaillant avec des équipes fidèles, faisant confiance en son public qui n’hésite pas à financer ses films, il signe des films singuliers, souvent très drôle mais où se côtoie des thématiques plus sombres qu’il sait traîter de façon contemporaine, loin des clichés habituels.
On retrouve ici quelques-unes de ces marottes comme l’abstinence alcoolique, la détermination, la gestion de la colère et d’une manière générale, la santé mentale qui, pour lui, semble être le problème le plus crucial de nos sociétés modernes.
Il emmène le spectateur dans une spirale folle, entre comédie, thriller et film psychologique, notamment grâce à un montage bien foufou mélangeant différentes temporalités, où on distingue parfois difficilement les plans subjectifs et les plans objectifs, et où les son nous désorientent plus qu’ils ne nous indique ce qui est en train de se passer. A l’écran, le résultat est sensationnel, très très impressionniste et sensuel, où tout se ressent avec une incroyable force, plutôt qu’être décrit platement. C’est un bon moyen de suivre la lutte de cet anti-héros avec lui-même et avec une société 2.0 complètement folle qui broie les hommes sur l’autel du profit.
Cummings, et son co-réalisateur et co-acteur PJ McCabe signent avec THE BETA TEST un film extrêmement original dans son fond et dans forme. Le film est toujours soigné, voire parfois très beau, et il s’en dégage une atmosphère et un ton qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans le cinéma américain. Et comme d’habitude, il est servi par un casting impeccable, tout en nuance, qui donne beaucoup de subtilité à un sujet dingo qui emporte tout sur son passage. Il était vraiment temps qu’on vous fasse découvrir Jim Cummings et sa bande !
Dr Devo.
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Dress-code de la soirée (1 dvd à gagner pour le meilleur déguisement !): tout ce qui a rapport les années 80, ouvrier, petit bourgeois, Margaret Thatcher, taxi, agent de stars, manager, réalisateur, acteur, policier, nerds, geeks, hackers, Pierre Bourdieu ou spectateur du Majestic. [D'une manière générale, tous les déguisements sont acceptés!]
Le prix pour le concours de déguisement est remis au début de la deuxième séance !
Réservations possibles dès le jeudi 12 décembre à la caisse du Cinéma Majestic à Lille ou sur le site ugc.fr.
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Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le magazine Distorsion et programmée par les projectionnistes du cinéma Majestic.
Tarifs: 14 euros les deux films (réservations pour ce tarif uniquement en caisse du Majestic) / 1 film aux tarifs habituels.