TROUBLE JEU de John Polson: the sixth dead darko's ring society
Chers Spectatrices, Chers Spectateurs,
Le docteur Devo (oh non!) retourne au bloc, après presque une semaine sans intervention. Qui opérer ? FINAL CUT... Je ne sais pas trop, j'hésite. [Si certains d'entre vous l'ont vu, laissez moi un petit commentaire pour me dire ce que vous en pensez...] Allez hop, on va attaquer par un des films les moins sexy de la semaine, à savoir TROUBLE JEU. Je sais, le film le moins sexy de la semaine c'est le nouveau Gérard Depardieu, mais vraiment, pour plein de raisons, je n'en avais pas le courage.
C’est vrai que, ces derniers temps, programmation moyenne oblige, la proportion des films fantastiques est assez importante dans les salles de cinéma populaire. [Tiens, pendant que j'y suis... Il y a quelques jours, j'ai fait un article sur la notion de cinéma populaire. C’est le sujet de la couverture de Télérama, par le biais de Gérard Jugnot, l'homme de cinéma qui a gagné le plus d'argent en 2004. Comparez les deux articles, c'est marrant.] D'habitude, autant de films fantastiques m'auraient plutôt réjoui, mais là, je commence à fatiguer.
La séance commence bien. Tant qu'un élément fantastique n'est pas apparu, le spectateur à carte illimitée discute avec ses potes. Et là, le problème, c'est qu'on est jamais sûr d'être dans le fantastique. Donc, ça discute pendant quasiment tout le film. Enfin, ça chuchote. Le projectionniste n'étant pas descendu en salle, le son était un peu faiblard, et le chuchoteur respectueux se décida donc à chuchoter pas trop fort! Merci de l'attention. S'en est suivi, en milieu de film, l'ouverture de bonbon cellophané la plus longue du monde : environ quatre minutes pour un seul bonbon. Dieu merci, il ou elle n'en avait acheté qu'un! Là aussi, on a fait crisser la sucrerie mais en sourdine, respect oblige sans doute. Peu après, mon voisin de gauche, séparé de moi-même par un siège, s'est endormi, et à ronfloter gentiment par intermittence. Ce que j'ai trouvé assez drôle. Le type avait un bonne bouille, plus âgé que la moyenne (la quarantaine), et il m'a très poliment, et c'est rare, dégagé le passage quand j'ai voulu partir. Sympa. Dormir fait partie des risques du boulot. Raul Ruiz affirme avec intelligence et espièglerie que le spectateur refait forcément le montage du film, puisque, en clignant des yeux, il fait sauter des images du métrage! Il enfonce le cou en ajoutant que s'endormir ou fermer les yeux pendant un film n'est pas forcément une mauvaise chose. Ça permet de déstructurer le film, surtout en ces temps de narration si naïve, d'enlever du signifiant, et donc de rajouter du mystère. Certains éléments étant manquants, le spectateur est obligé de relier lui-même les indices devenus incohérents. Tout cela, bien sûr, est très juste. Bonne réponse de l'amiral Ruiz. J'adhère, bien sûr.
John Polson, je ne le connais pas. Il y a quand même deux atouts, a priori, dans le film. C’est-à-dire deux raisons d'aller le voir malgré la présence de De Niro (voir mon article sur MON BEAU-PERE, MES PARENTS ET MOI). Deux femmes. D'abord Famke Janssen. C’est cool, elle commence à vieillir et ça lui va bien. Voilà quelqu'un qui me parait sympathique, malgré une filmographie un peu faible par endroits, et malgré, peut-être, l'absence d'un vrai grand rôle. Elle, je lui confierai la garde de mes enfants en toute confiance. Et puis, il y a Elizabeth Shue, très chouette actrice, qu'on voit si peu. Elle aussi vieillit et rayonne de plus en plus. Pour vous convaincre de son talent il faut absolument voir l'excellent LINK de Richard Franklin (avec Terence Stamp, en plus, ce qui ne gâche rien). Malheureusement, ses films les plus populaires, ce sont des trucs genre LEAVING LAS VEGAS... Notre ami Le Marquis, qui sait que je déteste les films de maladie (pour la simple raison que ce sont des bouses 99% du temps), et qui est un grand admirateur de Shue, confesse, par provocation ou par perversion ou les deux, un penchant certain pour son film MOLLY dont, pour ma part, la simple vue du film-annonce me plonge dans des transes de démence incontrôlable et violente. Mais le Marquis, lui, ça le fait rayonner de mettre le DVD du film dans le lecteur. Une flamme diabolique s'empare de son regard, et s'il n'était pas aristocrate et Pape de Toutes les Cinéphilies, il baverait... Bref. Shue n'a pas la filmographie qu'elle mérite, mais on attend avec espoir le prochain Gregg Arraki (enfin tu reviens toi!!!!) MYSTERIOUS SKIN qui devrait sortir sous peu, et où elle tient un des rôles principaux. Imitons le Marquis et à notre tour, salivons!
Voir un film avec De Niro (Oh Non!), ça use, et donc en voir deux en une semaine c'est pousser loin le sens du devoir. Mais le pire, je crois, ce sont les films avec des enfants dans les rôles principaux. Mon dieu... Ça devrait être interdit, bien sûr. Ces petits chiens surdoués sont pénibles. Combien de petites têtes à claquer avant de tomber sur un Kieran Culkin ? Trop, sans aucun doute. Je découvre donc Dakota Fanning, et cerne (c'est rien de le dire) très vite le petit chiot (tiens, j'aurais dû mettre ça au féminin... Je n’ai pas osé!) Ça joue à la tronçonneuse, avec des nuances pachydermiques, et avec un évident manque de modestie. Beurk. Bien sûr, on l’a choisie pour ses yeux en amandes asiatiques, ce qui tombe bien, le film surfant sur tous les RING, et les GRUDGE et les SIXIEME SENS du monde, films pourtant déjà largement pompés. Un petit tour sur imdb.com confirme mon soupçon. Dakota Fanning, en vrai, c'est une petite blonde aux yeux bleus! Les pires, les petits blonds! Interdisons une bonne fois pour toute les enfants au cinéma, et faisons jouer les rôles de bambins par des adultes, ce qui sera beaucoup plus marrant et buňuelien!
TROUBLE JEU, qu'il aurait fallu traduire par le CACHE CACHE original, raconte l'histoire de De Niro (Oh Non!), qui vient de perdre sa femme (Amy Irving tiens, qui jouait dans CARRIE pour ceux qui n'ont pas vu! Allez voir CARRIE d'ailleurs, c'est bien mieux...) qui s'est suicidée pour des raisons obscures. Papa Ours est trèèèèès triste, et Dakota (quel prénom horrible!!!!! Beurk! Pourquoi Missoury Byrnes pendant qu'on y est... Ou Ohio Jones, ou Nevada Anderson ou New-Mexico Brosnan), et Dakota, dis-je, s'enferme dans un silence mutique (chouette!). De Niro (Oh Non!) est psychanalyste, ça tombe bien! Et Famke Janssen est aussi psychanalyste, ça tombe bien, et spécialisée dans les enfants en plus, ça tombe très bien, et en plus, c'est De Niro (Oh Non!) qui l'a formée, ça tombe mieux. Que fait la Police des Scénarios ? Bon. Contre l'avis de Famke Janssen, De Niro (Oh Non!) emmène Wyoming Lunch s'installer dans un bled paumé dans la campagne, bien loin de New York. Malheureusement, la crise mutique de Wyoming ne dure pas longtemps. Bah... En même temps, ça créé un emploi de doublage en France. C'est déjà ça. Tout se passe pour le mieux, enfin pour les personnages du moins, jusqu'à ce que Utah Cox abandonne ses poupées pour aller jouer avec Charlie son nouvel ami imaginaire et hors-champ. Et Charlie, ben il aime pas De Niro (Oh Non!), et tout ça va virer au cauchemar. Et la psychanalyse n'y pourra rien!
Bon allez, assez joué. Mise en scène. C'est relativement propre, certes (encore que, beaucoup de plans rapprochés et de gros plans quand même!), mais surtout assez plat. Pas grand chose à se mettre sous la dent. On retiendra un joli plan, en caméra subjective, à travers une vitre, où se joue, à l'aide d'une balançoire (tiens, ça me rappelle Lucio Fulci ça, j'y reviens...) une partie de "un coup je te vois, un je ne te vois plus" plutôt élégante. A part ça presque rien, à l'exception de l'avant-dernière séquence. Plus qu'un film entre le fantastique et le thriller, et qui finalement finira, c'est très bête, par choisir son camp, TROUBLE JEU ressemble, en fait, à une assez fidèle adaptation de la célèbre chanson de Mort Shuman ALLO PAPA TANGO CHARLIE ! Même si tout cela me paraît moins antipathique, d'une certaine façon, que le remake semi-américain de THE GRUDGE (et encore, on peut mettre ça sur le fait que j'étais bien content de retourner en salle après une longue absence), on est assez déçu que tout cela ne mène à rien (car en fait on s'en fout complètement de savoir qui est Charlie) et surtout on est triste que tout cela se déroule de manière métronomique, sans aucun effort de rythme ou de personnalité. Famke Janssen et Elisabeth Shue font des efforts sans vraiment y croire. Les autres seconds rôles sont trop caricaturaux et pas assez banals pour qu'on leur porte crédit. Il y a quand même une scène désastreuse, en terme de scénario, lorsque De Niro (Oh Non!) rend visite à sa voisine. Cette scène pourtant m'a fait croire, dans un rêve un peu fou, qu'on allait replonger dans le Syndrome Jason (voir mes articles sur la série des Vendredi 13), et que tout cela allait se terminer comme une bonne vieille série B, avec une bonne vieille machette des familles. La scène suivante apporte un non définitif. Déception. Un étrange phénomène, aussi étrange que calamiteux, se produit dans la dernière bobine. En fait, on apprend qui est Charlie non pas à la fin du film, mais quinze minutes avant. Le trouble me saisit, et je me dis qu'on va pas quand même se taper une demi-heure en plus de ce film déjà banal à pleurer, alors que l'intrigue, bien maigre, est résolue!!!!!! Après tout, savoir qui est Charlie n'apporte rien au film, et plus encore, le rend ridicule. Pourquoi ne pas balancer le générique et basta ? Tout le monde rentre chez soi et on reste "bons amis". Ça serait mieux, non? John Polson et son scénariste Machin Chose en ont décidé autrement. Et on se tape 15 minutes horribles, mal ficelées et prévisibles comme une météo marine... Malédiction! Le film ne finira donc jamais. Ben... À vrai dire, à force de traîner, le film s'égare, et on revient dans la grotte, le lieu matriciel du film, et là, dites donc, une très chouette idée. Cette scène assez longue est presque noire éclairée par une mystérieuse lumière blanche hors-cadre. Du coup, le décor est invisible (sauf l'eau, car il y a de l'eau dans la grotte), et les personnages sont colorés d'une mystérieuse teinte grise-blanche d'un bel effet. Tiens, de la mise en scène (et pas laide en plus!). A l'extrême fin!!! HEY, John Polson, tu te foutrais pas un peu de notre gueule ? Ben si... Tout le film est anonyme, et en plus, a la prétention d'être dans la lignée de SHINING. La voiture dans les montagnes au générique, les flash-back presque anachroniques, etc... C'est un très mauvais choix, en plus d'être d'une prétention abominable, sur le plan scénaristique. Pourquoi ne pas avoir désamorcé tout le suspense d'entrée de jeu dans ce cas ? Tant qu'à faire... Donc, le film est ennuyeux, anonyme au possible, avec des passages à la Kubrick (du pauvre). Le dossier est déjà bien lourd. Mais en plus, l'imbécile nous montre, in fine, qu'en fait, s'il voulait, il pourrait parfaitement bien mettre en scène. Et là, c'est carrément antipathique.
Deux remarques. La première est pour vous, chers lecteurs. Plutôt que d'aller donner de l'argent à ce film, allez plutôt revoir THE RELIC de Peter Hyams qui est un chouette film de série, et qui fonctionne sur un joli principe abstrait : la photographie, tout au long des 90 minutes du film devient de plus en plus sombre, et le film se termine quasiment dans le noir. Très belle idée. Et vous, Monsieur Polson, voyez les films de Dario Argento, Lucio Fulci et Mario Bava. Vous verrez ce qu'est un giallo, ce genre italien fabuleux (voir l'article sur UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL), qui, lui, mêle vraiment thriller et fantastique, et surtout fait quelque chose dont vous êtes, au moins pour l'instant, incapable : garder du mystère. Ça ne vous fera pas de mal.
Judicieusement Vôtre,
Dr Devo.
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