BON CHIC MAUVAIS GENRE #73: Franco Fait Carrière (spécial Jess Franco)

Publié le par Pete Pendulum

[affiche réalisée par Lammakian Samsenesena.]

[affiche réalisée par Lammakian Samsenesena.]

BON CHIC MAUVAIS GENRE, votre soirée double programme consacré au cinéma transgressif, délirant, rare et précieux – programmée par les projectionnistes du cinéma Le Majestic de Lille en partenariat avec les sites Matière-Focale.com et Scopophilia.fr – vous invite à rencontrer l’ensorcelante Miss Muerte, fantasme de la poupée vivante et meurtrière d’un érotisme envoûtant et Al Pereira, privé débonnaire et séducteur dans deux fleurons de l’âge d’or du cinéma bis européen signés Jesus Franco et Jean-Claude Carrière. Oui, vous ne rêvez pas deux films de Jess franco, et en copies numériques restaurées, s'il vous plaît !

 

[Note du Dr Devo: Et oui, DANS LES GRIFFES SU MANIAQUE est aussi connu connu sous les titres MISS MUERTE ou encore LE DIABOLIQUE DR. Z ! Ici, c'est un petit teaser anglais de bon aloi !]

9H30 :DANS LES GRIFFES DU MANIAQUE a.k.a MISS MUERTE a.k.a LE DIABOLIQUE DR. Z de Jess Franco – Espagne, France – 1965 – 86 min - copie numérique restaurée (dcp).

Avec : Estella Blain, Howard Vernon, Mabel Karr, Fernando Montes, Guy Mairesse, Antonio Jiménez Escribano, Daniel White, Ana Castor, Jess Franco…

Hans Bergen, l’étrangleur, s’échappe de prison et s’éffondre devant la grille de la clinique du Dr. Zimmer. Reconnaissant le criminel, Zimmer le soumet à sa dernière invention, un procédé qui élimine toute volonté de faire le mal mais a pour effet secondaire de transformer le sujet en esclave docile. Evitant soigneusement de préciser cet effet secondaire, Zimmer présente son invention devant une assemblée de ses pairs. Mais ces derniers ne partagent pas son enthousiasme et crient au scandale déontologique et s’acharnent à briser le Dr. Zimmer qui meurt d’une crise cardiaque. Sa fille, la belle et brillante Irma Zimmer, se met en devoir de venger sa mort et utilise son invention pour transformer une danseuse de cabaret, la vénéneuse Miss Muerte, en machine à tuer aux ongles empoisonnés…

 

MISS MUERTE est le fruit d’une rencontre entre Jess Franco et Jean-Claude Carrière, alors que ce dernier venait d’écrire LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE pour Luis Buñuel, ce sont d’ailleurs les producteurs du film, Serge Silberman et Michel Safra qui les présentent l’un à l’autre. Leur bonne entente se transforme vite en collaboration professionnelle qui débouchera sur l’une des plus belles réussites de l’espagnol fou. LE DIABOLIQUE DR. Z distille une atmosphère fantastique, due en partie à la photographie exemplaire d’Alejandro Ulloa (IL MERCENARIO, TERREUR DANS LE SHANGHAÏ EXPRESS) mais surtout à la science du cadre d’un Jess Franco, tout juste sorti de son travail sur le FALSTAFF d’Orson Welles, qui orchestre ce thriller aux accents pulp avec maestria. Avec un sens du suspens tout hitchcockien, le réalisateur maintient une tension de tous les instants et ne nous laisse jamais indifférent vis-à-vis de la croisade d’Irma Zimmer. Le film se distingue par une impression persistante d’ambiguïté morale chez tous les personnages. Si les petits soucis éthiques du Dr. Zimmer et la folie meurtrière de sa fille en font immédiatement des figures négatives ils n’en demeurent pas moins le point d’ancrage émotionnel le plus sûr du spectateur, en comparaison des médecins du conseil, chiens de garde arrogants et pompeux sur le sort desquels on ne s’apitoie guère. Le caractère pathétique de la trajectoire des Zimmer père et fille nous les rend infiniment plus sympathique que tous les autres personnages du film et en cela, ils sont les dignes successeurs du Dr. Orlof né sous la caméra de Franco en 1961.

 

Par bien des aspects, MISS MUERTE creuse encore plus franchement les thématiques que Franco avait déployées dans L’HORRIBLE DR. ORLOF et LES MAÎTRESSES DU DR. JEKYLL (1964) et se montre visuellement plus ambitieux. On retiendra surtout son érotisme sophistiqué, éclatant lors du spectacle de Nadia, alias Miss Muerte, numéro de cabaret annonçant ceux de SUCCUBUS (1967) et VAMPYROS LESBOS (1970), à base de danse lascive et de mannequins vivants, ou sa violence chirurgicale beaucoup plus audacieuse que celle des précédents films d’épouvante de Franco. L’audace vient aussi du fait que Franco cette fois inverse les genres, faisant de son instrument de mort une femme fatale (dont le juste-au-corps arachnéen marquera les esprits et les libidos pour longtemps), infiniment plus attirante que Morpho l’assistant aveugle et défiguré d’Orlof. Chaînon manquant entre le gothique de L’HORRIBLE DR. ORLOF et l’épure psychédélique de SHE KILLED IN ECSTASY (1970), MISS MUERTE, s’avère être un grand film noir, flirtant par moment avec un surréalisme que souligne le score composé par Daniel White mariant trompettes jazzy et clavecins baroques. Visiblement satisfait de ce premier essai, Franco et Carrière remettent le couvert immédiatement avec CARTE SUR TABLE, parodie d’espionnage à la OSS 117 mâtiné de science-fiction, avec Eddie Constantine.

 

 

[NdDrD: une bande-annonce française dix fois trop longue et surtout qui n'est pas dans le format original mais bon...]

21H30 : CARTES SUR TABLE a.k.a ATTACK OF THE ROBOTS de Jess Franco – Espagne, France – 1966 – 89 min -copie numérique restaurée (dcp).

Avec : Eddie Constantine, Françoise Brion, Fernando Rey, Sophie Hardy, Ricardo Palacios…

Plusieurs meurtres de personnalités internationales sont perpétrés par des individus mystérieux. Interpol découvre que des terroristes ont trouvé un procédé scientifique permettant de transformer en assassins les personnes qui appartiennent à un groupe sanguin très rare, le « rhésus 0 ». Al Pereira, un agent secret possédant le « rhésus 0 », est envoyé comme appât dans la région d’Alicante, où semble siéger cette organisation criminelle.

Grand admirateur de Godard et de son ALPHAVILLE, Franco voit dans le projet CARTES SUR TABLE un moyen de combiner le célèbre Lemmy Caution et l’un de ses personnages fétiches, le détective Al Pereira. C’est donc avec la même volonté de transcender les genres de la science-fiction et du film noir qu’il élabore avec Jean-Claude Carrière cette histoire de conspiration diabolique. Comme dans DANS LES GRIFFES DU MANIAQUE, CARTES SUR TABLE opère une combinaison de deux des thématiques les plus chères à Franco : le meurtre par procuration et un certain érotisme gaillard loin de l’élégance de ses autres efforts. Mais la rencontre a cette fois plus des allures de chassé-croisé et c’est l’humour, au demeurant très efficace, qui finit par s’imposer. Si les interprétations d’Eddie Constantine dans le rôle de l’agent spécial, de Fernando Rey dans celui de sa Némésis et de Françoise Brillon en veuve noire sont tout à fait convaincantes, on ne peut pas en dire autant du plan des méchants à base de lavage de cerveaux et d’assassins contrôlés à distance (Orlof/Zimmer style). En plus de parodier un genre, Franco s’auto-parodie et à défaut de faire sens, la démarche fait rire.

Entre jeux de mots et slapstick, l’enthousiasme de Franco et Carrière dans l’entreprise est réjouissant et une fois de plus la cinéphilie de Franco s’exprime à chaque instant. On notera que si, au début de DANS LES GRIFFES DU MANIAQUE, un gardien de prison dénommé Bresson signalait par téléphone qu’un condamné à mort s’était échappé, c’est ici la voix de Franco lui-même dans des hauts parleurs qui annonce la sortie d’un grand film de Jean-Luc Godard avec Eddie Constantine et Anna Karina lors de l’arrivée d’Al Pereira à Alicante. La caricature de l’espion suave qu’une fille attend dans chaque port fonctionne à merveille mais révèle surtout la versatilité d’un personnage que Franco convoquera de nombreuses fois par la suite le transformant peu à peu en macho dépressif et alcoolique (de LA MAISON DU VICE/LES ÉBRANLÉES où il est incarné par Howard Vernon jusqu’à AL PEREIRA VS THE ALIGATOR LADIES avec Antonio Mayans), loin du flamboyant séducteur des débuts. Fantaisiste et entrainant, CARTES SUR TABLE bénéficie de décors pop mis en valeur par la photographie magnifique d’Antonio Macasoli et de la musique de Paul Misraki (ALPHAVILLE, ET DIEU CRÉA LA FEMME…) qui apporte un certain cachet à cette variation du genre « euro-spy » en vogue dans les années 60 et qui n’a rien à envier à ses contemporains.

 

Pete Pendulum

 

Dress-code de la soirée (1 dvd  et une bande-originale de film à gagner pour le meilleur déguisement !): tout ce qui a rapport à l'univers policier, tout ce qui a rapport à l'Espagne , tout ce qui a rapport à la folie et au meurtre, scientifique, savant fou, stylo magique, femme fatale, strip-teaseur (-euse), espion, Mireille Mathieu  ou spectateur du Majestic. Les prix pour le concours de déguisement sont donnés au début de la deuxième séance !

Réservations possibles dés maintenant à la caisse du Cinéma Le Majestic. Soirée proposée par le site Matière Focale.com, le site scopohilia.fr, le magazine Distorsion et les projectionnistes du cinéma Majestic. Tarifs: 13 euros les deux films / 1 film aux tarifs habituels.

Les cartes UGC illimitées fonctionnent pour les deux films !

Invitez vos amis via la page-évenement facebook de la soirée: cliquez ici !

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