BON CHIC MAUVAIS GENRE #85: Spécial Dario Argento

Publié le par Dr Devo

[Affiche réalisée par Lammakian Sansenesena.]

[Affiche réalisée par Lammakian Sansenesena.]

Comment célébrer dignement et avec fierté ce dernier BON CHIC MAUVAIS GENRE de l’année et clore en beauté cette 9éme saison de votre rendez-vous double-programme mensuel adoré ?

En se faisant plaisir, pardi ! Et en rendant hommage, une fois de plus, au réalisateur dont ont a présenté le plus de films à BCMG : Dario Argento !

On a en effet rendu plus d’une fois hommage au maître transalpin du giallo, ce genre mêlant thriller, fantastique et parfois même un certain érotisme, à proportion variable selon les réalisateurs qui mixent à leur guise ce trois élémentss et donne toute sa diversité à ce genre délicieux et hétéroclite.

Voici l’occasion de redécouvrir deux films du grand Dario qui n’étaient pas visibles au cinéma quasiment depuis leur sortie (et même jamais vu en salle en ce qui concerne OPERA sorti directement en vhs à l'époque!) et dont nous vous présentons les versions restaurée en avant-première.

Et vous allez vous régaler à (re-)voir ces deux long-métrages enfin sur grand écran.

Nous commencerons avec OPERA, film mal aimé mais qu’il est urgent de redécouvrir tant il est rempli d’audace et de beauté.

Nous verrons ensuite un des films les plus impressionnant du réalisateur : LES FRISSONS DE L’ANGOISSE (dont préférera d’ailleurs le titre original plus subtil : PROFONDO ROSSO). Pour beaucoup, c’est sans doute son plus grand film. Et c’est une opinion qui se défend tout à fait.

 

Vous allez voir : c’est autre chose de voir ces deux films sublimes sur grand écran plutôt que chez soi.

Il n’y a pas à dire : on vous gâte !

 

19H00 : OPERA de Dario Argento– Italie – 1987 – 107min - v.o.s.t.f - dcp.

Avec: Cristina Marsillach, Ian Charleson, Urbano Barberini, Daria Nicolodi, Coralina Cataldi-Tassoni, Antonella Vitale, William McNamara, Barabara Cupisti, Michele Soavi...

Le jour de la première de l’Opéra MACBETH de Verdi, la diva incarnant le rôle principal se fait écraser par une voiture. On demande à Betty, jeune cantatrice loin d’avoir la même expérience, de remplacer la star lyrique au pied levé.

La représentation a lieu le soir même et c’est un triomphe.

Alors qu’elle passe la nuit avec un des régisseurs, Betty assiste au meurtre violentissime de celui-ci. Le tueur, grâce a un dispositif cruel et sadique, oblige en effet la jeune femme à assister à l’exécution sans qu’elle puisse fermer les yeux !

Et ce n’est que le début. Les meurtres se multiplient encore et encore, et le tueur court toujours et ne cesse de tourmenter la pauvre Betty.

Celle-ci se met alors à faire des cauchemars de plus en plus abscons et de plus en plus nombreux...

 

Pour certains grincheux, la carrière de Dario Argento s’arrête au film PHENOMENA (inclus ou exclu), et la suite ne serait qu’une longue décrépitude, une lente décadence vers la nullité absolue et la la retraite méritée en thalasso à La Bourboule.

C’est bien sûr complètement faux, et OPERA, réalisé juste après le dit PHENOMENA, contredira avec aisance cette légende tenace.

Ce qui est en train de se passer, c’est que le style de Argento continue d’évoluer et cette période (milieu des années 80 et début des années 90) est celle d’une certaine transition. OPERA est passionnant parce que c’est un très beau film, mais aussi parce qu’il a un pied dans les carrières passée et future du cinéaste.

Film au tournage problématique et dont la sortie fut contrariée dans de nombreux pays (la production obligeant Argento à remonter le film), OPERA est un peu la pizza du chef !

Comme on la dit précédemment, c’est toujours totalement baroquissime et les logiques sensorielles, le travail sur le son et le cadre, jouent avec les perceptions du spectateurs et interroge les points de vue, d’une manière qui peut sembler déroutante ou troublante mais qui renforce un fort sentiment d’immersion. On se noie avec délice dans ce torrent symphonique et impressionniste. Qu’est-ce que le réalité ? Où s’arrête l’onirisme ?

Le tout est baigné dans une atmosphère perverse où les comportements sado-masochistes sont le coeur des événements, souvent traités de manière gore ou graphique (à l’instar des FRISSONS DE L’ANGOISSE d’ailleurs). Les personnages sont parfois très surprenants (le tueur notamment) et côté mise en scène, le chef Argento nous gâte. Découpage ultra-lyrique, cadres soignés, montage absolument merveilleux sont rehaussés d’un travail remarquable... sur le son (comme d'hab', quoi...). La musique notamment est assez étonnante, mélangeant allègrement chant lyrique, Brian Eno ou la musique métal ! Argento poussera aussi la caméra dans ses dernières limites offrant des plans aux mouvements totalement virtuoses, à travers l’utilisation, entre autres, des caméras steadycam et louma. Scéne de la porte, scènes avec les oiseaux, l’ouverture de Macbeth, les premiers meurtres, etc. : tout est graphique, inventif et généreux. Les morceaux de bravoure s'enchaînent. La maîtrise technique est impressionnante mais comme toujours chez Argento, elle n’est qu’un outil pour sonder les âmes et la psyché humaine (suivez mon regard, les grincheux!). 30 ans après, le film, enfin restauré et enfin en salle, distille le trouble et garde toute sa force évocatrice.

Dario Argento ira peut-être passer sa retraite au club de pétanque de Plougannec dans le bas-finistère, mais à l’époque de OPERA, on est bien loin ! A tel point que pour certains, c’est peut-être le film le plus intéressant du maître… (On en reparlera…)

 

Dr Devo.

 

 

 

[NdDr: ce n'est pas la bande-annonce du siècle, mais c'est celle qui spoile le moins !]

 

21H30 : LES FRISSONS DE L’ANGOISSE (PROFONDO ROSSO) de Dario Argento – Italie – 1975 – 126 min – VOSTFR- dcp.

Avec : David Hemmings, Daria Nicolodi, Gabriele Lavia, Macha Méril, Eros Pagni, Giuliana Calandra, Piero Mazzinghi ...

Marcus Dealy (David Hemmings), musicien de jazz anglais plutôt renommé, vit à Turin où il répète et enchaîne les sessions d’enregistrements. Après le travail, il passe la soirée avec son ami Carlo, lui aussi musicien et compositeur, mais italien et qui n’arrive pas, contrairement à son ami anglais, à rencontrer le succès. Marcus laisse son ami et rentre chez lui. Arrivé devant son immeuble, il assiste alors au meurtre sauvage d’une voyante. Mais, il distingue mal le tueur qu’il ne peut identifier.

Marcus rencontre alors une jeune journaliste avec qui il décide d’enquêter sur ce meurtre. Mais très vite, il s’aperçoit que le tueur lui en veut au plus haut point et que le sang n’a pas fini de couler…

Après avoir tenté de s’éloigner de ses premières amours, Argento revient en 1975 au genre qui lui a permis de casser la baraque : le giallo. Mais LES FRISSONS DE L’ANGOISSE (titre français stupidissime !) pousse le genre dans ses derniers retranchements et permet au cinéaste d’exploser toutes les limites et d’atteindre le splendide.

N’hésitant jamais à mélanger les nuances que d’autres auraient jugées incompatibles ou ineptes, Argento fait preuve d’une audace hallucinante passant des éléments de thriller pur à des ambiances empruntant au film d’horreur (maison dîte « hantée », petits enfants diaboliques, impressions gothiques…) et même à la comédie parfois, alors même que le sujet et ses aboutissants sont ultra-dramatiques.

Côté mise en scène, c’est clairement somptueux. Rarement une ville n’aura été aussi bien utilisée au cinéma. Argento choisit ses décors avec un instinct et un soin tout à fait époustouflants, et maîtrise ses cadres à la perfection, manipulant le spectateur mais jouant aussi avec lui et avec ses perceptions, dans un dialogue étonnement sincère et terriblement touchant.

Ce qui frappe d’abord c’est l’utilisation démentielle de l’échelle des plans, parfois très chahutée, qui essaie elle aussi de construire les choses autrement et de manière moderne et inédite. On passe de plans d’ensemble somptueux à des plans en macro, en utilisant ces collisions pour faire sens et multiplier les points de vue (ce qui rappelle, de loin et dans un tout autre style, le cinéma de Sergio Leone). Un soin particulier est apportée à la photographie, belle à tomber, jouant sur les oppositions et les chromatismes et qui finit de transformer PROFONDO ROSSO (préférons le titre italien !), en un tourbillon sensoriel et sensuel très très impressionnant. Le son n’est pas en reste et permet encore plus au spectateur de se perdre dans le sens et les sensations que ce soit à travers un mixage fantastique et troublant des effets et ambiances, ou à travers la musique du groupe mythique GOBLINS.

On retrouve au casting l’anglais David Hemmings, choisit en hommage au film BLOW UP d’Antonioni (avec lequel Argento dialogue parfois) et Daria Nicolodi qui collabore pour la première fois avec le Dario et qui sera par la suite son actrice mais aussi sa scénariste et sa femme (et accessoirement la maman de Asia!).

PROFONDO ROSSO est un chef-d’oeuvre absolu, très rare en salle depuis sa sortie, qui interroge notre sens de l’image et du cinéma. Argento est le cinéaste baroque et maniériste par excellence, mais il atteint ici un monde de subtilités absolument bouleversant nous plongeant dans la violence câchée du monde et interrogeant notre rapport à la la réalité de manière scotchante, notamment en convoquant l’ombre de Hitchcock qu’Argento adore. Ici, notre Dario fait le contraire du maître anglais, et nous plonge dans un processsus aussi scandaleux (mais vraiment scandaleux, je pèse mes mots) que troublant et magnifique. Je ne peux pas vous en dire plus sans divulgâcher le film, mais sachez que le film pose une question absolument inédite : et c’est ce qui fait que c’est un des plus grands films européen jamais réalisé… et aussi une oeuvre d’une modernité totale ,sidérant de beauté.

Soyez sympa avec vous-même : offrez-vous ce film sur grand écran !

 

Dress-code de la soirée (1 dvd à gagner pour le meilleur déguisement !): psychopathe, serial-killer, chanteur.euse, flic, chef d'orchestre, volatile, jouet, jazz(wo)man, musicien, journaliste, poupée tueuse, parapsychologue, psychologue, tout ce qui a rapport avec l'Italie, Nina Hagen ou spectateur du Majestic. Les prix pour le concours de déguisement sont donnés au début de la deuxième séance !

Réservations possibles dés le lundi 28 mai 2018 à la caisse du Cinéma Majestic à Lille. Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le magazine Distorsion et les projectionnistes du cinéma Majestic. Tarifs: 13 euros les deux films / 1 film aux tarifs habituels.

Les cartes UGC illimitées fonctionnent pour les deux films !

Invitez vos amis via la page-évenement facebook de la soirée: cliquez ici !

Prochaine séance de Bon Chic Mauvais Genre: bah, on verra bien...

Retrouvez BON CHIC MAUVAIS GENRE sur Twitter !

Découvrez le travail de Lammakian Samsenesena (qui réalise les affiches de Bon Chic Mauvais Genre) en cliquant ici !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article