TAXIDERMIE de György Palfi (Hongrie-2006) et QUAND J'ETAIS CHANTEUR de Xavier Giannoli (France-2006): Orifices de Tourisme...
[Photo : "Mes Jours sans Kim Wilde (bach in Vulcania)"]
Et au coup de cymbales, on change de partenaire !
On ne sera pas trop de deux, aujourd'hui, pour "traiter" les films en retard, et encore, une toute petite partie. Avions-nous dit qu'il fallait aller voir 12 AND HOLDING aujourd'hui ou demain ? Ah oui, sommes-nous bêtes, c'était l'article d'hier.
Allez, on respire et on plonge dans le bas du classement au moins par ordre chronologique inverse. On commence par TAXIDERMIE, ouh la la, attention, film culte mais hongrois de György Palfi, déjà réalisateur de HIC, film sur-coté et largement tributaire du salon IMAGINA 2000, section animation pour courts-métrages. Ici, maximoume buzz dans ta face.
Voilà qui raconte les destins de trois générations de hongrois. Le premier est troufion dans une maison de militaire. Il a un sexe-lance-flamme (véridique). Il féconde une truie et hop ! on l'abat d'une balle dans la tête : le petit personnel ne couche pas avec la truie. De cette union naît un enfant qui devient (presque) champion du monde des Avaleurs d'Aliments du Monde communiste (un sport qui consiste à se goinfrer le plus possible en un minimoume de temps). Il rencontre son homologue chez les féminines. Union puis enfant, et on se retrouve de nos jours, avec un fils taxidermiste qui va tenter l'expérience ultime, irracontable ici, les enfants regardent.
Bon. Ce qu'il y a de bien avec l'Europe de l'Est, c'est qu'on est dépaysé, et en même temps pas du tout. Ça vit à côté de chez nous, mais c'est le monde à l'envers. C’est proche, et c'est loin. Comme ici, il s'agit non pas d'une Hongrie moderne, comme sous la caméra italienne de THE WASHING MACHINE (magnifique film, en plus d'être le moins cher du monde en DVD), mais d'une bonne vieille Hongrie d'obédience communiste, avec kolkhozes et abus de pouvoir, cheap dans le fer rouillé de notre regard sur l'Histoire (et donc l'histoire, petite hache, le film "interrogeant sûrement notre regard au monde" doit dire le dossier de presse, je l'entends d'ici). TAXIDERMIE, dit la rumeur (yop, mon frère !), c'est délirant, c'est trash, c'est baroque ! Délirant, oui, enfin non... Évidemment, quand on n’a jamais vu un film de Guy Maddin ou le fameux INSTITUT BENJAMENTA des frères Quay, ou quand on n’a jamais marché sur les pas de Jodorowski ou José Mojica Marins, bon, là d'accord, ça doit être sacrément délirant, mais ça concerne qui, ces catégories ? Celui qui n'a jamais vu non plus un John Waters, ou celui qui trouve SHREK drôlement iconoclaste ? Bref, pour ceux qui ne sont pas spectateurs du feuilleton PLUS BELLE LA VIE, ben non, c'est pas extrêmement délirant. Trash ? Oui, oui, bien sûr (mon petit, allez me faire un autre mug de café bien fort, merci). Tiens, je vais rendre mon article trash en une phrase.
LA NONNE s'enfonce le CIERGE dans l'oreille droite, après l'avoir MACULÉ de graisse de porc MORT depuis trois jours, PORC dans lequel l'ENFANT DE CHŒUR s'était soulagé en disant : "POIL AU CUL, CON, MERDRE, STALINE JE T'AIME". Ça vous a plu ?
Baroque, enfin. Ben non, pas du tout. Ou alors, Jeunet c'est baroque (qu'on aime ou qu’on n’aime pas d'ailleurs). Ici, TAXIDERMIE est tellement verrouillé de l'intérieur que rien n'est accidentel, tout est storyboardé. C'est le calcul absolu, sans la faille. Bref, ce n'est pas baroque pour un sou, bien au contraire. Sur un autre jeu de nuances que celui d'un film romantique avec Meg Ryan, TAXIDERMIE reproduit exactement le même schéma tactique : la reproduction ad vitam de choses qui marchent à tous les coups, comme par exemple dire NICHONS et ZOB dans la même phrase pour faire trash, c'est d'un commun et d'une facilité, pff... Ou comme dire « je vous déteste » en face de Tom Hanks, alors qu'en fait, sur Internet, on est amoureux de Tom Hanks. Elle est contente, la ménagère ! Elle kiffe un max ! Un bon film baroque dévoile toujours son échafaudage et son défaut spécieux. Que les fans de TAXIDERMIE revoient SISTERS de DePalma, et là, on en reparle. [SISTERS dont le Marquis m'apprend que le rôle principal du remake a été confié à... Tenez-vous bien... Tenez-vous mieux.... à Lou Doillon ! LOU DOILLON, SISTERS, NONNE, CIERGE ! Si ça avait été Sylvie Testud, j'aurais été furax, et là, avec Doillon, ce qui ne fait pas grande différence pourtant, je trouve ça presque beau comme idée.... On va bien rigoler en tout cas ! Qui va jouer le rôle de la vache ?]
Pour revenir à l'affaire qui nous intéresse, parlons de mise en scène, histoire de respirer un coup. Alors oui, moi aussi, j'adore les plans qui tournent à 360 degrés dans tous les vecteurs et toutes les directions, mais ça me fait rire quand on voit que le moindre champ/contrechamp est incroyablement laborieux, que la photo n'exprime rien, et que le montage suit pas à pas le scénario. Allez hop ! estocade : on t'a vu György ! On t'a vu avec ta tentative Barneyenne de cinéma concept-vodka (car dans ce film, comme dans 99,998% des films de l'Est, on boit beaucoup de vodka), et merci l'emprunt thématique à ZOO ! Et que de cynisme dans la dernière partie, cynisme facile puisqu'il consiste à taper sur l'Art Contemporain ! Bon, ben moi, j'ai très peu de pitié pour L'art contemporain (un univers très déplaisant, presque autant que le monde du Cinéma), mais de là à faire adhésion avec TAXIDERMIE, film pétri d'opportunisme, ben non ! Nous ne roulons pour personne : taper sur quelqu'un avec la meute n'est pas un motif d'adhésion, pas plus que le contraire, d'ailleurs. Dire qu'il y a des gens pour trouver que la mise en scène de TIDELAND tourne à vide ou pour dire que THE RALLY 444 est sans objet ! Allez, retourne dans ta chambre et mange tes chocapics, György, nous, les films sponsorisés par les Offices de Tourisme, on trouve ça vulgaire !
Autre contrée, autre dépaysement avec QUAND J'ÉTAIS CHANTEUR de Xavier Giannoli, déjà réalisateur, et c'est mal, très mal, d'un film de maladie, genre insupportable, avec LES CORPS IMPATIENTS, maximoume buzz dans ta face, avec Laura Smet, dont Psychologie Magazine nous dit qu'elle est un "miracle génétique" (Je n'invente rien ! On est mûr pour la dictature !).
La France, bon sang, la France ! QUAND J'ÉTAIS CHANTEUR, ne l'oublions pas, représentait la France au dernier Festival de Cannes.
Gérard Depardieu est chanteur de baluche, un des derniers de sa race. Il tourne toujours, à la tête de son orchestre, en reprenant les tubes des autres dans les comités d'entreprises, les thés dansants et les boîtes de nuit. Un soir, alors qu'il chante dans une boîte, il croise Mathieu Almaric (toujours dans les mauvais coups, mais surprenant réalisateur, voir ici), un copain, qui lui présente sa jeune et jolie collaboratrice, Cécile De France, bon sang, De France ! La jeune femme, un peu triste, un peu paumée, apprécie l'humour et la gentillesse du gros Gérard, et elle finit le soir même dans son lit, à lui, le vieux ringard. Elle part le lendemain matin en loucedé. Gérard sait qu'elle travaille dans l'agence immobilière de son pote Almaric. Il décide alors de changer de maison, histoire de revoir la belle... Et ces deux-là vont faire le parcours à l'envers : ils ont déjà couché, mais ils vont apprendre l'amitié, puis l'amour ! Et ça ne va pas être facile, croyez moi...
Gérard Depardieu est chanteur de baluche, un des derniers de sa race. Il tourne toujours, à la tête de son orchestre, en reprenant les tubes des autres dans les comités d'entreprises, les thés dansants et les boîtes de nuit. Un soir, alors qu'il chante dans une boîte, il croise Mathieu Almaric (toujours dans les mauvais coups, mais surprenant réalisateur, voir ici), un copain, qui lui présente sa jeune et jolie collaboratrice, Cécile De France, bon sang, De France ! La jeune femme, un peu triste, un peu paumée, apprécie l'humour et la gentillesse du gros Gérard, et elle finit le soir même dans son lit, à lui, le vieux ringard. Elle part le lendemain matin en loucedé. Gérard sait qu'elle travaille dans l'agence immobilière de son pote Almaric. Il décide alors de changer de maison, histoire de revoir la belle... Et ces deux-là vont faire le parcours à l'envers : ils ont déjà couché, mais ils vont apprendre l'amitié, puis l'amour ! Et ça ne va pas être facile, croyez moi...
En quelque sorte, il n'est pas totalement illogique que ce film ait représenté la France à Cannes, tellement il est français jusqu'au bout des ongles. C'est même l'emblème du film populaire hexagonal "réussi". On rira sous cape en se disant qu'à l'époque des CORPS IMPATIENTS, le circuit art et essai avait crié à la découverte majeure et avait accueilli Giannoli toutes portes ouvertes ! Quelques années après, c'est fini les petits circuits, et hop ! Pathugmont à fond les ballons et Depardieu ! Le circuit art et essai a encore fait preuve de sa pertinence cinématographique, et encore plus de son sens des affaires ! Comme quoi, ce que nous disions hier n'est pas totalement faux !
Bon. Ce film est largement un gros mélo populaire, avec de grosses ficelles bien sûr. Et pourquoi pas, dirait ma Tata Jeanette ? Ben oui, mais le problème, c'est qu'il y a eu les américains avant. Regardez un vieux Clark Gable (NEW YORK-MIAMI, par exemple, réalisé par Capra il y a 72 ans !) ou même un Ryan / Hanks, qui ne sont pourtant pas du tout des chefs-d'œuvre, et bien en-dessous du film de Capra, et vous comprendrez comment le scénario de QUAND J'ÉTAIS CHANTEUR est feignasse et de guingois. Une seule idée, des développements poussifs (l'enfant), des contrariétés de pure forme (rien dans le film ne justifie le drame, en fait), aucun humour... Le contraire des amerloques, qui eux te font tournoyer trois quiproquos en même temps, douze quêtes parallèles, et qui ont encore du temps pour faire de la mise en scène. Ici, il y a vaguement sujet à court-métrage, et encore, un court pour gagner Clermont-Ferrand justement (si Almaric n'est pas président du Jury !), c'est-à-dire un court convenu et fadasse.
Question mise en scène, malgré le scope, rien ne se passe : mal cadré, pas découpé, aucun montage, des wagons et des wagons de plans rapprochés, des tunnels de champs / contrechamps qui nous font bien rire quand arrivent les rares velléités artistiques (ça fait des plans fades pendant 90 minutes, et il faudrait qu'on applaudisse quand il balance ensuite un travelling dans un miroir, pas beau en plus !). La lumière n'est pas belle (un peu mieux dans les scènes de bal), le son sans intérêt, etc. Je suis le scénario et je ne lâche plus. Dans ces conditions, et même si le film est très long au vu du contenu (près de deux heures), il n'y a aucun rythme qui s’en dégage bien sûr. Poésie de comptoir, et fantasme art et essai réalisé : le chanteur Christophe joue dans le film son propre rôle, là où justement un film art et essai français sur trois met une scène où les personnages chantent ou écoutent du Christophe ! Du coup, le film est gravé dans le Platine de la Mastercard. Dans un sens pratique, ce film est complètement réussi.
Dire que Depardieu est bon dans ce film pour la première fois depuis 20 ans est malhonnête. D'abord, il aurait fallu dire depuis 30 ans, et puis c'est ignorer COMBIEN TU M'AIMES de Blier, où il était sensationnel. Là, il est certes plus éveillé que dans 1492 ou dans BOUDU (ah ! Gérard Jugnot !), mais de là à dire, parce qu'il est à peine sorti du coma, que c'est le grand retour, il y a là un révisionnisme auquel je n'adhère pas... Parce que pendant que ce genre de films sort avec un nombre ahurissant de copies, on les compte sur les doigts d'une main (avec quelques doigts coupés), ceux qui défendaient à l'époque de COMBIEN TU M'AIMES la performance de notre Gégé national qui, il y a trente ans, enchaînait un Blier et un Duras, d'ailleurs ! [L’expression « Gégé National » me fait penser irrémédiablement, avec beauté mais tristesse, à Gérard De Suresnes.]
Ceci dit, le meilleur de ce film, ce sont les dix minutes financées par VGE et la région Auvergne : visite de Vulcania (dont une minute entière sur un diaporama de l'exposition), monstration du Zénith local, et ballade sur les volcans. On a beau se moquer de l'ancien Président, lui au moins, il en a eu pour son argent et il sait où investir ! Ce sont d'ailleurs les meilleurs passages de ce film documentaire.
Mr Mort et Dr Devo.
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