BON CHIC MAUVAIS GENRE #115: spéciael Burton & Batman
BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée mensuelle double-programme consacré au cinéma transgressif, rare, délirant et précieux –programmée amoureusement par les projectionnistes du cinéma Majestic de Lille- revient ce vendredi 3 février.
Et nous allons lors de cette soirée rendre hommage à un des genres cinématographiques considérés comme le plus ringard, le plus fauché et peut-être aussi le plus méprisé : le film de super-héros…
…enfin ça, c’était le cas avant la fin des années 80 ! Aujourd’hui nous rendons hommage à celui qui a redonné sa majesté aux héros masqués, le grand Tim Burton, à travers ces deux créations autour du personnage de BATMAN.
A 18h00, nous commencerons avec le doux-dingue BATMAN où notre super-héros devra faire ça au célébrissime Joker, ici incarné par Jack Nicholson. Un film drôle, beau et assez délirant qui est un plaisir sincère pour les petits et les grands. [C’est vrai que, pour une fois, vous pouvez amener vos neveux ou vos nièces ou vos enfants à BCMG ! C’est assez rare pour être souligné !]
A 20h15, on enclenche la 5éme. On décolle pour la mise en orbite. On rejoint la félicité et les hautes sphères. En effet, nous enchaînerons sur le BATMAN LE DEFI qui malgré son titre français un peu cruche, est une splendeur galactique. C’est toujours drôle au moins ?
Alors, oui, c’est drôle. Mais, encore plus que le premier opus, c’est sublimissime. D’une beauté à côté le souffle. Et vous allez être bouleversé par deux destins de déclassés, d’outsiders, à travers les personnages du Pingouin et de Catwoman. En plus les thématiques sont tellement contemporaines que l’on a l’impression que le scénario a été écrit en 2023…
Etonnnant, non ?
Alors, si vous ne connaissez pas ces films ou si vous en avait ras la casquette de Tim Burton, ou si vous ne supportez pas les films de super-héros, suivez le guide : on va vous parler de ces deux films et vous expliquez pourquoi, il faut vous faire cet immense cadeau à vous-même que de les voir au cinéma sur grand écran…
[Une bande-annonce bien kistchouille...]
18H00 : BATMAN de Tim Burton – USA– 1989 – 126 min – VOSTF – copie numérique (dcp)
Avec : Michael Keaton, Jack Nicholson, Kim Bassinger, Robert Wuhl, Pat Hingle, Billy Dee Williams, Jack Palance, Jerry Hall, Lee Wallace…
La ville de Gotham City traverse une mauvaise passe. En effet, l’insécurité règne et, les vol et les agressions sont récurrentes. La pègre et les petits malfrats pullulent. Pourtant, on dit que la nuit rode un étrange personnage, l’homme chauve-souris qui n’hésitent pas à tabasser les gangsters. Est-ce une légende urbaine ? Un journaliste et une reporter-photo (Kim Bassinger) décide de mener l’enquête …
Avant ce BATMAN, il existait un monde où les films ou séries de super-héros étaient ce qu’il y a de plus ringards. Malgré la popularité des comics auprès des américains, ils ont du mal à franchir la barre du grand écran ou alors au prix de productions fauchées, donnant aux quelques adaptations tentées des allures de téléfilms improbables ou de série Z.
Ce premier BATMAN, va complètement redistribuer les cartes. Car le film est un blockbuster richement doté contrairement à ces prédécesseurs. Et aux commandes, Tim Burton, "jeune réalisateur" inventif et populaire va s’en donner à cœur joie.
Décors luxueux, matte-paintings évocatrices, costumes, etc…, Burton plonge son BATMAN à lui dans un univers assez proche du comics classique, avec une touche appuyée d’ambiance "film noir" et années 50. En un mot, on est loin du récent (et très recommandable !) THE BATMAN de Matt Reeves qui ancre, lui, son super-héros dans un Gotham moderne et contemporain.
Voilà qui permet à Burton de donner libre court à son sens de la fantaisie. Le casting va aussi dans ce sens avec notamment une galerie de seconds rôles bien fichus remplis d’acteurs avec la gueule de l’emploi. Si le choix de Michael Keaton a fait, à l’époque, crier au scandale et se rouler par terre les fans du justicier masqué, l’acteur fait exactement comme Burton : il s’approprie le rôle à sa manière, avec beaucoup d’efficacité et un sens de la comédie remarquable. En face lui, Jack Nicholson, pourtant dans le rôle du Joker, joue avec malice et nuance, très en forme.
Des acteurs précis, une direction artistique délicieuse, un Tim Burton qui ne perd rien de son originalité en passant au blockbuster : BATMAN est bien un grand film populaire et joyeux qui sait ménager son sens de la dérision et de la répartie. Plus étonnant, Burton arrive à glisser quelques clins d’œil à (l’excellentissime et absurdissime) série télévisée des années 60, sans jamais verser dans la parodie ou la potacherie, arrivant même par endroits à signer quelques morceaux de bravoure tout à fait gouleyants (ex : la superbe scène du musée). Le film se revoit donc avec une joie et un plaisir intacts, même plus de 30 après !
20H15 : BATMAN LE DEFI (Batman Returns) de Tim Burton, – USA– 1992 – 126 min – VOSTF – copie numérique (dcp)
Avec: Michael Keaton, Michelle Pfeiffer, Danny DeVito, Christopher Walken, Michael Gough,, Pat Hingle, Vincent Schiavelli, Paul Rubbens, Diane Salinger…
Noël approche à Gotham City… Mais dans l’ombre des choses bien plus sombres se préparent…
Max Schreck (C. Walken), milliardaire et chef d’entreprise rusé, voudrait vendre à la ville (qui n’en a absolument pas besoin !), son projet de super centrale électrique. Dans les égouts, une étrange créature, mi-homme mi- pingouin, attend son heure et observe de loin la ville d’un œil revanchard. Quand une bande de gangsters circassiens se met à semer la terreur dans la ville, Batman reprend du service…
Et au milieu de tout ça, il y a Selina Kyle, jeune femme discrète et solitaire, simple secrétaire de Max Schreck. Mais à la suite à un "accident ", sa vie va changer du tout au tout. Batman va avoir plus d’un monstre à combattre…
Ha, ça faisait un moment qu’on voulait vous passer BATMAN LE DEFI (dont on préférera le titre original bien plus ambigu : BATMAN RETURNS) et enfin c’est possible !
La première chose à dire sur ce film, c’est que si Burton en dirigeant le premier BATMAN avait su garder toute son inventivité et sa fraîcheur, malgré le statut de gros blockbuster du film, on le sent ici bien plus à l’aise et encore plus passionné face à un scénario, il faut bien le dire tout à fait remarquable.
Si on garde pour Gotham City un look plutôt proche de l’univers des comics, l’esprit fantasque du premier opus a disparu au profit d’un traitement scénaristique et esthétique beaucoup plus sombre et surtout beaucoup plus dense. La photographie, absolument extraordinaire, privilégie les couleurs noires et gris-cendres donnant presque au film un aspect noir et blanc, très nuancé. BATMAN RETURNS est un film crépusculaire et même sépulcrale. Il faut dire que la société décrite ici est des plus terribles : désenchantement économique, rejet total de la différence quel qu’elle soit, polarisation des extrêmes sociales, monopole des milliardaires, violences symboliques et sociales, magouilles gigantesques des puissants, propagande honteuse des élites, etc. Il ne fait pas bon vivre dans ce Gotham qui ressemble, 30 ans après, à notre société actuelle !
Ces idées sont magistralement illustrées à travers les personnages du Pingouin (DannyDeVito, excellent acteur, est peut-être ici dans le rôle de sa vie) et de Catwoman/Selina Kyle (Michelle Pfeiffer impériale, toute en force et en émotion), soit un personnage surclassé et une femme d’en-bas en révolte à qui on fera payer tous deux, au prix fort, les velléités d’émancipation ou de reconnaissance. Ces deux personnages cabossés, voir même détruits, avant que l’action ne commence, donne une aura déchirante au film. Il y aura aussi une histoire d’amour bouleversante qui finira d’emporter les émotions du spectateur. Même si le film garde un humour certain, quoique corrosif, c’est cette connotation bouleversante qui donne au film son image d’opéra grave et lyrique.
Tout va dans ce sens. Les décors, sublimes, sont mis en scène de manière magnifique, avec un grand travail sur les cadres et le montage. Tous les astres s’alignent, tout est réussi et beau. Que l’on soit sensible au film de super-héros ou pas du tout.
[Un apparté pour signaler la présence d’un Christopher Walken au top, glaçant et drôle dans son rôle de milliardaire machiavélique, et qui visiblement ici s’en donne à cœur joie.]
En mot, tout simplement, BATMAN LE DEFI est un véritable chef-d’œuvre, une vraie leçon, et tout bêtement un de 3 ou 4 meilleurs films de Tim Burton. Nous avons bien de la chance de pouvoir le redécouvrir sur grand écran.
Dr Devo.
Dress-code de la soirée (2 dvd à gagner pour le meilleur déguisement !): tout ce qui a rapport avec les super-héros ou les supers vilains (cosplay autorisé !), policier, gangster, mafieux, secrétaire, majordome, pingouin, clown, circassien, peintre, chat, Bernard Arnault ou spectateur du Majestic. Les prix pour le concours de déguisement sont donnés au début de la deuxième séance !
Réservations possibles dés le mardi 31 janvier à la caisse du Cinéma Majestic à Lille ou sur le site ugc.fr. Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le magazine Distorsion et les projectionnistes du cinéma Majestic. Tarifs: 14 euros les deux films (réservations pour ce tarif uniquement en caisse du Majestic) / 1 film aux tarifs habituels.
Les cartes UGC illimitées fonctionnent pour les deux films !
Invitez vos amis via la page-évenement facebook de la soirée: cliquez ici !
Retrouvez BON CHIC MAUVAIS GENRE sur Twitter !
Prochain BON CHIC MAUVAIS GENRE: le vendredi 10 mars 2023.