LA MÔME, d'Olivier Dahan (France / Angleterre / République Tchèque-2007) : A' Xiste pas !

Publié le par Mr Mort

[Photo : "Mais vous pleurez, mi-lourd ? (La Môme Néant)" par Mek-Ouyes et Dr Devo]

 

 



Peu importe si tu ne regrettes rien, Milouze ! Edith Piaf ! LA MÔME. Olivier Dahan !

Il y a longtemps dans une lointaine galaxie... Des acteurs jouent la valse de la vie. Edith est une petite fille pas gâtée par la vie. Sa mère, c'est Clotilde Courau, chanteuse de rue alcoolique et pauvrasse. Son père, encore pire, c'est Jean-Paul Rouve, acrobate, enfant de la balle, le cirque, qui finira cirque de rue, le pire du pire. Edith sera vite ballottée par la vie et finalement élevée par une grand-mère que, tel le gitan, elle ne connaît pas, Catherine Allégret, mère-maquerelle et gérante d'un bordel, où toutes vont dorloter la petite Edith, notamment Emmanuelle Seigner (correcte). [Catherine Allégret est la meilleure comédienne du film, notamment sur le plan où elle s'assoit à la table de la cuisine le lendemain, au premier matin. Très beau naturel dans ces quelques secondes... Sinon, c'est correct aussi...]. Mais la vie ne fait pas de cadeau, et Edith sera récupérée par son imbécile de père, qui en plus d'être presque violent, porte des t-shirts blancs à anses, ce qui marquera beaucoup la petite... (cf. Le plan-séquence où la petite fille essaie de retrouver le t-shirt de son père qui, sinon, va lui filer une beigne, le père, pas le t-shirt, suivez un peu !). Plus tard en Pologne, à en croire les critiques. Edith chante en Californie. "Bah, y sont quand même drôlasses, mon petit Hector, ces amerloques, t'appelles ça un hamburguère, moi j'appelle ça un kangourou pourri déguisé en cercueil à pédales ! Allez, remets-moi une coupette, j'ai besoin de dormir ! Mais avant ça, on va faire la fête et on va chanter..." [Lu dans la presse : "Bézu, l'inventeur de À LA QUEUE LEU-LEU, meurt dans la plus totale des solitudes".] Quelques années auparavant, c’est les années galères, avec encore là la guigne et l’alcool, et même pour être précis, gros rouge cuvée Valcop, mélange de divers produits de la C.E.E. en bouteille plastique, et Sylvie Testud, de plus, c’est vraiment pas de chance. [Un plan de regard dans le vide très joli pour Testud. Soudan (l’été dernier, hi-hi !), c’est déjà ça, c’est déjà ça…] Et puis plus tard-après-le-14-juin-1955-à-5h28-du-matin, ce sera la rencontre avec le dentiste en t-shirt, accessoirement champion de boxe, et dans le contexte que je viens de décrire, seulement mi-lourd, si j’ose dire. Au niveau interprétatif, j’entends. Buddy Holly. La Bamba. Yo no soy Querelle de Brest. Airbus vs. Les Alpes. La montagne, forcément sacrée, gagne. Vous voyez le topo ! Cotillard se perd dans les allées du destin, et nous notre innocence, si là aussi, il faut oser.

20 ans plus tard, 1987, est déjà loin, pour moi aussi, et puis il y a eu la rue Léo Ferré. Ces textes, haaaa, le maudit blues. Notre bon docteur, sur les airs, devant la troupe ébahie des étudiants en larmes. C’est plus Orlan que Franju, LA SISTER BIRDY (titre de re-travail), c’est plutôt l’art de la terrine, forcément William, c’est les FRÈRES GRIMM ! Edith The Hutt, moitié Josée Dayan de 40 kilos, moitié John Hurt (revu hier, « oh les amis, oh les amis »). La (las ? là ?) L’Oréal attitude.
Le plateau luxueux à quasiment une scène/un décor, le costume qui n’est pas une fois, mais qui commence à le devenir, ça pèse. Ca pèse un max, même, dans tous les sens du terme, et je le démontre : production sur-fortunée, machinerie balourde du film bio qui appelle le bisou barbu, ça pique, ça pique ! Le TITANIC à la française, chez nous, là-bas, la Californie, malheureusement sans Julien Clerc ni Kurt Cobain (ou n’importe quel chanteur maudit), LA MÔME vise l’international, et fait en sorte, quitte à répéter comme ces fondus enchaînés paysage à gauche, visage chantant à droite qui durent des plombent et reviennent trois fois, ou douze je sais plus. Le gagnant curieusement est japonais, Tetsuo Nagata, photographe doué, un peu de camembert, mi-lourd,  remember C’EST QUOI LA VIE, portrait de ploucs bien plus sympathique que la vie des stars, qui l’avait prouvé. Alors oui, ça et là, et notamment dans les quarante premières bobines, euh pardon, minutes, oui, ça photographie correct, et ça cadre un tout petit peu. Puis ça se répète et la photo se contamine, période Melissa métisse de Manhattan, justement, l’Amérique, marché rêvé des anges justement, bousille tout, une fois de plus, mais à cause de nous, la France. Il faut faire comme les Ricains, alors Nagata obéit et tourne sa sacoche autour de lui, et crie "Hélicoptère !". À force de suivre, on se perd, c’est hideux.
On y avait pourtant cru pendant 15 minutes, non pas que ce fut beau à pleurer mais parce qu’il y avait un peu de travail, notamment la volonté de faire du rythmique plus que du Melody, on se disait presque que tiens, il aurait un documentaliste payé au SMIC qui lui aurait montré un Bernard Rose ou deux. Exemple : la séquence "Mais vous pleurez Milooze", par exemple,  où l'actrice balance "Allez ricain, balance la sauce", bien vu, ou encore le générique muet et le travelling à suivre pas cadré mais surprenant dans le contexte. Ou encore la kitscherie générale de la France de la Misère à la Victor Hugo et en roulotte, on n’est pas à 100 ans près ! Là d’accord, si on omet JP Rouve bien sûr, dont on se demande bien comment il se retrouve dans une production aussi chèrosse, aussi coûteuse, lui qui fait tellement pauvre… Quel mauvais choix ! Ça fait plouc ! Revenons à nos moutons, pendant 15 minutes, ça fonctionne. Le mélange des époques, Houuuuuuuuuuuuu, pinaise, la narration éclatée, les critiques ils adorent ça en fait, et là, il acclament ! [On aurait fait ça avec
TRUMAN CAPOTE, ça aurait été le scandale absolu, TRUMAN CAPOTE et ses petits flash-back miteux, hihihi…] Mes collègues sont très iconoclastes. Ils adorent la narration éclatée. Et pour un film à costumes, ils sont sur le cul : c’est pas du Ruiz c’est carrément INLAND EMPIRE ! Ça passe d’une époque et d’un pays à l’autre, c’est génial ce kaléidoscope ! Quel vertige ! En fait de déconstruction, on sent qu’au bout de 20 minutes, rien ne tiendra en ce sens, et c’est ce qui arrive. Les séquences dans telle ou telle époque sont de plus en plus longues. Et dans la dernière partie, le docteur a toujours raison et sait ce qui est bon pour vous, dans la dernière partie, les apartés sont tellement interminables qu’on peut raisonnablement dire que le film est strictement linéaire. Ce qui se voit d’autant plus que la mise en scène finit par tourner sur le mode répétition. Il y aura quelques idées ça et là (la confusion son-ON de Piaf sur scène, avec la B.O. du film ; idée élégante dans la vulgarité globale), mais jamais la conquête du rythme, et la libération des choses qui ne se font pas se feront. La première bobine est la vraie orpheline du film, c’est un peu court pour l’indulgence ! Et puis, il ne faut pas juger les choses par rapport à la concurrence, surtout intra-nationale, mais il faut juger et aimer à l’aune du Beau.

Ils discutèrent ensuite… La Cotillard, la pauvresse, qui fait exactement ce qu’on lui dit de faire, n’aurait pas été crédible, disent-ils, si elle fut blonde et avait mesurée 1.80m ! Et bien si ! Je dis si ! Justement ! Moi, j’aurais adoré que ce soit Jamel ou Meryl Streep qui joue Piaf !

Parce que finalement, qu’est-ce que le film, sinon un concours ? Cotipiaf devient Edithiard progressivement. Elle(s) se ressemble(nt) de moins en moins, je me disais pendant la projection. Le film n’en est pas un, c’est un spectacle de Laurent Gerra. Si au moins ça assumait ça ! « HA que coucou ! Que c’est moi, Edith Piaf ! Et que j’aime le Wock N’ Wall ! » Thierry Le Luron, Gerald Dahan (trop facile, je la ferai pas), Laurent Gerra, Pierre Douglas, Nicolas Canteloup et Tatayé sont la véritable inspiration de ce film sublime, zoublime, car si vous voulez je peux le dire, c’est zoubliiiiiiiiiiiiime, c’est guénialeuh, c’est vraiment zouber ! Cotipiaf écrase tout le monde, mais ouais, si vous voulez ! [Revoyez au moins la FIDÉLITÉ de Zulawski, quand même !] C’est le film de l’année si vous voulez ! C’est sublime, cette grande collection Atlas des Grandes Légendes Françaises (après INDIGÈNES et sa figurine de Jamel offerte en cadeau pour 1.99 euros seulement) ! Mais je propose autre chose de moins coûteux, pour les critiques, les réalisateurs, les producteurs et les spectateurs qui ont pris des actions chez Kleenex : repassez-vous, grâce à la technologie DVD, les scènes de bars de LA GUERRE DES ÉTOILES et aussi les scènes avec Jabba, mais attention, en coupant le son… Et imitez avec votre micro de karaoké, les imitateurs qui imitent les grandes légendes françaises. On appellerait ça des "soirées biopic "! Plutôt que d’aller payer une place de cinéma, faites le film vous-même entre amis, après la raclette !

Je m’aperçus qu’en fait, LA MÔME Piaf était une biographie d’Albert de Monaco, et pas seulement pour le jeu de mot. Soyez rassurés, gentils critiques, elle aura son César…

Le bon spéculateur, lui, n’aura pas acheté des actions chez Panavision, ou chez Kleenex, mais bien chez Demak-Up !

C’était Jean-Pierre Gaillard en direct de la Bourse de Paris !


Mr Mort.

PS : Je crois que les trafficotis de voix sont proprement insupportables et pourraient servir d’armes militaires.
Marc Barbé, t’es sur ma liste !

Publié dans Cinémort

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P
pas si mauvais je trouve moi, j'ai plutôt apprécié les aller retours d'une époque à l'autre, ca m'a tenu en haleine, ca rythme et on ne s'ennuie pas (sans pour autant crier au chef d'oeuvre). Une narration linéaire m'aurait sans doute plus ennuyé sur plus de 2h de filmj'étais à la limite plus géné par les "oublis" scénaristiques (les amours de Piaf sont réduits au seul Marcel Cerdan) qui font sentir qu'il fallait caser toute sa vie dans le film mais mettre la priorité sur le côté sombre (critique récurrente mais assez vrai, le film ne met pas en avant les "bons" moments de sa vie, il a bien du y en avoir un peu bordel! )voilà donc plutôt sympa, et les scènes où elles chantent créent de l'émotion je trouve.rien à voir : y'a une critique de Direktor sur le site ? je le conseille vivement ! (je vais voir par la fonction recherche)
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J
"Ce type est un génie !" (Patrick Packard - ép II)<br /> "on avait envie d'y croire mais on pouffait tellement, si vous saviez" (la scène du téléphone qui ne sonne pas mais qu'on décroche quand même)<br /> De toutes façons, on a tout enregistré sur VHS au cas où...<br /> Ben oui, on sait pas ce que le cinéma va devenir, il faut bien faire ses provisions ! <br /> Salutations
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V
Ce système de flash-back quasiment aléatoires, en mélangeant toutes les périodes et en revenant dix fois trop souvent (et trop longtemps) à l'enfance ne fonctionne pas. Pour une fois, une narration dans l'ordre chronologique aurait été souhaitable pour permettre au moins la montée de l'intensité dramatique, surtout s'agissant de démontrer l'escalade de la dépendance aux morphiniques et le vieillissement précoce. Je suis d'accord : beaucoup de scènes sont beaucoup trop longues, c'est lourd... Et pour la performance Cotillard, on repassera, enfin, ça dépend des goûts, pour moi, c'est outré et caricaturé, les bons moments, ce sont les chansons de Piaf comme on les écouterait chez soi... PS. Emmanuelle Seigner, seule OK.
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L
allez comprendre pourquoi ça m'a donné envie de le voir, je dois être complètement malade... Voire même dangereuse !<br /> Joliement écrit en tout cas =)
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