HARVEY MILK de Gus Van Sant (USA-2009): un film d'Alan Smithee...

Publié le par Dr Devo





[Photo: "Réunion du Syndicat de la Critique" par Dr Devo.]





Chers Focaliens,

 

J'aime bien aller au marché le dimanche matin, non pas pour acheter des légumes frais et entendre le camelot rugissant, mais au contraire, pour trouver des films tout pourris ou improbables qu'on acquérir dans les bacs discounts. Dans la semaine, on se retrouve donc autour d'un improbable métrage bien caché au fond de la filmographie de Harvey Keitel ou de Dennis Hopper, ou encore devant ce GUINEVERE, UNE HISTOIRE D'INITIATION (Etats-Unis, 1999) avec Sarah Polley et Stephen Rea (mince comme un jeune homme !), film qui répond à la douloureuse question "Pourquoi les belles filles de 22 ans sortent avec des vieux cons qui en ont 44 ? ". J'essaierai de vous en parler dans quelques temps. En tout cas, on défriche, on cherche et de temps en temps, on trouve le film superbe qui justifie toutes ces micro-dépenses !

 

 

Au cinéma, c'est une autre paire de manches, et les chemins de la distribution sont plus balisés et beaucoup moins improbables...

 

 

Au début des années 70, Harvey Milk s'installe avec son amant James Franco (heureux acteur de la série sublime FREAKS AND GEEKS) dans le quartier de Castro à San Francisco. Là, ils ouvrent une boutique de photographie. Le quartier, traditionnellement irlandais et catholique, est en train de changer et la communauté gay s'y installe petit à petit.

La période n'est pas spécialement favorable, et ce n'est rien de le dire. Les tensions sont nombreuses, l'homosexualité est encore assez taboue, et les rapports entre forces de l'ordre et gays sont plus que tendues. C'est dans ce contexte que Milk développe un réseau  de sympathisants et essaie d'organiser la communauté, qu'il essaie d'intéresser à la vie du quartier. Ils commencent par unifier les commerces gays, ou ceux qui sont gay-friendly. Et puis, à la suite d'un meurtre homophobe, Milk décide de tenter d'entrer au conseil municipal. Il faudra plusieurs années et plusieurs scrutins avant qu'il ne soit élu. Mais Milk est malin, et il sait utiliser la machine médiatique et politique... Quand il devient enfin conseiller municipal, il doit se heurter à la fameuse Proposition N°6, proposition lancée par les lobbies traditionalistes et/ou religieux, qui vise à écarter des métiers de l'éducation les homosexuels...

 

 


Alors... Par où commencer ? Disons que trouver une forme assez fidèle pour retranscrire l'expérience de HARVEY MILK (le film) n'est pas chose aisée, curieusement. Gus Van Sant, plutôt en forme récemment, puisque son dernier film était PARANOID PARK, film d'une grande beauté formelle, monté avec beaucoup d'instinct. Van Sant a toujours alterné films de studio et films plus confidentiels. Ici, bien sûr, on est dans la première catégorie, puisque HARVEY MILK est un film assez richement doté et un biopic d'une figure connue outre-atlantique. Bien.

 

 

Le problème majeur, au fond, avec HARVEY MILK, c'est tout d'abord le scénario. La narration est introduite par le personnage de Milk lui-même, ce qui permet à Van Sant de désamorcer (ou le contraire) le suspens lié au meurtre de cette célèbre figure américaine. Le film est donc une succession de souvenirs (plus le meurtre, bien sûr !). Et justement, comme souvent dans les biopics, c'est là que le bât blesse. Passé le premier quart d'heure, on est habitué à une cadence de défilement des scènes ou plutôt des scénettes collées les unes aux autres comme un guirlande de vignettes. Les scènes sont courtes, mélangent vie privée (amis, vie affective) et vie publique (lutte politique). HARVEY MILK est de ce fait un vrai film de notre époque dans le sens où, après les années 90 où le cinéma mainstream cherchait l'homogénéisation du film (et sa supposée cohérence) à travers une photographie uniforme, dans les années 2000, il semble que la marque de fabrique de beaucoup de films soit l'homogénéisation du rythme, au profit de scènes plus courtes, toutes à peu près de même longueur et interrompues à intervalles réguliers par des scènes plus "importantes" ou significatives dans le scénario et donc un peu plus longues. Ici, c'est le cas : des petits bouts, des "tranches de vie", interrompues par des passages importants (rencontre avec Franco, manifestations, débats, etc.). Encore une fois, je suis très étonné par cette mode pour le rythme nerveux sur le papier (avec ces scènes qui ne s'éternisent pas), mais au final égal dans le sens où le film coule tout seul, de manière, à mes yeux, bien monotone.

 

 



Ici, j'en ai fait l'expérience de manière assez significative, car pour tout dire, je n'ai pas aimé du tout la mise en scène de la première bobine et demie. Elle est composée par des petits plans de rien, ni beaux ni moches, souvent rapprochés, et même avec pas mal de gros plans. La photo, légèrement jaune velouté, ne m'a pas emballé non plus. En tout cas, je fus surpris de voir une facture aussi anonyme chez Van Sant, ce qui n'était pas le cas de ses précédents "gros films". Le réalisateur multiplie aussi les supports ; notamment à travers un grain plus granuleux imitant le 16mm et lui permettant de mélanger reconstitution et images d'époque, et un 35mm tendant à se rapprocher de ce 16mm, comme un niveau intermédiaire, ce qui permet là aussi d'adoucir les mélanges et de jouer avec. Bon, rien de tout cela ne m'a paru spécialement beau, et plus qu'une intégration malicieuse et troublante, ces variations de la photographie qui se veulent gourmandes m'ont semblé plus relever de la direction artistique que du jeu de mise en scène, donnant au film un côté "sympa" ou "branché" qui d'ailleurs va dans le sens du rythme coulant et uniforme que je notais plus haut. Première remarque.

 

 



Deuxièmement, pour rester un peu sur la mise en scène de cette première grosse bobine (et qui dure pendant tout le film par la suite, mais interrompue par des plans plus construits, j'y reviens), en plus de cette photo polymorphe qui refuse de jouer sur des ruptures de mise en scène, je fus scotché, mais alors "sur les fesses", par l'incroyable banalité du dispositif : introduction du récit par le héros lui-même sur le ton de la confidence, annonce de la fin de son existence dans l'introduction, 35 mm classique, 35 mm intermédiaire, 16mm réel, 16mm fabriqué pour l'occasion, mélange de tous ces supports, filmage à l'épaule (pas très beau d'ailleurs, plutôt mal cadré  ou alors anonyme selon les moments), reconstitution des évènements mélangés avec des images d'archive, choix minutieux de musiques d'époque, documentaire en fiction et fiction nourrie du documentaire... Que cela est prévisible, que cela  est attendu, que cela est absolument conforme au film "à thèse" ou aux biopics. Que se passe-t-il à Hollywood d'ailleurs ? On a  déjà vu ça, et récemment en plus, plusieurs dizaines de fois ! Tenez, par exemple, pour mélanger les remarques de mon premier paragraphe sur le rythme et le scénario avec ces toutes dernières remarques, rappelez-vous, c'était il y a quelques semaines, CHE 1... c'est à peu près le même modus operandi, c'est le même mélange de supports, les mêmes reconstitutions ! Quelle déception ! Ces dispositifs à la mode, je ne les aime pas. Je trouve ça naïf, et en général, pour ne pas dire à chaque fois (et ici avec MILK, c'est le cas), le mélange des supports n'est jamais source de ruptures, de jeux de mise en scène, de perdition et de paradoxes, mais au contraire constitue une soumission à ces nouveaux canons et un motif (dans tous les sens du terme) d'homogénéisation de la réalisation. Ça, déjà, c'est quand même triste. Et encore plus de la part de Van Sant. Mais ce n'est pas tout, et là je vais rejoindre des choses, des petites remarques faites sur ce site au fil de ses quatre années  d'existence (et ça s'est accéléré ces deux dernières années). Dans ce modousse opérandaille attendu se retrouve une tendance qui traverse tout le cinéma, et qui est même le pilier du cinéma contemporain populaire (et art et essai, ai-je envie d'ajouter) : la volonté de nourrir le cinéma de documentaire, et le documentaire de fiction. Sur le papier, je suis pour. [J'ai défendu tout ça ici et je le répète, j'aimerais voir des documentaires entièrement mis en scène, avec des travellings, des photos extraordinairement travaillées, avec des jeux de sons...] Ici, et dans quasiment 72,58% des films, on mélange les deux naïvement, croyant que l'un justifie l'autre, fondant les différents supports dans la même mélasse. Demain sort en salle WELCOME, film sur les réfugiés de Sangatte. Il y a deux ou trois ans, BLED NUMBER ONE nous proposait une scène documentaire dans un hôpital qui accueillait les femmes malmenées par la vie et/ou leur conjoint, et où les "actrices" jouaient leur propre rôle. Laurent Cantet, critique et réalisateur, disait le soir où il a reçu la Palme d'Or que son film était original car il mélangeait la réalité et la fiction ! Et sans rire, en plus, parce que les collégiens étaient joués par de vrais collégiens ! Evidemment, HARVEY MILK, film de studio plutôt à l'aise, et surtout biopic, ne joue pas sur ce plan précis. Mais dans la reconstitution mélangeant et brouillant scènes reconstituées et images d'époque, on trouve à mon sens, le même projet, banal désormais en 2009 (!), de saupoudrer une fiction ultra-classique d'éléments "véridiques" ! Je m'étonne de cette mode. Et je constate qu'elle est le facteur d'une uniformisation des mises en scène. De plus, elle rejoint un fantasme cinématographique (ou artistique) qui me dérange beaucoup et sur lequel je reviendrai plus tard. Néanmoins, ici, Van Sant ne brouille jamais les pistes (quelques fausses transitions en 16mm reconstitué, mais seulement deux ou trois !), n'utilise ces différents supports mais n'en fait rien, sinon pour donner à son film le rythme monotone d'un jogging au petit trot. Paradoxalement, et là aussi c'est un effet de mode devenu passage obligé et donc c'est devenu la norme, le film fait 2h08, et c'est long, long, long, je vous assure, c'est éprouvant pour un film d'une cadence aussi monotone.

 

 



Je disais plus haut que l'expérience en salle de HARVEY MILK a été symboliquement frappante. Je m'explique. Dans la première partie du film, la mise en scène n'est pas très belle, ni très moche, les plans à l'épaule plus ou moins indigents se succèdent. Mouais. Pour être honnête, il faut dire que la suite, si elle utilise aussi une mise en scène semblable (qui donc ne s'arrêtera pas) est interrompue par des plans plus esthétisants et à la photographie plus léchée, ici et là. Petit à petit les choses se mélangent. Van Sant demande à son photographe de travailler avec des lumières jouant avec l'obscur (plan sur la loge à l'opéra, par exemple). Ces plans nettement plus beaux sont relativement nombreux. Ils ne renversent rien à l'exception d'un par-ci par-là, mais c'est déjà ça. De temps en temps aussi, on trouve de beaux cadres, jouant souvent sur des espaces vides dans le plan ou dans des jeux de perspectives privilégiant les axes en coupe (à la mairie, quelques beaux plans d'escalier par exemple). Il y a même une scène, celle ou Josh Brolin aborde Sean Penn pendant son anniversaire dans les couloirs de la Mairie, où tout est découpé selon ces principes. Pour quelques instants, un peu fugaces quand même, on est dans un film beaucoup plus beau, pas uniquement composé de plans frontaux et cadrés de manière anonyme. Dans cette scène, tout à coup, le montage a un poil plus de rythme, et on le sent passer ! Et puis, retour à la norme ! On saupoudrera, ici et là, de quelques plans léchés dans un océan de choses au goût de carton. [A l'Opéra, par exemple, ça se voit comme le nez au milieu de la figure : le plan sur Penn n'est pas cadré de manière sublime, mais est d'un beau clair-obscur, là où le contrechamp sur la scène est complètement anonyme, comme le reste). Et la voilà mon expérience éprouvante! Endormi par le rythme mou et anonyme du film, de temps en temps, je me réveillais en me disant "Tiens, c'est cadré out d'un coup, tiens, c'est découpé et monté, j'ai dû m'endormir". Mais il est largement trop tard. Avec la meilleure volonté du monde (et parce que les choses plus belles ne durent pas), impossible de rentrer dans le film, de rattraper le train en marche...

 

 



[Le critique est avant tout un spectateur ! Hihi !]

 

 

Bon.

 

 



Ceci dit, HARVEY MILK est avant tout, et à mon grand regret un film de scénario. Au fond, c'est ça qui se passe. Le montage propose peu de fulgurance, et suit le script grosso modo, sans créer de collision poétique (et plastique !) entre deux plans. Ok.

 



C'est, à mes yeux, à cause de ce scénario (constitué de vignettes qu'on enfile comme des perlouzes uniformes, sans se poser de questions), que HARVEY MILK n'est pas seulement un film décevant, mais une expérience absolument insupportable. Enfin... Pas vraiment. Car toutes ces choses-là sont liées sans aucun doute. En allégeant sa mise en scène, en la rendant bougrement prévisible, Van Sant fait un choix et veut, ce qui n'est pas illégitime bien sûr, exprimer un point de vue. Enfin, en quelque sorte...

 

 



Dans le fond et le discours, HARVEY MILK est un film tout à fait imbuvable. Evidemment, je ne parlerai pas du fond de combat de Milk, la figure historique, sur lequel il n'y a rien à dire (dans le cadre d'une critique du film HARVEY MILK de Gus Van Sant) et qui a agi selon son époque. On ne peut, évidemment, pas être contre un combat politique et social qui s'oppose au piétinement pur et simple d'une liberté démocratique.




Ceci dit, la façon de faire est à mes yeux largement insupportable. HARVEY MILK ne sera jamais un portrait en nuance, et Van Sant va faire tout ce qu'il peut pour vider son film de tout paradoxe, de toute aspérité ou noirceur, de tout point de vue. On est clairement dans l'hagiographie. C'est horrible. Van Sant a survolé TOUS les points intéressants abordés dans le film qui auraient dû poser de sacrées questions. Milk utilise, sincèrement en plus (cela aurait pu être passionnant à voir), la politique de la pire manière : comme un outil de lobbying ! Les coulisses de la politique dans le film auraient pu être passionnantes. On s'aperçoit en effet que les joutes politiques ne sont que des échanges de service ou d'influences (rappelons-nous récemment la figure de ...CHARLIE WILSON), où les hommes politiques défendent leur "magasin", c'est-à-dire leur électorat, et marchandent sans cesse non pas pour défendre l'intérêt du peuple, mais plutôt de ceux de leur quartier et de leurs semblables. Milk est comme les autres et cherche à vendre son appui politique au plus offrant. Le combat politique pour les droits de l'homme est aussi, en double fond, un clash entre différents lobbies. La politique comme combat entre les lobbies, c'est peut-être une vision dure et noire des  choses, mais c'est  passionnant. Or Van Sant passe vite sur ces paradoxes, jamais exploités, et préfère (et la fin ignoblissime du film le prouve) le portrait lisse d'un homme "forcément remarquable". Dans cette perspective, et aussi parce que le film se veut aussi un film-somme, il n'y pas de place pour autre chose qu'un portrait de Milk en saint vertueux ! C'est l'Abbé Pierre. La structure même du film va dans ce sens. La contradiction n'a pas de place. Van Sant aborde, bien sûr, ici et là, des questions passionnantes, mais les choses sont survolées au profit du message le plus simple, le plus pauvre, "designé" pour la masse. Exemple : la scène du coming-out forcé ! Ça, c'était quelque chose de passionnant ! C'était une question épineuse, une réflexion passionnante ; mais Van Sant la balaye, se contente de citer le fait, sans rien en faire et en une minute, c'est balancé à la poubelle.

 



Parallèlement, plus le film avance, plus il se vautre dans la construction la plus hollywoodienne possible. Les morceaux de bravoure les plus éculés se succèdent et on finit noyé sous une avalanche de scènes honteuses qui, si elles étaient dans un film réalisé par un yes-man et non pas par un chouchou de l'art et essai, seraient dénoncées à juste titre. Une fois lâché, Van Sant ne se refuse rien, dans cette dernière partie, pour brosser le spectateur dans le sens du nerf optique : séquence musicalisée (présente dès le début du film d'ailleurs), utilisation de symboles grossiers qu'on voit arriver 4000 kilomètres à l'avance (l'Opéra, dont on sait une demi-heure à l'avance qu'il fera parti du final !), mouvements de foules utilisation du suicide comme un téléfilm américain sur M6, eau de rose, et ignoblissime fin synthétisant le tout : LA RETRAITE AUX FLAMBEAUX !!!!! Bon sang !!!! La retraite aux flambeaux ! Même dans les années 60, Bobby Lapointe se moquait de la retraite  au flambeau ! Allez, tous derrière Milk, tous à la messe ! Avec son contrechamp sur les yeux embués de deux personnages survivants ! Et ce n'est pas fini ! Après cela, ce qui est déjà largement insupportable, Van Sant nous balance ses fameux cartons "que sont-ils devenus?" où il mélange images de ses acteurs et images d'archives des protagonistes réels, histoire de montrer non seulement le caractère édifiant de l'H(h?)istoire, mais aussi la grande qualité du travail de maquillage, certifié 100% réel (tous les acteurs sont grimés ou presque ! Mon Dieu !), 100% véridique, 100% juste et donc sans contestation possible 100% beau.

 

 


Mon Dieu ! Van Sant se vautrant dans le cinéma total ! Quelle tristesse... Il n'est pas étonnant que le réalisateur recule devant la moindre réflexion ou le moindre évènement qui nous interroge. Il n'y pas de place dans l'hagiographie pour le trouble et le paradoxe. Le but est clairement affiché : faire un cinéma total, incontestable, fermé sur lui-même et sur le devoir d'Histoire (qu'on reconstitue et démembre sans vergogne pour qu'elle colle aux canons hollywoodiens, faut pas déconner), un film qui ait un (1) sens.  Sans nuances, en utilisant les ficelles les plus honteuses du cinéma pour emporter dans un torrent d'images le plus grand dénominateur commun, Van Sant met sa pratique artistique sous le bras, il s'assied dessus, au nom de la cause, au nom de l'Histoire, discipline de plus en plus maquillée et même frankensteinisée par le cinéma. Puisque la cause est belle, Van Sant sacrifie tout, et, pêché suprême, trahit son art. La cause est décidément plus importante que les moyens. C'est un point de vue et ce n'est pas le mien. Je laisse Van Sant à sa messe païenne et à son film banalement dégoûtant. Comme quoi, pour rebondir sur les polémiques récentes (et récurrentes !) sur ce site, le fond et la forme sont bougrement liés. Le pêché est de renoncer à ses exigences artistiques. Je te fais PARANOID PARK et le coup d'après HARVEY MILK sans que ça gêne personne. Van Sant n'a peur de rien sans doute, kidnappe le cinéma au profit de la politique, pour le transformer en tract et n'hésite pas une seconde à faire le trottoir. C'est quand même bougrement insupportable. Je ressors de HARVEY MILK en ayant l'impression d'avoir été traité en enfant trisomique et d'avoir été souillé. Et même d'avoir été pris pour un imbécile.

 

 

 

Dr Devo.



Publié dans Corpus Filmi

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D
Bonjour à tous!Le lien entre les films-sommes de Spielberg, et même ceux qui ne sont pas Spielberg est très juste. Je n'ai rie dit sur les acteurs mais là aussi, il y en aurait à dire car beaucoup sont execrables. L'imitationnisme du tout aurait du m'amener à comparer ce film à COLUCHE ou à LA MÔME!Ce film synthétise vraiment la grooooosse  mode du cinéma art et essai de ...BACHIR à ENTRE LES MURS. C'est dégoûtant moralement, cette volonté de film-total (au sens politique du terme). Les Inrocks, vrament en dessous de tout comme leurs confrères, ont titré en couverture: LE PREMIER FILM DE L'ERE OBAMA. Voilà où on en est! La violence de la polémique sur le Eastwood de ces derniers jours, me parait symbolique de tout ce mouvement: ré-écriture de l'histoire, et impossibilité d'émettre un avis autre. le langage est confisqué. l'art est confisqué. Triste époque. Car au delà de tout ça, on est mûr pour le pire. je rêve de réaliser le même film que HARVEY MILK et ses clones: ça parlerait ded Adol Hitler ou de Khomeny...Mr Mort avait raison sur toute la ligne!Dr Devo.
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C
Zut, le Docteur Orloff m'a doublée... J'ai vu en Harvey Milk le Schindler de Van Sant. Les lampions de l'un sont les petits cailloux de l'autre... Un petit mot sur Penn : il joue deux personnages ? Le hippy et l'homme en trois-pièces ne m'ont pas semblé être le même homme. Je me trompe peut-être.Quant à Josh Brolin, on va avoir de plus en plus de mal à l'imaginer autrement qu'en politique alcoolique !
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D
Ah voilà une critique qui me fait bigrement plaisir car je me suis fait relativement houspiller pour avoir écrit la même chose.Pour moi, Harvey Milk est de très loin le pire film de GVS et je le trouve parfaitement tautologique : le personnage est déclaré "saint" dès la première minute et la mise en scène n'a plus qu'à illustrer cette route vers la sainteté sans jamais apporter la moindre contradiction, la moindre nuance, la moindre complexité. Nous sommes du côté du Bien et pour entrainer l'adhésion du spectateur, le cinéaste a recours aux procédés les plus dégoulinants (tu ne parles pas de l'adolescent handicapé qui relance la motivation de Milk et que j'ai appellé le syndrôme "petite robe rouge" de Spielberg : isoler soudainement une douleur individuelle au milieu d'une souffrance collective pour faire pleurer Margot).C'est vraiment un très, très mauvais film...
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S
mmm...je me demande si , une fois la stupeur passée, on ne peut pas tirer des leçons d'autant de défauts...cela rejoint une polémique que j'avais lancée avec l'article sur 'Gran Torino', sans vouloir prêcher pour ma paroisse, je n'ai pas vu 'Milk' mais d'après votre article il semble que c'est un de ses nombreux films qui ré-écrivent l'histoire dans le mauvais sens du terme...Noam Chomsky aurait-il raison ? 'la fabrique de l'impuissance' ne serait pas une vaine formule ?En ce qui concerne pareillement le retour du documentaire dans la fiction, il me semble que c'était au départ un outil narratif et rien d'autre, que j'ai pour ma part découvert avec des types comme David Cronenberg et John Carpenter, mais ce ne sont pas les seuls, rien de mieux en effet qu'un contexte bien réaliste pour y faire surgir le fantastique..je me dis que c'est encore un truc de génération, genre 'le coup du Cloverfield'...Ils me manquent les Fellini avec leurs défilés de mode au Vatican... 
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